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À La Une - Liban

L'armée libanaise affirme avoir délogé les islamistes du centre de Tripoli

Chadi Mawlawi aurait été blessé dans les combats.

Un soldat libanais positionné près d'un char militaire à Tripoli, dans le nord du Liban. Photo Reuters

L'armée libanaise a lancé samedi matin un assaut contre des positions d'islamistes armés dans le centre-ville historique de Tripoli, dans le nord du Liban, théâtre la veille d'affrontements. Après une nuit relativement calme, les combats ont redoublé d'intensité samedi dans plusieurs quartiers de la ville où une dizaine d'obus sont tombés.

En soirée, l'armée a affirmé avoir réussi à déloger les islamistes de la ville. "L'armée a terminé de se déployer (..) dans les vieux souks et a pu arrêter des hommes armés, saisir des quantités de munitions et d'explosifs en leur possession tandis que les autres ont pris la fuite et sont pourchassés" par les militaires, a indiqué un communiqué.

L'institution militaire a également affirmé que six militaires, dont un officier, ont été tués dans différents accrochages qui ont éclaté avec des groupes armés dans plusieurs regions au nord du Liban, dont Tripoli. Plus tôt dans la journée, l'armée avait indiqué que les accrochages à Tripoli ont fait 8 blessés dans les rangs de la troupe, dont un officier.

Un responsable de la sécurité a de son côté fait état d'un mort parmi les éléments armés et de six autres blessés. Deux civils ont été également tués et une vingtaine d'autres ont été blessés, dont le photographe du quotidien libanais al-Anwar, Fathi el-Masri. Le photographe a été touché à la main quand un obus est tombé près de lui, samedi, dans les souks de la ville.

Le ministre de la Santé, Waël Bou Faour, a appelé les hôpitaux de Tripoli à recevoir les blessés et à les traiter aux frais du ministère.

Des combats ont lieu régulièrement dans la capitale du Liban-Nord entre combattants alaouites du quartier de Jabal Mohsen et leurs rivaux sunnites de Bab el-Tebbané. Mais vendredi, pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, les affrontements ont éclaté dans les souks du centre-ville, un lieu touristique qui figure comme site potentiel dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Ils se sont ensuite étendus à d'autres quartiers.

Afin de déloger les islamistes armés qui ont pris position dans les souks, l'armée a lancé une attaque samedi, selon le correspondant de l'AFP. Des tirs d'artillerie lourde résonnaient, selon le reporter, qui a précisé que les soldats essayaient d'évacuer des familles prises au piège dans le quartier. Selon lui, de nombreux magasins ont été réduits en cendres.

Samedi en début d'après-midi les combats avaient baissé en intensité et une trêve humanitaire négociée par des ONG était en cours pour laisser sortir les nombreux civils bloqués dans le secteur des souks, selon un responsable de sécurité.

Un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de civils, dont des enfants sortir à pied de la zone, certains portant leurs affaires dans de petits sacs. Mais d'autres n'ont pas pu partir: "Nous sommes bloqués entre l'armée et les hommes armés", raconte Motassem al-Masri, un habitant joint au téléphone par l'AFP. "Mon frère est blessé, la Croix-Rouge n'arrive pas à entrer dans la zone. Nous supplions l'armée de nous faire sortir", a-t-il ajouté, affirmant voir les hommes armés dans la rue. "Certains habitants s'évanouissent en raison de la fumée épaisse qui se dégage de l'incendie", a-t-il encore dit. 

 

AFP PHOTO / IBRAHIM CHALHOUB

 

Mawlaoui blessé?

L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a rapporté que le groupe qui combat la troupe à Tripoli est lié à Daech (acronyme arabe du groupe État islamique). Le groupe a été encerclé par les soldats dans les souks de la ville et a subi d’énormes pertes, a ajouté l'agence. Les islamistes ont appelé d'autres groupes liés au Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda en Syrie, ndlr) à l'aide, mais ces derniers n'ont pas répondu positivement à l'appel, a rapporté l'Ani.

Le responsable de sécurité n'était pas en mesure de préciser à quel groupe ces hommes armés, en majorité des Libanais, étaient affiliés. "Il y a des islamistes comme il y a des voyous poursuivis par la justice", a-t-il déclaré.

Le groupe d'Oussama Mansour et de Chadi Mawlaoui, devenus tristement célèbres pour avoir défié à plusieurs reprises l'armée et occupé pendant des semaines une mosquée de la ville, pourrait être également impliqué. Des médias locaux ont d'ailleurs rapporté que Chadi Mawlaoui aurait été blessé dans les affrontements dans une embuscade qui lui a été tendue par la troupe.

Paralèlement, l'armée affirme avoir arrêté l'islamiste, Rabih al-Chami, après une perquisition dans son domicile où une quantité d'armes et de munitions a été saisie.

Plus au Nord, des éléments armés ont tiré samedi sur un véhicule militaire dans la région de Behnine-Mouhammara, au Akkar, tuant deux soldats. Suite à l'attaque, la troupe a envoyé des renforts dans la région où des combats ont opposé les soldats aux éléments armés dont plusieurs ont été blessés et arrêtés. La route Akkar-Tripoli a été en outre coupée afin de préserver la sécurité des civils.

 


AFP PHOTO / IBRAHIM CHALHOUB

 

Soutien total à la troupe
Ce nouveau round inédit de violences aurait commencé lors d'une opération de perquisition effectuée par la troupe au domicile des parents d'Ahmad Mikati, alias Abou el-Hoda, arrêté jeudi. Ayant récemment prêté allégeance à Daech, le jihadiste présumé, connu également sous le nom d'Abou Bakr, recrutait des Libanais pour rejoindre les jihadistes en Syrie.

Le conflit en Syrie a avivé les tensions entre communautés musulmanes au Liban : les sunnites soutiennent leurs coreligionnaires en Syrie qui combattent le régime en place, et les alaouites défendent le président Bachar el-Assad, issu de la même confession. Des islamistes armés s'en prennent également à l'armée libanaise qu'ils accusent de cibler les sunnites et de coopérer avec les combattants du Hezbollah chiite, dont plusieurs milliers se battent en Syrie aux côtés des forces du régime.

Dans ce contexte tendu, la rencontre islamo-chrétienne prévue samedi à Tripoli a été reportée en raison de la situation sécuritaire. A l'issue d'une rencontre dans son domicile avec des responsables tripolitains, le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, Malek el-Chaar, a assuré du soutien aux forces armées et aux plans entrepris pour rétablir le calme. "Nous faisons pleinement confiance à l’armée et à sa sagesse. Tripoli est sa ville et ses habitants sa famille", a déclaré le mufti Chaar. 

L'ancien Premier ministre Nagib Mikati a de son côté assuré que Tripoli ne parraine aucune partie terroriste et soutient la troupe pour rétablir la sécurité dans la ville.

Originaire comme M. Mikati de Tripoli, le ministre de la Justice Achraf Rifi a, quant à lui, assuré : "Nous sommes aux côtés de l’État légitime et nous ne couvrons aucune action armée en dehors de la légalité". "Nous sommes responsables de notre ville et nous n'allons pas être entraînés vers le chaos", a-t-il ajouté.

 

 

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