Rechercher
Rechercher

Sport - Rallye

Roger Féghali, une icône boulimique de nouveaux défis

Il a gagné onze fois le prestigieux rallye du Liban, a été multiple champion du Liban des rallyes et ne finit pas d'éclabousser le public par ses exploits sur les spéciales du Liban mais aussi du monde entier. La légende incontournable du sport automobile libanais, Roger Féghali, est toujours en verve et à la recherche de nouveaux challenges. Retour sur ses plus récents exploits et sur ses défis en perspective.

Féghali et Matar avaient fait sensation aux Antibes avant leur sortie de route. Photos MMS Rally

L'homme qui vit à la limite du rupteur continue d'impressionner. En l'espace de deux semaines, il a signé un double exploit qui vaut beaucoup dans une carrière de pilote. A Falougha, Féghali fêtait son grand retour en course de côte. Il a profité de l'occasion pour battre le record du parcours en ridiculisant ses adversaires, dont le jusque là indétrônable Abdo Féghali, imbattable dans la discipline de 2007 jusqu'à ce jour. Deux semaines auparavant, la star libanaise faisait le voyage au Rouergue pour le compte de la cinquième manche du championnat de France des rallyes et décrochait une exceptionnelle 5e place au général en dominant sa catégorie. Féghali avait à cœur de prendre sa revanche après sa déception lors de la 3e manche, au rallye d'Antibes Côte d'Azur, où à la surprise générale il figurait sur la 3e marche du podium avant une sortie de route. Ses performances sont surprenantes puisque Féghali, évoluant sur une vieillissante Peugeot 207 S2000, a réussi à mener la vie dure à des Bryan Bouffier, Julien Maurin, Quentin Gilbert... grands noms des rallyes qui couraient tous sur de plus puissantes WRC !


Le principal concerné s'est confié à L'Orient-Le Jour en évoquant la difficulté de ces deux rallyes. « Le plus gros challenge était la connaissance des spéciales du parcours, souligne-t-il. Nous faisions face à des équipages qui avaient déjà couru chacun de ces rallyes 10 à 15 fois. De plus, c'étaient mes premières fois au volant de la Peugeot 207 S2000. » Normalement habitué à dompter sa Ford Fiesta et sa Mitsubishi Evo 10, il n'avait pourtant fait preuve d'aucune faiblesse. Il affolait même les médias français en signant les meilleurs temps de sa catégorie et surtout en figurant dans le top 5 au scratch lors de la plupart des spéciales. À noter que le championnat de l'Hexagone est reconnu pour être le plus relevé du monde sur asphalte.


Faute de temps, il était aussi orphelin de son équipe Motortune Racing et devait évoluer dans un nouveau contexte avec une équipe française menée par l'expert Fred Comte. Il n'avait qu'une semaine pour s'adapter avant chaque épreuve en jonglant entre essais, reconnaissances et préparation physique. Le champion libanais qui sortait d'un abandon lors du rallye d'Antibes n'avait plus droit à l'erreur dans un sport où la faute se paie cash. C'est vous dire la pression qu'il portait sur ses épaules avant le départ du Rouergue. Mais en se remettant comme toujours au génie de sa force mentale, Féghali avait su tirer profit de cette pression en faisant monter en crescendo son niveau. « L'ambiance était incroyable. Je reviens peut-être des deux plus beaux rallyes de ma carrière. Là-bas, les spectateurs sont prêts à se réveiller à 6 heures du matin et à attendre sur les spéciales à une température de 5 degrés. On trouvait des femmes, des personnes âgées, des bébés en poussette, des jeunes... Il y avait de tout, raconte Féghali. Les organisateurs, la plupart des ex-pilotes ou copilotes, étaient très compréhensifs et cherchaient toujours à nous aider. Les compétiteurs, des plus grands aux plus petits, avaient un grand esprit sportif. Ils venaient même me demander si j'avais pris un raccourci pour avoir réussi à signer des temps pareils. »

 

