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À La Une - Liban

Face aux menaces, le Liban renforce ses mesures sécuritaires

Un mort dans un attentat à la voiture piégée à Dahr el-Baïdar ; perquisitions et arrestations à l'hôtel Napoléon à Hamra ; plusieurs routes coupées par les forces de l'ordre à Beyrouth.

Le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, aurait échappé à un attentat ce matin. Hussam Shebaro/Reuters

Les forces de sécurité libanaises étaient toujours en alerte vendredi soir après l'attentat meurtrier de Dahr el-Baïdar et la multiplication des mises en garde sur une résurgence des troubles sécuritaires au Liban.

"Personne ne peut ignorer que l'attentat d'aujourd'hui représente une atteinte grave à la sécurité", a indiqué le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, à l'issue de la réunion d'urgence qui s'est tenue au Sérail, à l'appel du Premier ministre Tammam Salam.

Un attentat à la voiture piégée a été perpétré vendredi à un barrage des FSI à Dahr el-Baïdar, dans le Metn, faisant un mort et des dizaines de blessés. Le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, venait de passer à ce barrage, quand la voiture a explosé. Il n'a pas été touché.

Une personne a été tuée et 34 autres ont été blessées, a précisé le directeur des opérations de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh. Plus tôt, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) avait avancé un bilan d'au moins deux morts et plusieurs blessées. Selon le juge Sakr Sakr, la charge placée dans la voiture piégée était de 25 à 30 kilos.

Sur les lieux de l'attentat de Dahr el-Baïdar. Photo Ani


Le ministre Machnouk a affirmé que les forces de sécurité libanaises détenaient des informations concernant un possible attentat au Liban. Selon des informations obtenues par la chaîne de télévision LBCI, les autorités libanaises ont été alertées lundi dernier par les services de renseignement allemands de la possibilité d'une attaque terroriste au Liban. Les forces de l'ordre libanaises auraient par ailleurs reçu l'ordre de renforcer les mesures de sécurité autour des institutions et établissements officiels à travers le pays, toujours selon la LBCI.

M. Machnouk a par ailleurs tenu à rassurer les Libanais, affirmant que le plan de sécurité "a montré son efficacité". "Toutes les forces ont été mobilisées et nous restons engager à défendre le pays", a-t-il ajouté, appelant les citoyens à la vigilance et à l'unité. Le ministre a indiqué que l'enquête se poursuivait et que les autorités possèdent "de nombreuses informations". "Ce qui s'est passé aujourd'hui est l'exception et non pas la règle, a-t-il assuré. Nous n'allons pas rester les bras croisés face au terrorisme, nous allons le combattre en dépit de tout".

En réponse à une question sur l'identité du suspect à l'origine de l'attentat de Dahr el-Baïdar, le ministre a affirmé que l'enquête n'était pas terminée. "Nous savons que le kamikaze avait un accent syrien", a-t-il dit.


Multiplication des menaces

A la suite de l'attaque de Dahr el-Baïdar, le général Abbas Ibrahim a affirmé que les services de sécurité libanais disposent de renseignements indiquant que des activistes sunnites projettent de l'assassiner. Il affirme que de nombreux responsables libanais sont menacés par la réactivation de ces "cellules terroristes dormantes". "Mais les services de sécurité sont prêts et en alerte pour les arrêter et nous ne deviendrons pas un nouvel Irak", a affirmé le directeur de la Sûreté générale, en allusion aux tensions entre chiites et sunnites dans ce pays, où l'offensive des djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en direction de Bagdad a entraîné une mobilisation de volontaires chiites.

Ce matin, le quotidien an-Nahar rapportait que des groupes armés liés aux Brigades Abdallah Azzam, basés dans le camp palestinien de Aïn el-Héloué (Liban-sud), projetaient d'assassiner un haut responsable sécuritaire libanais. Se basant sur une note obtenue du Mossad (services de renseignements israéliens), la journaliste d'origine libanaise Julia Abou Araj (qui détient la nationalité israélienne depuis 2000) de la chaîne télévisée israélienne I 24, avait indiqué que la cible d'une éventuelle opération serait le directeur général de la Sûreté générale. Contacté par le quotidien libanais, un responsable de la Sûreté générale avait affirmé avoir consulté le document en question, estimant que les informations qu'il contenait étaient crédibles et se recoupaient avec d'autres informations en possession de son service de sécurité.

