La polémique s'envenime entre le Hezbollah et le Futur

La polémique qui oppose le Hezbollah au Courant du Futur, pourtant engagés dans un processus de dialogue, a pris une toute autre dimension ce week end, Ersal, la localité sunnite frontalière de la Syrie dans la Békaa, constituant le nouveau point de discorde entre les deux parties.

Le ministre libanais de l'Intérieur Nouhad Machnouk a ainsi déclaré dimanche, dans un entretien accordé au quotidien al-Mustaqbal, que "la libération de Ersal ne s'effectue pas par le biais d'une offensive sectaire, mais relève de la responsabilité de l’État, de l'armée libanaise et des forces de sécurité légales". Il répondait ainsi au secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, qui avait exprimé samedi "la détermination" du parti chiite à "affronter la menace takfiriste dans le jurd de Ersal afin de libérer la localité".

Samedi, le président de la municipalité de Ersal, Ali Hojeiry, a estimé, dans un entretien accordé au quotidien koweïtien 'al-Anbaa', que "le Hezbollah et les jihadistes du groupe État islamique voulaient enflammer" la ville. Jeudi, le leader du Courant du Futur, Saad Hariri, avait affirmé que Ersal n'est pas "un bouc émissaire qui ferait les frais de la fronde du Hezbollah contre le consensus national".

Ersal et ses alentours ont été le théâtre d'affrontements sanglants en août 2014 entre l'armée libanaise et les jihadistes venus majoritairement de Syrie. Depuis, plusieurs accrochages ont lieu entre les deux parties. A l'ombre des combats dans le Qalamoun syrien entre le Hezbollah et les jihadistes, de nombreux observateurs craignent de voir les extrémistes syriens se réfugier dans la ville sunnite.

(Diaporama : Images du Qalamoun, théâtre de combats entre le Hezbollah et les jihadistes)

La polémique sur Ersal fait suite au violent échange entre le ministre de la Justice Achraf Rifi et le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, qui s'était déchaîné contre le général Rifi et le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, jeudi, au cours d'une émission télévisée. "Le ministre de la Justice a instauré son mini-État à Tripoli. Il est le dernier à pouvoir parler de mini-États. Quant à Ahmad Hariri, son compte viendra après, car il occupe un rang plus élevé", avait déclaré M. Raad. Samedi, le ministre Rifi a répondu de manière cinglante au député hezbollahi :  "Ahmad Hariri et moi appartenons à l'école de Rafic Hariri. Quant à vous, vous connaissez très bien la série de crimes commis par votre parti". "Raad et d'autres peuvent hurler ou menacer, nous n'accepterons pas de mini-Etats", a conclu M. Rifi.

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