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Moyen Orient et Monde - Analyse

L’impuissance de la guerre

« L'intervention de Dieu n'acquitte pas l'homme de sa folie. Elle est plutôt un artifice de l'homme pour se dérober à la responsabilité de sa folie. »
(Barbara W. TUCHMAN, « The March of Folly : From Troy to Vietnam » – Londres, Ballantine Books, 1984, p. 32)

Les enfants, endoctrinés et formés au combat par l’Etat islamique seront-ils aussi combattus par les membres de la coalition ? N’est-il pourtant pas là, le véritable danger de demain ? (Photo Haidar Hamdani. AFP)

Dès sa naissance, la coalition internationale – dont même l'appellation pourrait être discutée – contre l'État islamique apparaissait amoindrie sous plusieurs rapports. Non seulement elle advenait au lendemain d'une série d'interventions désastreuses et impétueuses (Afghanistan, Irak, Libye) dont les États concernés n'avaient toujours pas fait le deuil, mais elle se trouvait aussi affaiblie par les incohérences de sa composition et les nombreuses zones d'ombre de sa stratégie. Bien que marquant la réconciliation américano-française sur la question irakienne, la coalition devait se heurter au refus d'un allié proche (la Turquie), aux ambiguïtés des pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar), aux hésitations européennes (Allemagne en tête), à l'absence, vraisemblablement conditionnée par Riyad, d'un État pourtant hautement concerné (l'Iran) et surtout, pire que tout, aux illogiques et contradictoires gestions du cas syrien par les membres phares de la coalition. Pourtant, cette alliance bancale devait dans le même temps s'autoconfier un objectif absolu : détruire l'EI. Un objectif d'autant plus difficile à atteindre que la coalition mettait en œuvre des moyens restrictifs pour y parvenir (pas d'intervention au sol).

 

(Repère : Coalition internationale contre l'EI : Qui va faire quoi?)


Au regard de tous ces éléments aujourd'hui, il n'est pas évident de comprendre les motivations des acteurs engagés. D'autant plus que le conflit, qui risque d'être long et coûteux, conforte la rhétorique du combat contre l'oppresseur alimentée par les jihadistes et expose ainsi les États participant à la menace quotidienne d'attentats terroristes sur leur sol. Le discours récent du porte-parole de l'EI, Mohammad al-Adnani, s'inscrit tout à fait dans cette logique puisqu'il s'adresse aux potentielles futures recrues en les incitant à passer à l'acte, notamment contre l'État français. Comment les en dissuader? Comment déconstruire leur processus d'endoctrinement, alors que du point de vue des jihadistes, cette guerre symbolise une nouvelle croisade contre la « oumma » qui pourrait favoriser à terme leur ennemi originel, le régime syrien ?

 

(Lire aussi : En Syrie aujourd’hui, comme au Liban hier, la guerre des autres...)



En partant ainsi à l'abordage de l'EI, les États engagés pourraient être confrontés à un double échec : celui de leur impuissance à gagner des guerres aux accents manichéens au Proche et au Moyen-Orient, sans tenir compte de la complexité des sociétés concernées ; et celui de leur impuissance à lutter contre un ennemi non identifiable, en perpétuel mutation et dont les moindres « victoires » seront mythifiées : le terrorisme. Aussi, ce nouvel engagement démontre que les grandes puissances, mais aussi le monde arabo-musulman, n'ont pas retenu les leçons de leurs erreurs passées, s'obstinant à vouloir découper une par une les branches de l'arbre au lieu de s'attaquer à ses racines. Car la véritable guerre, celle qui devrait être menée globalement contre l'ignorance, la peur, la violence, l'injustice, contre les effets pervers de la mondialisation et la décadence des sociétés modernes, requiert bien plus de courage et de temps. Le courage de dire qu'il y a un problème d'intégration dans les sociétés occidentales. Le courage de dire que les sociétés arabo-musulmanes sont en pleine déliquescence et que les thèses les plus extrémistes y sont de plus en plus populaires. Et le temps de soigner ce mal sans lui opposer des discours racistes ou essentialistes.
Malheureusement, ce monde ne semble plus avoir ni le courage ni le temps...

 

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Dès sa naissance, la coalition internationale – dont même l'appellation pourrait être discutée – contre l'État islamique apparaissait amoindrie sous plusieurs rapports. Non seulement elle advenait au lendemain d'une série d'interventions désastreuses et impétueuses (Afghanistan, Irak, Libye) dont les États concernés n'avaient toujours pas fait le deuil, mais elle se trouvait aussi...

commentaires (1)

Rien ne se fera si cette fameuse coalition -qui vient d'entreprendre cette nuit ses frappes contre l'EI en Syrie comme le disent les dépêches qui pleuvent sur le Net- ne force pas la dictature nazie de Damas à s'écarter du pouvoir, en même temps qu'elle élimine Daech de la scène macabre du Moyen-Orient. Rien ne se fera non plus et surtout si Israel n'est pas forcé à signer la paix juste avec l'autorité palestinienne. Qui vivra verra.

Halim Abou Chacra

10 h 50, le 23 septembre 2014

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Commentaires (1)

  • Rien ne se fera si cette fameuse coalition -qui vient d'entreprendre cette nuit ses frappes contre l'EI en Syrie comme le disent les dépêches qui pleuvent sur le Net- ne force pas la dictature nazie de Damas à s'écarter du pouvoir, en même temps qu'elle élimine Daech de la scène macabre du Moyen-Orient. Rien ne se fera non plus et surtout si Israel n'est pas forcé à signer la paix juste avec l'autorité palestinienne. Qui vivra verra.

    Halim Abou Chacra

    10 h 50, le 23 septembre 2014

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