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Liban - L’éclairage

Comment Kassem a détruit la candidature « consensuelle » du général Aoun...

Il y a deux semaines, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, imposait le diktat suivant à l'ensemble du pays, et plus particulièrement au 14 Mars : « Michel Aoun ou le vide présidentiel ». Dimanche, le responsable chiite est revenu à la charge, accusant le 14 Mars de torpiller l'élection présidentielle et de paralyser la vie politique. Il a même été jusqu'à proposer que le Nobel du blocage soit attribué à la coalition souverainiste. Cette nouvelle attaque de Naïm Kassem a en fait été déclenchée par les nombreuses réactions du 14 Mars à l'équation « Aoun ou rien ». Le secrétaire général adjoint du Hezbollah s'est ainsi vu affubler par ses détracteurs du titre pas très glorieux de « Goebbels du Hezbollah ».
Les milieux du 14 Mars n'ont pas caché leur étonnement face à l'équation présidentielle formulée par Naïm Kassem, dans la mesure où cette formule dessert la candidature du chef du Courant patriotique libre. Le général Michel Aoun a en effet bâti sa campagne électorale sur le fait qu'il était un candidat consensuel à même de réunir toutes les parties autour de sa personne. Or la déclaration du cheikh Kassem fait du général Aoun le candidat de l'Iran et du front de la moumana'a, lui ôtant son caractère consensuel. Quant à l'accusation portée au 14 Mars de paralyser la vie politique locale, des sources de cette coalition estiment qu'elle est nulle et non avenue, puisqu'elle émane... des boycotteurs en chef à tous les niveaux. Un député des Forces libanaises n'y va d'ailleurs pas par quatre chemins, appelant le responsable chiite à ne pas prendre les Libanais pour des imbéciles.
La réponse la plus virulente au diktat de Naïm Kassem a sans conteste été celle du ministre de la Justice, Achraf Rifi, qui a rétorqué en opposant un veto catégorique à la candidature du général Aoun et à la nomination du général Chamel Roukoz au poste de commandant en chef de l'armée, avant l'élection d'un nouveau président de la République. Le message d'Achraf Rifi a été on ne peut plus clair, mettant fin à tous les espoirs entretenus par la base aouniste concernant les non-dits de Saad Hariri relatifs à la candidature de Michel Aoun, et un éventuel changement qui conduirait Riyad à apporter son soutien à ce dernier.
Plus révélatrice encore, l'attitude du président de la Chambre, Nabih Berry, face à la formule du cheikh Kassem au sujet du général Aoun. Dans son cercle privé, M. Berry aurait ainsi rappelé la célèbre phrase de l'émissaire américain Richard Murphy à son retour de Damas en 1988, « Mikhaël Daher ou le chaos », un diktat qui avait suscité à l'époque une véritable levée de boucliers contre lui dans le camp chrétien.
Des sources du 14 Mars se demandent, dans ce cadre, comment le chef du CPL peut accepter un tel diktat iranien aujourd'hui, même s'il en est le bénéficiaire, lui qui avait été le plus farouche dans son opposition à l'accord Murphy-Assad de 1989. Selon ces sources, il ne faut plus rechercher la cohérence dans les prises de position du général Aoun, qui n'est plus que le candidat du camp syro-iranien, un camp qui essuie revers après revers dans la région, aussi bien en Syrie qu'au Yémen, en passant par l'Irak... Sans oublier le Liban, où la « résistance » a perdu le soutien populaire transcommunautaire dont elle disposait autrefois, et n'est plus qu'une faction chiite armée au service de la Brigade al-Qods de Qassem Suleimani. Face à cette série de déroutes du projet iranien dans la région, comment le 14 Mars pourrait-il songer un instant à soutenir la candidature du chef du CPL, s'interrogent ainsi des sources responsables au sein du 14 Mars. Les temps sont au consensus et à un candidat qui répondrait véritablement à un profil rassembleur et unificateur.
Selon un récent visiteur du président de la Chambre à Aïn el-Tiné, Nabih Berry estime que certaines prises de position n'aident pas à l'élection d'un président de la République dans les plus brefs délais, et qu'aucun exploit ne pointe à l'horizon à ce niveau. M. Berry mise sur l'ouverture de Riyad sur Téhéran et sur les retombées positives d'un dialogue irano-saoudien sur la scène libanaise.
En fait, la déclaration de Naïm Kassem sonne surtout le glas de la candidature des chefs politiques maronites. Place au « plan B » maintenant, celui de l'élection d'un candidat consensuel, dans le cadre d'une dynamique globale dont le coup d'envoi sera la signature de l'accord entre la communauté internationale et l'Iran sur le nucléaire, à la fin du mois.

Il y a deux semaines, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, imposait le diktat suivant à l'ensemble du pays, et plus particulièrement au 14 Mars : « Michel Aoun ou le vide présidentiel ». Dimanche, le responsable chiite est revenu à la charge, accusant le 14 Mars de torpiller l'élection présidentielle et de paralyser la vie politique. Il a même été jusqu'à...

commentaires (2)

IL LUI A PORTÉ LE COUP DE GRACE ! N'ÉTAIT-CE PAS VOULU ?

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 59, le 17 juin 2015

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Commentaires (2)

  • IL LUI A PORTÉ LE COUP DE GRACE ! N'ÉTAIT-CE PAS VOULU ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 59, le 17 juin 2015

  • Ou, comment prendre des vessies pour des lanternes.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 39, le 17 juin 2015

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