Les Brigades Abdallah Azzam ont revendiqué une série d'attentats contre le Hezbollah, présentés comme des représailles à l'engagement du parti chiite libanais aux côtés du régime syrien.

 

Perquisitions et arrestations à Beyrouth

L'attentat de Dahr el-Baïdar intervient dans un contexte de tensions accrues, plusieurs responsables et médias mettant en garde contre des attaques de grande envergure visant notamment des établissements hospitaliers et des personnalités libanaises.

Ce matin, des opérations de perquisition ont eu lieu dans plusieurs régions libanaises, notamment dans le quartier commercial et très fréquenté de Hamra à Beyrouth. Une centaine de suspects ont été arrêtés à l'hôtel Napoléon à Hamra. Dans l'après-midi, les forces de sécurité ont indiqué que 85 personnes ont été relâchées et 17 personnes étaient toujours détenues dans le cadre de l'enquête. L'Ani indiquait qu'une trentaine de ressortissants arabes ont été arrêtés lors des diverses perquisitions menées à Hamra. L'armée a, quant à elle, diffusée la photo d'un suspect qualifié de "dangereux" et a lancé un appel à témoins, invitant  les citoyens qui possèderaient des informations pertinentes au sujet de l'individu, dont l'identité n'a pas été révélée, à se rendre au poste militaire le plus proche ou à composer le 1701.


La photo du suspect diffusée par l'armée libanaise.



Par la suite, les forces de sécurité ont coupé plusieurs routes à Beyrouth, a rapporté l'agence. Les routes de Aïn el-Tiné, Bir Hassan, de l'ambassade koweïtienne, de l'Unesco, de l'aéroport, de l'hôpital militaire dans le quartier de Verdun, de Hamra et de Sioufi notamment, ont été bouclées.


Annulation d'une série de cérémonies

Plus tôt dans la journée, le général Abbas Ibrahim a établi un lien entre l'attentat de Dahr el-Baïdar et les opérations de perquisition dans le quartier commercial de Hamra à Beyrouth. "Toutes les cérémonies officielles qui étaient menacées et qui devaient avoir lieu aujourd'hui ont été annulées selon nos informations", a-t-il ajouté.

De son côté, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Jean Kahwagi, qui assistait à la réunion sécuritaire, a tenté d'apaiser les esprits, affirmant que "la situation n'est pas si dangereuse". "il y a des faits qui ont été exagérés", a-t-il assuré.

De son côté, le Hezbollah a condamné vendredi l'attentat de Dahr el-Baïdar, affirmant que l'attaque "visait à déstabiliser tout le Liban". Le parti chiite libanais a, par ailleurs, appelé tous les citoyens à la solidarité "face aux complots terroristes" et exhorté les forces de sécurité à poursuivre leurs efforts pour contrer les menaces et arrêter les responsables.

Des policiers déployés à Hamra. REUTERS/Mohamed Azakir


Pour sa part, le député Ali Khreiss, membre de bloc parlementaire du Développement et de la libération (de Nabih Berry), a affirmé que des informations circulent sur "des cellules dormantes qui veulent prendre pour cible des hôpitaux et des responsables". "Ce qui s'est passé aujourd'hui est la preuve que des groupes travaillent à déstabiliser le Liban. Le président du Parlement est lui-même visé par ces groupes parce que le prendre pour cible mettrait le Liban à feu et à sang", a-t-il dit.

Les informations relatives à des projets d'attaques contre deux hôpitaux de la banlieue-sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, ont été rapportées cette semaine. Des sources de sécurité ont indiqué au quotidien al-Joumhouria que les menaces d'attentats font suite à la violence en Irak.

Avant l'attentat, le mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry avait décidé d'annuler une conférence prévue vendredi au palais de l'Unesco à Beyrouth, pour des raisons de sécurité. M. Berry devait assister à cette conférence.

