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Liban - Environnement

Un jeune Libanais invente une machine pour trier les déchets... avec récompense à la clé

Sortie de l'imagination d'un jeune homme enthousiaste, cette machine permet de collecter les canettes, les bouteilles en verre et les objets en plastique, avec un système de tri intégré et de rétribution financière.

À l’intérieur de la machine, des rails pour acheminer les objets, identifiés par des détecteurs automatiques, vers les compartiments qui leur sont réservés.

Pour les écolos paresseux, c'est une bonne nouvelle. Pour ceux qui cherchent toujours une raison suffisante de se mettre au recyclage, ça l'est aussi. La machine imaginée et réalisée (en prototype) par le jeune Ahmad Omar permettrait aux usagers d'envoyer au recyclage, en un seul geste et sans tri préalable, les canettes, les bouteilles en verre et les objets en plastique. Tout en collectant des points pour se faire rembourser par la suite !


Comment ? Le concept est simple : la machine imaginée par Ahmad Omar comporte une seule ouverture dans laquelle il sera possible d'insérer les divers objets recyclables cités plus haut. Contrairement aux autres machines mises antérieurement sur le marché, et aux bennes à ordures à compartiments que l'on trouve dans certains pays, l'usager n'est pas obligé de placer le bon objet au bon endroit. Cette nouvelle machine est dotée de rails internes et de détecteurs qui identifient l'objet : ainsi, selon qu'il est en verre, en plastique ou en aluminium, cet objet sera redirigé vers un rail spécifique pour finir dans le conteneur consacré au type d'articles auquel il appartient. Il y a même, selon l'inventeur, un rail réservé pour d'autres objets qui se retrouveraient par inadvertance dans la machine, et qui permettrait de les évacuer sans danger pour le système.


Outre la simplicité qui plaira certainement à ceux qui redoutent les efforts supplémentaires qu'entraîne l'action de recyclage, le système mis en place par Ahmad Omar prévoit une rétribution financière liée à la collecte de recyclables. Ainsi, explique-t-il, cette machine pourra être utilisée exclusivement par les détenteurs d'une carte sur laquelle s'ajouteront des points à chaque objet collecté. Dans une étape ultérieure, l'usager pourra se faire rembourser la totalité des points sur sa carte. Une perspective de bénéfices qui, selon Ahmad Omar, pourrait encourager les plus récalcitrants à nettoyer les rues au lieu de les polluer.
Selon l'inventeur, ce double avantage de système de tri interne et de rétribution rend sa machine innovante par rapport aux systèmes similaires déjà mis sur le marché.

 

(Lire aussi : Résoudre le problème des déchets en un seul clic !)

 

Une valeur aux déchets
Pour Ahmad Omar, l'aventure a commencé comme un simple projet de diplôme pour couronner ses études de génie industriel à l'université al-Manar de Tripoli, sa ville natale qu'il habite toujours. « Je suis respectueux de l'environnement par nature, dit-il. Je ne jette pas les ordures dans la rue. Mais je n'ai jamais adhéré à un système de recyclage car le pays manque de facilités à ce niveau. »


Ce qui a commencé par un projet de diplôme peut aujourd'hui être conçu comme un projet d'une ampleur plus grande s'il est adopté et repris par les autorités ou par des entreprises comme des grandes surfaces par exemple, ou encore par des producteurs à grande échelle, espère son inventeur. Il affirme être prêt à mettre son idée à exécution si les moyens sont assurés, précisant que la machine a été testée pour une durée qui suffit à prouver son efficacité. « Le gestionnaire du projet, qu'il soit du secteur public ou privé, devra alors assurer des points de vente où les usagers pourront se faire rembourser pour leurs points », précise-t-il.
D'éventuels investisseurs, qu'il s'agisse d'institutions publiques ou privées, seraient-ils susceptibles de trouver un tel système pratique, sachant qu'il sera nécessaire de consacrer un ou plusieurs employés pour vider les conteneurs dès que nécessaire ? « L'acheteur de cette machine, même s'il s'agit d'une société, doit y voir une source de bénéfices puisque ces articles collectés seront revendus pour le recyclage », dit-il.


Ahmad précise que le prototype lui a coûté cher, étant donné que certains procédés, comme la création des programmes informatiques qui font fonctionner cette machine, sont particulièrement onéreux. Mais produire cette machine à plus grande échelle se révélera à coup sûr plus économique, souligne-t-il.
Ne faudrait-il pas être découragé par le manque de culture environnementale qu'on constate souvent au Liban, qui aurait nui à des expériences passées en matière de bennes à tri dans la rue ? « Je pense que mon projet présente des aspects révolutionnaires qui permettraient de dépasser ces obstacles, répond-il. D'une part, la rétribution financière sera un argument pour certaines personnes. La facilité d'utilisation en est un autre. Et pour la sécurité dans la rue, il faut savoir que le système se protège bien puisque même en cas d'introduction d'objets non recyclables par d'éventuels plaisantins, ceux-ci sont évacués sans affecter le fonctionnement de la machine. Enfin, celle-ci ne se met pas en mode de fonctionnement si une carte n'y est pas introduite préalablement. » Il reconnaît par ailleurs que son projet de rétribution financière contribuera à conférer une valeur à des déchets si souvent considérés comme des fléaux.


Depuis qu'il a décroché son diplôme, dans un marché de travail restreint, Ahmad Omar, le fils de Tripoli, travaille dans un domaine qui n'est pas le sien. Et, comme tant de jeunes gens de son âge, rêve d'émigration. Pourtant, dans son enthousiasme pour sa création perce une volonté d'améliorer la situation environnementale désastreuse qui empoisonne la vie dans son pays. La crise nationale de déchets qui s'annonce, avec le manque d'alternatives à la principale décharge sursaturée du pays à Naamé, n'est-elle pas le cri d'alarme pour un changement radical de comportement et de mentalité, en faveur duquel l'inventivité peut servir de catalyseur ?

 

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Pour les écolos paresseux, c'est une bonne nouvelle. Pour ceux qui cherchent toujours une raison suffisante de se mettre au recyclage, ça l'est aussi. La machine imaginée et réalisée (en prototype) par le jeune Ahmad Omar permettrait aux usagers d'envoyer au recyclage, en un seul geste et sans tri préalable, les canettes, les bouteilles en verre et les objets en plastique. Tout en...

commentaires (3)

Très belle initiative, j'espère que l'individu en question saura faire respecter ses droits sur son invention. Bonne continuation à lui!

Olivier Georges

15 h 02, le 05 décembre 2014

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Commentaires (3)

  • Très belle initiative, j'espère que l'individu en question saura faire respecter ses droits sur son invention. Bonne continuation à lui!

    Olivier Georges

    15 h 02, le 05 décembre 2014

  • MA DAKKOU BIL 7ABESS ? KAMEN MNI7 !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 08, le 05 décembre 2014

  • En effet, c'est une très bonne nouvelle, et MERCI et BRAVO à Ahmad OMAR !!! Donc, il y des jeunes qui en ont assez de voir le Liban couvert de déchets partout...partout! Pourquoi ne pas demander aussi aux responsables de la Municipalité de Tripoli d'organiser des cours dans ses locaux et dans les écoles pour enseigner aux enfants et aux adultes la propreté dans les rues et tous les lieux publics, tout en leur montrant votre machine formidable ? Et leur dire que leur Liban est un très beau pays qui mérite leur attention, qu'ils en sont responsables. Tous mes voeux de succès pour Ahmad OMAR !!! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 58, le 05 décembre 2014

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