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Torture à la CIA : quand, comment, combien de détenus?

Le Sénat américain devait rendre public mardi un long rapport de 6 000 pages sur l'usage de techniques d'interrogatoires renforcées par la CIA après le 11-Septembre contre des membres suspectés d'el-Qaëda. Photo Reuters

Le Sénat américain a rendu publique mardi une version expurgée d'un rapport d'enquête parlementaire très attendu sur l'usage de techniques d'interrogatoire renforcées par la CIA après le 11-Septembre contre des membres suspectés d'el-Qaëda, assimilées à de la torture.
Le rapport, long de plus de 6 000 pages dans sa version classifiée et de 525 pages dans sa version publique, constitue le compte-rendu le plus détaillé du programme secret, bien que de nombreux éléments étaient connus du grand public auparavant.

 

Les dates du "programme"

Le "programme de détention et d'interrogatoire de la CIA" a été autorisé secrètement par l'administration de George W. Bush en 2002, quelques mois après la signature par le président Bush d'un mémorandum autorisant la CIA à tuer, capturer et interroger des hauts responsables d'el-Qaëda dans le monde.

Dès 2002, des rumeurs apparaissent sur le recours à des mauvais traitements ou de la torture, d'abord à Bagram en Afghanistan. Des ONG et des élus s'interrogent progressivement sur le sort de plusieurs "détenus fantômes", dont le gouvernement américain ne dit rien. Enfin en 2005, la presse américaine révèle la pratique de vols secrets de la CIA pour transporter les "détenus de haute valeur" vers des "sites noirs", secrets, où même le FBI n'intervient pas. De nombreux pays, notamment européens, laissent passer les vols par leurs espaces aériens.

 

Photo AFP

En décembre 2005, le Congrès vote une loi interdisant les traitements "cruels, inhumains ou dégradants". La polémique sur la torture enfle, des enquêtes administratives sont lancées et la CIA reconnaît en 2007 avoir détruit des vidéos d'interrogatoires, provoquant un scandale.

En février 2008, le directeur de la CIA Michael Hayden admet que trois détenus ont été soumis à des simulations de noyade (waterboarding): Khaled Cheikh Mohammed (KSM), cerveau présumé des attentats du 11-Septembre, Abou Zoubeida et Abd Rahim Al-Nashiri. On apprend que KSM y a été soumis 183 fois et Abou Zoubeida 83.

En janvier 2009, le président nouvellement élu Barack Obama s'engage à respecter la convention de Genève et promet que son administration n'utilisera pas la torture lors des interrogatoires de prisonniers. Il abolit officiellement le programme d'interrogatoires.

 

 

Quelles méthodes?

Les détenus soumis à la simulation de noyade étaient attachés à une planche, et de l'eau était versée dans leur nez et bouche, parfois pendant 30 minutes et plusieurs fois par jour, provoquant des convulsions et les forçant à vomir. Cette pratique, la plus controversée, a pris fin en 2003.

Parmi les autres techniques, les prisonniers ont été frappés, jetés contre les murs, privés de sommeil pendant des périodes atteignant 7 jours et demi (180 heures), soumis à des températures glaciales et des douches froides, dénudés, obligés de se tenir dans des positions douloureuses pendant de longues périodes (à genoux et le corps en arrière, menottés...), menacés de fausses exécutions. Le détenu Abd Rahim Al-Nashiri a été menacé d'un pistolet et d'une perceuse, qui n'ont pas été employés.

Les conditions de détention, en elles-mêmes, participaient de la pression physique et psychologique appliquée sur les détenus. Dans le centre de détention identifié sous le nom de Cobalt, vraisemblablement en Afghanistan, les détenus se trouvaient isolés dans des cellules totalement noires, constamment enchaînés, avec de la très forte musique et un simple sceau. Ces techniques renforcées ont pris fin complètement en décembre 2007.

 

 

Lieu des prisons secrètes de la CIA

 Photo AFP

Les détenus dits de grande valeur ont été interrogés par la CIA dans des lieux secrets, des "sites noirs", avant d'être transférés dans la prison militaire de Guantanamo, sur l'île de Cuba, en 2006.

Un rapport parlementaire européen de 2007 accuse nommément la Pologne et la Roumanie d'avoir abrité, entre 2003 et 2005, des centres de détention secrets, respectivement à Kiejkuty, dans le nord-est de la Pologne, et à Bucarest.

Un site en Lituanie, visité par des parlementaires européens, est également soupçonné à Antaviliai, à 20 kilomètres de Vilnius. La Thaïlande, ainsi que l'Afghanistan où l'armée américaine était en guerre, auraient aussi abrité des sites. Le rapport sénatorial ne lève pas le voile sur ces pays.

 

 

Combien de détenus?

Selon le rapport du Sénat, 119 détenus ont été capturés et emprisonnés dans le cadre du programme secret de la CIA, dont 39 ont subi les techniques "renforcées".

 

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