Plus tard, on apprenait que l'ambassadeur des États-Unis au Liban, David Hale, avait lui aussi annulé un déplacement au ministère des Affaires étrangères où il devait rencontrer le ministre Gebran Bassil.


Arrestation d'un suspect, à Hamra. REUTERS/Hussam Shebaro



Ali Fayad, député membre du bloc de la Fidélité à la résistance (Hezbollah), a de son côté tenu à rappeler que la fermeture des passages illégaux entre le Liban et la Syrie a réduit le passage des terroristes. "La fermeture de ces passages de la mort a réduit les risques, mais ne les a pas annulés complètement", a-t-il déclaré, appelant les Libanais à l'unité et à redynamiser leurs institutions publiques.

Dans ce contexte, le quotidien as-Safir a révélé dans son édition de vendredi que l'armée libanaise a renforcé les mesures de sécurité, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth, après des informations sur une éventuelle attaque terroriste planifiée par un groupe lié à cheikh Sirajeddine Zreikat, guide spirituel des Brigades Abdallah Azzam.

Une source de sécurité a révélé à as-Safir qu'un suspect, arrêté récemment, avait fait des aveux importants à ce sujet. Selon cette même source, les renseignements étrangers ont mis en garde contre des attaques contre des hôpitaux dans la banlieue sud de Beyrouth et d'autres régions libanaises ou contre des tentatives d'assassinat.

Le Liban a été frappé par plusieurs attentats meurtriers, après la dégradation de la situation sécuritaire en raison du conflit en Syrie voisine.


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commentaires (4)

Le premier à conduire "la scène libanaise à être une copie" de l'enfer de la Syrie et maintenant de l'Irak c'est sayyed Hassan Nasrallah. Sa Clémence sort de son trou et, à propos de l'Irak, nous assure que son "jihad" "sera là où il devra être". C'est à dire que, s'il en reçoit l'ordre de son chef Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution iranienne, il enverra immédiatement les jeunes du Hezbollah à la mort en Irak en plus de la Syrie, pour la guerre "glorieuse" entre sunnites et chiites ! Sa Clémence veut attirer à tout prix au Liban Daech et son terrorisme encore bien plus "brillant" que celui des autres criminels hallucinés pour le paradis et ses vierges. Avec tout cela comment voulez-vous que toutes les "cellules dormantes" ne se réveillent pas dans ce pays de tous les malheurs ?

Halim Abou Chacra

17 h 39, le 20 juin 2014

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Commentaires (4)

  • Le premier à conduire "la scène libanaise à être une copie" de l'enfer de la Syrie et maintenant de l'Irak c'est sayyed Hassan Nasrallah. Sa Clémence sort de son trou et, à propos de l'Irak, nous assure que son "jihad" "sera là où il devra être". C'est à dire que, s'il en reçoit l'ordre de son chef Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution iranienne, il enverra immédiatement les jeunes du Hezbollah à la mort en Irak en plus de la Syrie, pour la guerre "glorieuse" entre sunnites et chiites ! Sa Clémence veut attirer à tout prix au Liban Daech et son terrorisme encore bien plus "brillant" que celui des autres criminels hallucinés pour le paradis et ses vierges. Avec tout cela comment voulez-vous que toutes les "cellules dormantes" ne se réveillent pas dans ce pays de tous les malheurs ?

    Halim Abou Chacra

    17 h 39, le 20 juin 2014

  • Il faudra renforcer donc les mesures de sécurité autour du camp palestinien de Aïn el-Héloué ce camp qui est devenu la base la plus importante des terroristes au Liban .

    Sabbagha Antoine

    14 h 39, le 20 juin 2014

  • Et romain nadal continuera à nous dire que daech est l'allié des forces syriennes légitimes !

    FRIK-A-FRAK

    14 h 30, le 20 juin 2014

  • Est-ce que le citoyen libanais, quel qu il soit pourrait il um jour vivre em Paix et em Secutite?

    Spiridon Araman

    13 h 05, le 20 juin 2014

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