Séoul expulse une femme après des propos favorables à la Corée du Nord

Une femme américano-coréenne devrait être expulsée samedi de Corée du Sud pour avoir publiquement tenu en novembre des propos favorables au régime autoritaire de Corée du Nord.

Shin Eu-Mi a affirmée être forcée de quitter la Corée du Sud après avoir tenu des remarques considérées comme pro-Pyongyang au cours d'une conférence en novembre, propos qui tomberaient sous la coupe de la loi de sécurité nationale de Corée du Sud.

"Où que je sois, je continuerai à prier pour la paix et la réunification de la patrie", a confié Mme Shin à des journalistes après son interrogatoire par les services d'immigration à Séoul. "Ils peuvent expulser mon corps mais ils ne pourront pas expulser mon amour pour ce pays", a ajouté la femme de 54 ans.

Mme Shin s'est attirée les foudres de Séoul lorsqu'elle a déclaré que de nombreux Nord-Coréens installés en Corée du Sud étaient frustrés par leur vie et souhaitaient rentrer chez eux, espérant que le jeune leader Kim Jong-un arriverait à améliorer la vie sur place et à sortir l'Etat paria de son isolement international.
Elle a également fait l'apologie de la bière nord-coréenne, bien meilleure selon elle que son "insipide" équivalent au sud.

Les Corées du Nord et du Sud sont techniquement en état de guerre depuis un demi-siècle et les relations entre les deux voisins ont empiré avec les conservateurs au pouvoir à Séoul. La loi sud-coréenne prévoit jusqu'à sept ans de prison pour tout propos pro-Pyongyang.

Mme Shin a décrit plusieurs de ses voyages en Corée du Nord dans des articles sur internet et au sein d'un livre, qui figurait jusqu'au scandale sur une liste de lecture recommandée en 2013 par le gouvernement sud-coréen.

Les conservateurs accusent Mme Shin d'occulter la situation des droits de l'Homme en Corée du Nord et de s'être laissée duper par un mirage créé par les autorités de Pyongyang. Pour les opposants du gouvernement, la présidente Park Geun-hye, fille de l'ancien président autoritaire Park Chung-hee, mène actuellement une attaque frontale contre la liberté d'expression.