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Moyen Orient et Monde - Syrie-Irak

Kobané : « La Turquie joue un double jeu »

Les États-Unis ont largué à l'aube des armes, des munitions et du matériel médical sur les positions des Kurdes ; l'équilibre des forces peut basculer à tout moment.

De la fumée et des flammes après les frappes de la coalition sur Kobané, la ville kurde assiégée par les jihadistes de l’État islamique. Bulent Kilic/AFP

La Turquie a opéré hier un changement de stratégie en Syrie en annonçant qu'elle autorisait désormais des renforts de combattants « peshmergas » irakiens à rejoindre, via son territoire, la ville kurde syrienne de Kobané assiégée par les jihadistes.


« Nous n'avons jamais voulu que Kobané tombe », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu devant la presse. En réaction, les États-Unis ont salué cette décision. Pour rappel, la Turquie entretient de bonnes relations avec la région autonome kurde irakienne, dont les « peshmergas » sont à la pointe du combat contre l'EI en Irak. Selon l'agence kurde Rudaw, le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a lui-même demandé aux Turcs de faciliter le passage de ses « peshmergas ».

 

« On voit aujourd'hui clairement qu'il existe un accord entre Washington et Ankara sur Kobané, a commenté l'analyste Sinan Ülgen, du Centre d'études politiques et économiques (Edam) d'Istanbul ». « La Turquie joue un double jeu entre, d'un côté, la rhétorique antikurde du président Erdogan et, de l'autre, son intérêt qui est d'éviter que Kobané ne tombe et précipite la fin des pourparlers de paix avec le PKK », a poursuivi M. Ülgen. « En laissant entrer les peshmergas irakiens dans Kobané, les Turcs peuvent continuer à dire qu'ils n'aident pas le PKK et rassurer la frange nationaliste du pays (...) et répondre à leurs alliés qui les accusent de ne rien faire », a-t-il jugé. De son côté, le porte parole des peshmergas irakiens, Halgord Hekmet, a déclaré : « Nous avons des jeunes Kurdes originaires du Kurdistan occidental que nous avons entraînés au Kurdistan. Nous allons les envoyer au combat. »

 

(Kobané : les images satellites avant et pendant la bataille)

 

« Moralement très difficile »
Sur le terrain, après deux attaques-suicide dans le nord de Kobané en fin de journée, les jihadistes ont lancé un assaut « sur tous les fronts de la ville », a déclaré à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. De violents combats se déroulaient dans la soirée alors que les Kurdes avaient réussi ces derniers jours à freiner l'avancée des jihadistes, grâce notamment à l'intensification des raids aériens de la coalition internationale. Les jihadistes avaient dépêché hier vers Kobané de nouveaux renforts venus de Jarablous, une localité à l'ouest de Kobané. L'EI a tenté dans la nuit de dimanche à hier d'avancer vers le centre-ville mais les combattants kurdes les ont repoussés, faisant au moins huit morts dans les rangs de l'EI, selon l'OSDH.

 

(Lire aussi : Refusant l'ingérence, jusqu'à quand la Turquie acceptera-t-elle de rester passive ?)


De plus, pour la première fois depuis le début de l'offensive de l'EI, trois avions cargos C-130 américains ont largué à l'aube des armes, des munitions et du matériel médical sur les positions des Unités de protection du peuple (YPG), qui contrôlent encore environ 50 % de Kobané. Ces armes, fournies par les autorités kurdes d'Irak, vont être « d'une grande aide », s'est félicité le porte-parole des YPG, Redur Xelil. Selon Mahmoud Kalo, un responsable politique de Kobané, environ 21 chargements, ont été largués sur la ville, ce qui va « permettre de continuer la lutte ». De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry a affirmé qu'il serait « irresponsable » pour les États-Unis et « moralement très difficile de tourner le dos à une communauté combattant » l'EI. Désormais « l'équilibre des forces peut basculer à tout moment », a estimé l'OSDH.

 

Nouveau front en Irak
En outre, les avions de la coalition ont accru ces derniers jours les raids sur Kobané, ayant désormais frappé près de 140 fois les positions de l'EI dans et autour de la ville depuis fin septembre, selon le Commandement militaire américain chargé de la région (Centcom). Ces frappes ont « tué des centaines de combattants (de l'EI) et détruit ou endommagé » de nombreux équipements de l'EI, a noté le Centcom, soulignant toutefois que la situation restait « fragile ».


(Lire aussi : Ces peshmergas qui parlent Facebook, Viber ou WhatsApp...)


Sur le front irakien les jihadistes ont attaqué hier la ville de Qara Tapah sous contrôle kurde, faisant dix morts et provoquant la fuite de milliers de personnes, ont annoncé des responsables. Les jihadistes ont attaqué sur deux fronts cette ville, située au nord-est de Bagdad et à 50 km de la frontière iranienne, la bombardant au mortier. « Nous avons réclamé un soutien aérien de la coalition internationale » antijihadiste qui mène depuis près de trois mois des frappes en Irak, a déclaré un responsable militaire du secteur. Selon des chefs peshmergas et un responsable d'un hôpital de la ville voisine de Khanaqine, au moins sept combattants peshmergas et trois civils ont été tués dans les bombardements et les combats qui ont fait rage dans les villages voisins. « Près de la moitié de la population (de Qara Tapah) a fui aujourd'hui. Nous parlons d'environ 9 000 personnes », a déclaré Haidar, un habitant.


La population de Qara Tapah, où une triple attaque à la bombe a fait au moins 45 morts le 12 octobre, est composée d'Arabes, de Kurdes et de Turcomans. « Les gens qui restent sont des jeunes hommes qui ont pris les armes pour défendre leur ville aux côtés des peshmergas », a déclaré Haidar. « Nous avons peur que l'EI nous encercle et fasse de cette ville un deuxième Amerli », a-t-il ajouté, faisant référence à une ville chiite turcomane plus au nord qui a été assiégée par l'EI pendant deux mois avant d'être libérée fin août par l'armée irakienne appuyée par les peshmergas et des milices chiites.

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Au secours de Kobané, le point de Christian Merville

 

 

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ENFIN LE GRAND SULTAN VINT, ET, PREMIER À KOBANÉ, IL BOIT AIGREMENT LE VIN... Où FLOTTE UNE DEBBANÉ !

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 07, le 21 octobre 2014

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Commentaires (1)

  • ENFIN LE GRAND SULTAN VINT, ET, PREMIER À KOBANÉ, IL BOIT AIGREMENT LE VIN... Où FLOTTE UNE DEBBANÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 07, le 21 octobre 2014

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