Un marché libanais trop petit
Comme lors du rallye d'Antibes, au lendemain du Rouergue, les spécialistes et magazines de référence ont fait couler beaucoup d'encres pour Roger Féghali et son copilote Joseph Matar. Auto Hebdo a consacré une demi-page à nos champions locaux en titrant « La surprise venue du Liban ». Mais à 40 ans, Roger Féghali peut commencer à se demander si un contrat de pilote officiel d'usine peut encore être décroché. À chaque fois qu'il fait une apparition dans un rallye international, il réussit un grand coup. En 2010, la paire Féghali-Matar terminait deuxième du général au rallye de Chypre (dernière manche comptant pour le championnat IRC) où figuraient dans la liste des engagés Mikkelsen, Neuville, Prokop et al-Attiyah qui ont tous décroché par la suite un programme dans la catégorie reine en championnat du monde. Idem au Monte-Carlo 2002 où Feghali termine troisième de la catégorie junior. D'après lui, il y a de minces chances qu'il soit recruté malgré les pourparlers permanents avec Nandan, directeur de la filiale rallye de Hyundai et qui était présent aux Antibes, et Wilson, directeur de M-Sport... « Les usines qui investissent en rallye cherchent un pilote, certes talentueux, mais aussi capable d'offrir une bonne image marketing sur un certain marché. Chris Atkinson, qui s'est engagé en championnat du monde avec Hyundai, leur a beaucoup apporté sur le marché de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. De même pour Prokop qui bénéficie de l'aide du concessionnaire Ford en République tchèque pour mener son programme WRC. Au Liban, le marché est trop petit pour pousser les usines à investir dans un pilote libanais, et les concessionnaires, s'ils s'intéressent au sport, ont de petits budgets à dépenser. »

 

Vers de nouveaux défis
Mais Féghali garde espoir en l'avenir de ce sport au Liban et veut optimiser sur les talents de quelques jeunes. Il a créé une nouvelle filiale au sein de son équipe Motortune Racing, dans laquelle il compte guider les jeunes loups dans un programme capable de les faire évoluer. C'est sur une voiture de petit calibre que se déroulera le programme. Une Citroën DS3 R1 suivie éventuellement avec l'expérience d'une Peugeot 208 R2 sera à disposition, à l'instar de ce que propose le programme Rallye Jeunes en France. Cette filiale permettra aux pilotes de rentrer dans le bain des rallyes en termes de prise de notes durant les reconnaissances, des essais et des réglages. « Patrick Noujeim va suivre ce programme avec Motortune l'année prochaine et le défi sera de le développer au sein d'une petite voiture pour ensuite le lancer dans les catégories supérieures sans brûler des étapes. Je compte lui faire part de mon expérience. Tous les grands pilotes ont reçu de l'aide de plus expérimentés qu'eux, et c'est la seule manière de faire évoluer un novice. »


Quant à lui, la fin du mois d'août s'annonce très chargée. Cet infatigable athlète a, coup sur coup, trois gros défis à relever en l'espace de deux semaines. En Jordanie, il va tenter de battre le record de la célèbre course de côte de Tal el-Remman que lui-même détient. Le parcours étant nouvellement réasphalté, Féghali aura de fortes chances de réussir. Ensuite, retour au bled pour le rallye du Liban auquel Nasser al-Attiyah lui donne rendez-vous pour une énième revanche qu'il n'arrive toujours pas à prendre. Enfin, direction la France pour le rallye de Mont-Blanc Morzine afin d'emmagasiner encore de l'expérience sur les routes françaises en espérant décrocher la saison prochaine un programme complet dans ce championnat avec une voiture capable de le placer dans la course au titre. La légende continue...

 

Pour mémoire

Les frères Féghali monopolisent le podium de la troisième course de côte

La paire Féghali-Haddad couronnée au 23e rallye des Cèdres

 

Et chaque semaine, notre page spéciale Auto

L'homme qui vit à la limite du rupteur continue d'impressionner. En l'espace de deux semaines, il a signé un double exploit qui vaut beaucoup dans une carrière de pilote. A Falougha, Féghali fêtait son grand retour en course de côte. Il a profité de l'occasion pour battre le record du parcours en ridiculisant ses adversaires, dont le jusque là indétrônable Abdo Féghali, imbattable dans...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut