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Agenda - Gérard AVÉDISSIAN

Jeannette Féghali, ou les multiples vies de Sabah, de Wadi Chahrour au Festival de Beiteddine... (1927-2014)

La Chahroura avec Gérard Avédissian et Wafa’ Sleiman.

« Marhabtein w Marhabtein »... et les dabbikeh se lèvent, que ce soit un enfant d'à peine un an qui se met à se dandiner, ou un vieillard qui se redresse miraculeusement et se sert de sa canne pour danser... Quel est ce mystère ?
Dès le début, elle a choisi une petite place dans nos cœurs qui n'a cessé de grandir, jusqu'à ce qu'elle se soit intégrée à notre ADN. Comme tout Libanais qui aime sa nation, nous sommes tous Sabah, malgré nous... Hayhat yabou el-zelof ! C'est ainsi que nous avons absorbé sans le savoir tout cet héritage folklorique et culturel, en chantant, dansant et en s'amusant avec elle.
Basé sur cette évidence, le spectacle Tahiyyé lil Oustoura Sabah (A Tribute to Sabah) au Festival de Beiteddine a démarré en 2011 sur une simple liste de 30 chansons éternelles, choisies parmi 3 000 très mémorables. Rares sont les artistes de par le monde qui peuvent prétendre à un répertoire aussi riche et varié. La suite, c'était un travail acharné de deux mois pour monter un spectacle qui exprime toutes les facettes de ses vies (à travers ses apparitions au cinéma et à la télévision) et son talent versatile de chanteuse dans des genres multiples. Il en émergea son aura magique et sa joie de vivre contagieuse...
Nous avions été à son hôtel pour tourner une petite interview à projeter durant la conférence de presse. Soucieuse de son état, Nora Joumblatt voulait qu'elle soit superbe, mais Sabah a fait mieux et nous a étonnés avec son intelligence, sa simplicité et son humanisme à l'égard de tous les participants à cet événement : Roueida Attieh la chanteuse, Sami Khoury le chorégraphe, Ihsan el-Mounzer le chef d'orchestre... et le soir de la première, c'est habillée dans un superbe ensemble blanc (sa couleur préférée) de Zuhair Mrad qu'elle a déclenché le délire et les zalaghit des milliers de spectateurs. Il a suffi qu'elle arrive. Encore une médaille nationale pour l'honorer pour la énième fois. Star éternelle de son vivant...
Alors que dire pour après sa disparition ? Surtout pas de tristesse pour celle qui nous a donné tant de joie. Sabah, Sabbouha, el-Oustoura ou Chahrourat el-Wadi, ou tout simplement Jano pour les intimes, elle a vécu plusieurs vies, de Wadi Chahrour au Caire, plusieurs tours du monde, puis un retour tant attendu au Liban et, à chaque fois, elle s'est réinventée pour vivre pleinement une autre période de sa vie. Toujours belle, toujours élégante, toujours radieuse... C'était un kamikaze du bonheur !
Les hommes sont venus et puis sont partis... les enfants aussi... Ce qui comptait d'abord c'était son métier, ses chansons, ses spectacles, son public de partout dans le monde.
Ce soir-là à Beiteddine, tout ce qu'elle voulait c'est qu'on la monte sur scène... peut-être une dernière fois. Mais plus maligne que nous tous, elle savait pertinemment bien qu'elle avait ancré sa place dans la légende des éternels depuis belle lurette, et que sa vraie place est dans nos cœurs et notre mémoire collective.
Alors, la prochaine fois que vous entendrez une chanson de Sabah, envoyez-lui un gros bisou là-haut pour la remercier de tant de bonheur offert...

Gérard AVÉDISSIAN

« Marhabtein w Marhabtein »... et les dabbikeh se lèvent, que ce soit un enfant d'à peine un an qui se met à se dandiner, ou un vieillard qui se redresse miraculeusement et se sert de sa canne pour danser... Quel est ce mystère ?Dès le début, elle a choisi une petite place dans nos cœurs qui n'a cessé de grandir, jusqu'à ce qu'elle se soit intégrée à notre ADN. Comme tout Libanais...