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Moyen Orient et Monde - Enquête

À Birmingham, la cause humanitaire plutôt que le jihad

Comprendre ce qui les anime est l'une des clés de la lutte contre les vocations jihadistes

Pour certains musulmans britanniques, la voie du jihad est parfois toute proche de celle de l'engagement humanitaire.
C'est le cas de Waseem Iqbal qui a l'intention d'aller en Jordanie avec un ami pour venir en aide aux réfugiés syriens. Ce jeune homme de 27 ans qui vit à Birmingham a choisi le bénévolat plutôt que la violence. « Comment sauver des innocents en Syrie ? En allant dans un pays en guerre et en se faisant tuer, ou en leur amenant des motopompes, des écoles et des rations alimentaires ? Voilà ce qui sauve des vies », affirme-t-il. Mais tous ne sont pas de son avis. Par exemple, deux membres de son entourage, de jeunes Britanniques comme lui, ont été arrêtés et inculpés en vertu de la législation antiterroriste. Leur choix était aux antipodes du sien, mais ils avaient une chose en commun : la colère. Aussi, comprendre ce qui les anime est l'une des clés de la lutte contre les vocations jihadistes.
L'histoire d'Iqbal est assez atypique. Il arbore une longue barbe et porte une dichdacha, vêtement traditionnel qui descend jusqu'aux chevilles. Après avoir vécu plusieurs vies, il s'est engagé il y a un mois dans les rangs de la fondation Human Relief. Videur de boîte de nuit, il a également dirigé un studio de musique et exercé en tant qu'agent de sécurité, mais tout a basculé du jour au lendemain. En l'espace de quelques semaines, un cousin plus âgé pour lequel il avait beaucoup d'estime est mort d'une overdose et son meilleur ami a été tué d'un coup de couteau. « J'étais assis là, un soir, à fumer de l'herbe dans mon appartement qui domine la ville et j'ai commencé à me demander où tout ça menait, où ça s'arrêterait. J'ai passé la nuit à pleurer et j'ai réalisé que ce qui me manquait, c'était l'islam. Je me suis juré d'être un bon musulman et d'arrêter net toutes ces conneries », explique-t-il.

De la délinquance au jihad
La communauté musulmane de Birmingham est concentrée dans certains quartiers populaires, comme celui de Balsall Heath, où vit Iqbal. La « gang culture », culte de la virilité et de la défiance, qui y est très présente, conduit parfois à la violence ou au trafic de drogue, mais peut aussi mener au jihadisme.
« C'est une question de reconnaissance. On veut appartenir à quelque chose, être craint ou respecté, avoir l'impression de servir une cause et se sentir utile », résume Iqbal. Pour sa part, le politologue français Olivier Roy, spécialiste de l'islam, parle d'un « nihilisme générationnel », d'une jeunesse fascinée par la mort. « Avec Daech, ces enfants perdus de la mondialisation, frustrés ou marginaux se retrouvent investis d'un sentiment de toute-puissance du fait de leur propre violence, de surcroît à leurs yeux légitime », explique-t-il dans un entretien publié début novembre par L'Express. « Ce sont des jeunes qui cherchent leur guérilla, comme nous dans les années 60. À l'époque, notre cause était la révolution, maintenant, c'est le jihad mondial », insiste-t-il dans une autre interview accordée à Libération. Citant l'historien Faisal Devji, auteur de l'essai The Terrorist in Search of Humanity, il note que « mis à part le fait que les terroristes tuent, il n'y a pas de différence fondamentale entre un humanitaire et un gars d'el-Qaëda ». « Ce sont des militants d'un monde global, des nomades, souvent déracinés », poursuit le chercheur, soulignant que 20 à 25 % des jihadistes sont des convertis, à l'image du Français Maxime Hauchard, identifié parmi les combattants de l'État islamique sur la vidéo de l'assassinat de plusieurs soldats de l'armée syrienne et de l'otage américain Peter Kassig.
Ahmed ABOULEINEIN/Reuters

Pour certains musulmans britanniques, la voie du jihad est parfois toute proche de celle de l'engagement humanitaire.C'est le cas de Waseem Iqbal qui a l'intention d'aller en Jordanie avec un ami pour venir en aide aux réfugiés syriens. Ce jeune homme de 27 ans qui vit à Birmingham a choisi le bénévolat plutôt que la violence. « Comment sauver des innocents en Syrie ? En allant dans un...

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