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Moyen Orient et Monde - Galaxie jihadiste

Les shebab relégués en seconde division, derrière l’EI et Boko Haram

Défaits militairement, les islamistes somaliens shebab sont désormais éclipsés dans le cœur des jihadistes internationaux par le tout-puissant État islamique (EI), à la propagande mieux rodée. Mohammad Abdiwahab/AFP

Défaits militairement, les islamistes somaliens shebab sont désormais éclipsés dans le cœur des jihadistes internationaux par le tout-puissant État islamique (EI), à la propagande mieux rodée.
Signe de l'ascendant croissant qu'exerce l'EI, Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, mouvement très virulent et qui tient des pans entiers de territoires dans le nord-est du Nigeria, a annoncé samedi avoir fait « allégeance » au mouvement implanté en Irak et en Syrie. « L'EI fait vraiment de l'ombre aux shebab », résume Ken Menkhaus, expert de la Somalie au Davidson College de Caroline du Nord, aux États-Unis. Il y a quelques années, alors que les shebab étaient maîtres de l'essentiel du centre et du sud du pays, et avaient fait allégeance à el-Qaëda, la Somalie apparaissait encore comme une terre du jihad, en particulier pour la diaspora somalienne et les islamistes des pays voisins. En comparaison à l'afflux massif de volontaires étrangers dans les rangs de l'EI, peu nombreux en revanche sont les jihadistes occidentaux qui s'y sont aventurés : la Corne de l'Afrique est un théâtre difficile d'accès, un terrain naturellement très hostile, avec une myriade de clans rivaux et où les populations locales, y compris les islamistes, ne voient pas forcément d'un bon œil la présence de combattants étrangers.
Pourtant, selon Londres, Mohammad Emwazi, présenté comme le bourreau britannique de l'EI et surnommé « Jihadi John », a essayé de rejoindre la Somalie via la Tanzanie en août 2009. Michael Adebolajo, jeune Nigérian condamné à perpétuité pour avoir poignardé et tenté de décapiter un soldat britannique en plein centre de Londres en 2013, est lui aussi soupçonné d'avoir tenté de rejoindre les shebab, via le Kenya, en novembre 2010.
Mais, ces derniers ont perdu de leur lustre, même parmi la diaspora somalienne qui a longtemps gonflé ses rangs. « Les Somaliens de la diaspora vont en Irak et en Syrie », explique Matt Bryden, spécialiste de la Somalie et directeur de Sahan Research à Nairobi. L'an dernier, le fils d'un candidat à la présidentielle au Somaliland, région autoproclamée indépendante de la Somalie, Sayid Hussein Feisal Ali, né en Finlande, a ainsi rejoint l'EI en Syrie.

Vers une allégeance des shebab à l'EI ?
Aussi, les shebab ont tenté récemment de reprendre la main sur le terrain médiatique, dans deux vidéos relatant deux attaques spectaculaires du groupe au Kenya : l'attaque du centre commercial Westgate de Nairobi, qui a fait au moins 67 morts en septembre 2013, et celles perpétrées sur la côte kényane à l'été 2014, dans lesquelles une centaine de personnes avaient été froidement exécutées. À la différence de la première, la seconde contient des images tournées par les assaillants eux-mêmes, montrant notamment des exécutions de sang-froid. Mais longues et peu rythmées, ces vidéos n'ont pas l'efficacité médiatique de celles de l'EI et elles ont surtout montré que les shebab ont désormais une visibilité essentiellement régionale. « Je n'ai pas été très impressionné », lâche M. Menkhaus. Les shebab exercent toujours une forte attraction dans la région, mais non à l'international, poursuit-il, mettant cependant en garde contre la capacité de rebond du groupe dont il a déjà su faire preuve dans le passé.
Il n'est pas exclu que le groupe somalien, affilié à el-Qaëda depuis 2012, décide un jour de se tourner vers l'EI. « Les shebab ont renouvelé leur allégeance à el-Qaëda, mais se sont jusqu'ici gardés de critiquer l'EI, note Matt Bryden. Une partie des shebab cherche certainement à s'aligner sur l'EI. »
Dès lors, la probabilité d'un ralliement des shebab à l'EI s'est renforcée avec la mort en septembre, dans une frappe américaine, du chef des islamistes somaliens, Ahmad Abdi Godane, très proche d'el-Qaëda. Son successeur Ahmad Umar reste loyal à la nébuleuse fondée par Oussama Ben Laden. Mais, expliquent les experts, d'autres figures-clés du mouvement, parmi lesquelles le très puissant chef de ses services de renseignements (l'Amniyat), Mahad Karate, militent pour un rapprochement avec l'EI.

Tristan McCONNELL/AFP

Défaits militairement, les islamistes somaliens shebab sont désormais éclipsés dans le cœur des jihadistes internationaux par le tout-puissant État islamique (EI), à la propagande mieux rodée.Signe de l'ascendant croissant qu'exerce l'EI, Abubakar Shekau, chef de Boko Haram, mouvement très virulent et qui tient des pans entiers de territoires dans le nord-est du Nigeria, a annoncé...

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