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Moyen Orient et Monde - Tunisie

Des figures de l’ère Ben Ali décidées à revenir sur le devant de la scène

Après la révolution de 2011, ils étaient voués aux gémonies. Aujourd'hui, des responsables du régime déchu de Ben Ali sont en lice pour les élections, bien décidés à peser sur la scène politique tunisienne.
Plusieurs partis dirigés par d'anciens collaborateurs ou sympathisants du dictateur tunisien se présentent ainsi aux législatives du 26 octobre, et pas moins de six figures de l'ère Ben Ali sont candidates à la présidentielle du 23 novembre. À leur tête, Béji Caïd Essebsi, 87 ans, président du Parlement en 1990-1991 et Premier ministre après la révolution. Suivent les anciens ministres Kamel Morjane (Défense et Affaires étrangères), Mondher Zenaïdi (Santé), Abderrahim Zouari (Transports), Hammouda Ben Slama (Jeunesse et Sports) et Moustapha Kamel Nabli (Plan), gouverneur de la Banque centrale pendant dix-huit mois après la révolution.
M. Zouari avait été arrêté après la révolution et accusé de corruption, avant de bénéficier d'un non-lieu et d'être libéré. Quant à M. Zenaïdi, il avait quitté la Tunisie aussitôt après la chute du régime et n'y est revenu qu'à la mi-septembre pour être accueilli en grande pompe à l'aéroport par des centaines de partisans. M. Morjane de son côté avait présenté en 2011 des excuses « aux Tunisiens pour avoir accepté de servir » sous Ben Ali. Il a toujours assuré n'avoir eu aucune responsabilité dans les pratiques autoritaires de l'ancien régime. M. Zouari, lui, assume son statut de cacique de Ben Ali, tout en admettant que l'ancien régime a commis « beaucoup de fautes ». Il assure que sa candidature est motivée par sa volonté d'utiliser sa « longue expérience politique » pour « faire avancer le pays ».
Pour sa part, M. Nabli refuse d'être considéré comme un cacique de Ben Ali. « J'étais un ministre technocrate », a-t-il soutenu dans une interview télévisée, expliquant avoir démissionné en 1995 « quand j'ai vu que le régime s'était éloigné des intérêts de la Tunisie et qu'il était devenu gouverné par les intérêts personnels ».

« Provocation »
Pour beaucoup de Tunisiens, comme Chokri Mizouri, un étudiant de 22 ans, le retour sur la scène politique des responsables de l'ère Ben Ali est « une provocation ». « Le slogan "À bas le RCD (parti de Ben Ali), à bas le bourreau du peuple", c'était l'un des principaux cris de ralliement pendant la révolution. Le RCD a été dissous, mais malgré cela, voilà les "azlem" sortis par la porte qui reviennent par la fenêtre », déplore le jeune homme.
« Ils devraient avoir honte et ne pas se présenter sous prétexte de leur expérience politique parce que leur expérience est celle de la corruption et de la dictature. Et si l'un d'eux devenait président, ce serait une catastrophe parce qu'il remettrait en route la machine contre laquelle nous nous sommes révoltés », assure-t-il.
Mais d'autres Tunisiens, déçus par l'instabilité qui a suivi la révolution, disent au contraire aspirer à davantage d'ordre, et pour eux, le retour de ces responsables pourrait en être le synonyme.
« Le régime de Ben Ali était corrompu et oppressif, mais les gens trouvaient de quoi manger. Personnellement, entre un candidat à la présidentielle de la troïka (d'Ennahda ou des deux partis séculiers qui lui étaient alliés au gouvernement) et des azlem, je choisirais ces derniers », confie Karima Ben Hamida, une diplômée au chômage depuis cinq ans. Pour rappel, aucun des principaux responsables de l'ère Ben Ali n'est aujourd'hui en prison. L'ancien président, lui, est en exil en Arabie saoudite.

(Source : AFP)

Après la révolution de 2011, ils étaient voués aux gémonies. Aujourd'hui, des responsables du régime déchu de Ben Ali sont en lice pour les élections, bien décidés à peser sur la scène politique tunisienne.Plusieurs partis dirigés par d'anciens collaborateurs ou sympathisants du dictateur tunisien se présentent ainsi aux législatives du 26 octobre, et pas moins de six figures de...

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