L'ancien chef des services de renseignement syriens au Liban, Rustom Ghazalé, a amassé sur une période de douze ans plus de 10 millions de dollars, grâce à des versements qui lui parvenaient mensuellement de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. C'est ce qui ressort du témoignage livré mercredi par Abdellatif Chammaa, un ami personnel de l'ancien Premier ministre, qui s'exprimait pour le deuxième pour consécutif devant le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) chargé de juger les assassins de M. Hariri.
Le témoin, qui a affirmé "révéler ces détails pour la première fois", a expliqué que l'ancien chef des services de renseignement syriens sollicitait explicitement et sans ambages des sommes précises de Rafic Hariri. "Au début, en 1993, il avait demandé un montant mensuel de 40 000 dollars. Moins d'un an plus tard, il a relevé le plafond et exigé la somme de 67 000 dollars par mois", atteste le témoin.
L'argent, placé dans des enveloppes sans aucune inscription, devait être remis régulièrement à l'officier, d'abord à son bureau à Beyrouth, ensuite à Anjar. M. Ghazalé, qui exigeait par ailleurs "d'autres montants" en dehors des paiements mensuels, justifiait ces requêtes supplémentaires en invoquant la nécessité de rénover son appartement, d'acheter une voiture... Les deux plus gros montants exigés ont été de 250 000 dollars et de 150 000 dollars, a encore précisé M. Chamaa.
Le témoin affirme que Rafic Hariri payait ces sommes sans sourciller "pour préserver la relation avec M. Ghazalé" et "pour le satisfaire".
Avant M. Chamaa, l'ancien député Salim Diab avait témoigné, précédé par l'ancien député Ghattas Khoury. Le premier responsable politique libanais à apporter son témoignage était l'ancien ministre Marwan Hamadé.
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