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À La Une - Proche-Orient

Les sanctions d'Israël laissent les fonctionnaires palestiniens sans le sou

"J'ai donné à ma fille tout ce que j'avais avec moi, je ne sais pas comment je vais faire demain"

Des Palestiniens font la queue, le mardi 20 janvier 2015, pour obtenir la permission de passer le point de passage de Rafah, seule voie d'accès à la bande de Gaza non contrôlée par Israël, rouvert ce jour-là pour trois jours par l'Egypte. AFP PHOTO/ SAID KHATIB

Abdelhakim Abou Jamous a tout fait pour garder quelques shekels en poche aussi longtemps que possible mais ce matin, il a donné le dernier à sa fille. Comme des dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens, il n'est plus payé depuis qu'Israël retient l'argent dû à l'Autorité palestinienne.
Comment va-t-il subvenir aux besoins des huit membres de sa famille, se demande ce directeur d'école de Ramallah en Cisjordanie occupée. "J'ai donné à ma fille tout ce que j'avais avec moi, je ne sais pas comment je vais faire demain".

Début janvier, les Palestiniens ont demandé à adhérer à la Cour pénale internationale pour poursuivre les dirigeants israéliens pour les "crimes de guerre" dont ils les accusent. Israël, en représailles, a gelé le versement de 100 millions d'euros (environ 500 millions de shekels) de taxes collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne.

En signant en 1994 le protocole économique de Paris, Israël s'est engagé à reverser chaque mois aux Palestiniens les taxes douanières et la TVA prélevées sur les marchandises leur étant destinées et transitant par Israël. A chaque fois qu'ils ont voulu riposter à une initiative palestinienne, les gouvernements israéliens successifs ont, malgré leurs engagements, frappé l'Autorité au portefeuille.
Cela avait duré six mois en 2006 quand le Hamas islamiste avait remporté les législatives. Israël a réitéré plusieurs fois depuis. Il a toujours fini par reverser l'argent au plus tard sous deux mois.

"Un vrai drame"
A chaque fois, l'Autorité se retrouve privée de plus des deux tiers de ses recettes budgétaires propres. Et elle ne peut plus payer les salaires de ses près de 180 000 fonctionnaires, qui lui coûtent chaque mois près de 170 millions d'euros en Cisjordanie et à Gaza.
"On sait bien qu'Israël a gelé l'argent pour des raisons politiques pour faire pression sur l'Autorité, mais en tant que fonctionnaires, il nous faut rapidement une solution", martèle M. Abou Jamous.

Dalal Yassine, elle, travaille à la télévision officielle. Elle ne touche plus son salaire non plus. Elle se reconnaît plus de chance que les autres parce que son mari "travaille dans le secteur privé. Mais je vois mes collègues qui n'arrivent pas à payer leurs traites mensuelles et vivent un vrai drame".

Le gouvernement palestinien dit avoir commencé à payer 60% des salaires de décembre grâce à des emprunts, l'aide de pays arabes et en puisant dans ses réserves.
Ce pis-aller permettra d'effacer quelques ardoises, espère Yasser Moussa, commerçant à Ramallah. "Tous les mois nous faisons crédit à des clients. Mais, cette fois, les salaires n'ont pas été versés alors même qu'une tempête s'abattait sur la région et nous avons dû vendre de nombreux produits à crédit", dit-il à l'AFP. Avec la vague de froid, de nombreux Palestiniens se sont rués sur le matériel de chauffage. 

(Lire aussi : Ce Bibi que l'on adore haïr, le point de Christian Merville)

 

L'hiver à crédit
Devant le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, les ministres arabes des Affaires étrangères ont une nouvelle fois promis à l'Autorité un "filet de sécurité" de 100 millions de dollars par mois, un engagement régulièrement pris et rarement tenu. Cette aide serait pourtant précieuse, note l'économiste Nasser Abdelkarim.

"Depuis la deuxième Intifada (2000-2005), l'économie a connu un important repli dans les Territoires palestiniens", notamment parce que "140 000 Palestiniens travaillant en Israël ont perdu leur emploi", souligne l'expert. Pour tenter de contrer la hausse du chômage, le secteur public a grossi ses rangs, explique-t-il, alourdissant un peu plus ses dépenses salariales.

Même si Israël reprend ses versements, l'Autorité n'en a pas fini avec les problèmes. Depuis que le Hamas a chassé l'Autorité du pouvoir à Gaza en 2007, le mouvement islamiste a mis en place sa propre administration en engageant 50 000 nouveaux fonctionnaires.
Sous l'effet conjugué du blocus imposé à Gaza et des divisions intestines palestiniennes, les fonctionnaires du Hamas ne perçoivent plus de salaires depuis huit mois. Ceux de l'Autorité ont continué à être payés sans travailler. Les tensions vont grandissant. Les fonctionnaires du Hamas multiplient les coups d'éclat, occupant régulièrement le siège du gouvernement à Gaza ou appelant à la grève.

 

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Abdelhakim Abou Jamous a tout fait pour garder quelques shekels en poche aussi longtemps que possible mais ce matin, il a donné le dernier à sa fille. Comme des dizaines de milliers de fonctionnaires palestiniens, il n'est plus payé depuis qu'Israël retient l'argent dû à l'Autorité palestinienne.Comment va-t-il subvenir aux besoins des huit membres de sa famille, se demande ce directeur...

commentaires (1)

180.000 FONCTIONNAIRES???? Y compris ceux qui sont dans les prisons Israeliennes pour attentats? Faudrait mieux gerer tout ca...

IMB a SPO

20 h 11, le 22 janvier 2015

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Commentaires (1)

  • 180.000 FONCTIONNAIRES???? Y compris ceux qui sont dans les prisons Israeliennes pour attentats? Faudrait mieux gerer tout ca...

    IMB a SPO

    20 h 11, le 22 janvier 2015

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