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Économie - Déficit public

France : la bataille s’engage pour obtenir un nouveau délai

Accorder un nouveau délai à la France pour ramener son déficit dans les clous européens : l'idée irrite au plus haut point, et pour convaincre ses partenaires européens, Paris va devoir mettre les bouchées doubles sur les réformes et faire un énorme travail d'explication.
« Le débat ne fait que commencer », a déclaré hier le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors d'une réunion de la zone euro à Milan (Nord), où le nouveau dérapage français a suscité « des grimaces », selon un participant.
Le très orthodoxe Jyrki Katainen, en charge des Affaires économiques à la Commission, a rappelé qu'une telle option « doit être mise en œuvre si elle a du sens et non à cause de pressions politiques ».
« Il y aura un traitement équitable pour tous les pays, petits ou grands, du Nord comme du Sud », a prévenu l'ancien Premier ministre finlandais dans une tribune au Wall Street Journal, alors que Paris vient de repousser à 2017, au lieu de 2015, son objectif de réduction du déficit sous la barre de 3 % du PIB.
De 4,2 % du PIB en 2013, le déficit français doit grimper à 4,4 % cette année avant de refluer à 4,3 % en 2015, en raison d'une configuration « exceptionnelle dans la zone euro », avec une inflation basse et une croissance à l'arrêt.
« En somme, la France demande de reporter son effort de réduction budgétaire jusqu'à la fin du mandat de François Hollande, résume une source diplomatique. Elle va devoir faire un gros effort pour expliquer pourquoi le déficit va grimper cette année, au lieu de baisser. »
Cette situation expose théoriquement la deuxième économie de la zone euro à des sanctions financières.
Pour l'instant, les institutions européennes ont pris acte de ce dérapage et attendent de pied ferme le projet de budget 2015 que la France doit envoyer à Bruxelles, comme tous les pays de la zone euro, d'ici à la mi-octobre. Objectif : voir si Paris prend suffisamment au sérieux la réduction de ses dépenses et les réformes, réclamées à cor et à cris par Bruxelles.

« Paris, c'est Paris »
Une fois le projet de budget sur la table, « nous verrons si la France a assez fait pour respecter le pacte de stabilité », a dit M. Dijsselbloem. Il n'a toutefois pas exclu de recourir aux « flexibilités existantes », terme utilisé pour évoquer un nouveau délai sous conditions.
L'examen du projet de budget français incombera au nouveau commissaire aux Affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, qui hérite aux yeux de certains d'un « cadeau empoisonné ». C'est lui qui avait obtenu pour la France en 2013 un délai quand il était ministre des Finances.
La tâche promet aussi d'être difficile car beaucoup en Europe jugent que la France n'en fait pas assez en matière de réformes. « Les règles budgétaires n'empêchent en rien de se réformer. Bien au contraire », a insisté hier M. Katainen, citant le cas de l'Espagne.
Qui plus est, Paris est très isolé et ne bénéficie « même pas du soutien des Italiens qui ne cessent de rappeler que leur déficit est sous les 3 % », remarque une source européenne, même si les deux pays ont appelé ensemble à plus de flexibilité dans l'application des règles budgétaires.
« Paris, c'est Paris », a commenté laconiquement le ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoan, tandis que le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a enfoncé le clou en rappelant que son pays était « un des rares » à avoir un déficit sous la barre des 3 %.
La situation est d'autant plus délicate que la France a déjà demandé par deux fois de remettre à plus tard son engagement de ramener son déficit dans les clous, sous la présidence du conservateur Nicolas Sarkozy puis sous celle du socialiste François Hollande.

Accorder un nouveau délai à la France pour ramener son déficit dans les clous européens : l'idée irrite au plus haut point, et pour convaincre ses partenaires européens, Paris va devoir mettre les bouchées doubles sur les réformes et faire un énorme travail d'explication.« Le débat ne fait que commencer », a déclaré hier le président de l'Eurogroupe, Jeroen...

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