Pas de doute dans l'affaire de la construction illégale édifiée par un responsable du Hezbollah sur un terrain appartenant à l'Église maronite, dans la localité chiito-chrétienne de Lassa, dans le caza de Jbeil : la crédibilité de l'État est en jeu. Le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a informé hier le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, que « l'affaire des biens-fonds contestés ou dont la propriété est établie à Lassa est entre les mains de la justice, et le magistrat en charge du dossier a décidé qu'aucune modification ne doit y être apportée, en attendant son jugement définitif ».
Il l'a fait à l'occasion d'une visite qu'il a effectuée hier à Bkerké, au cours de laquelle il a abordé la vacance à la présidence de la République, la visite (du patriarche) en Terre sainte et enfin le problème du bien-fonds 61 à Lassa, appartenant à l'Église maronite (et plus particulièrement à l'évêché de Jounieh), sur lequel un édifice est en cours de construction, dans l'illégalité et l'impunité les plus totales, à l'initiative d'un particulier, Yaçar Mokdad, responsable au sein du Hezbollah.
Ce dernier prétend que le bien-fonds lui appartient, en vertu d'une pièce justificative dénuée de toute valeur légale délivrée par le moukhtar du lieu. Et le ministre de la Justice d'ajouter qu'en la matière, « il est en contact permanent avec le procureur général du Mont-Liban ».
« Comment allons-nous jamais édifier un État si nous ne respectons pas les droits d'autrui ? » a-t-il conclu.
La déclaration du ministre de la Justice est toutefois en retard par rapport à une décision de justice ordonnant la démolition de l'édifice construit, « décision entrée en vigueur samedi dernier, à 14 heures », selon une déclaration faite hier par l'avocat de l'évêché de Jounieh, André Bassil.
« L'édifice construit par Yaçar Mokdad sur le bien-fonds 61 à Lassa est toujours là », a précisé M. Bassil.
« Nous sommes décidés à faire appliquer la décision de démolition prononcée par le parquet, a-t-il ajouté, mais les Forces de sécurité intérieure en seront-elles capables ? »
M. Bassil s'est par ailleurs défendu de vouloir empêcher qu'un cadastre de Lassa soit établi, comme l'en a accusé l'homme en situation illégale. « Mokdad cherche tout simplement à gagner du temps, pour poursuivre la construction de l'édifice et créer une situation irréversible, a-t-il dit. Nous insistons pour que la démolition ait lieu avant le cadastre ; celui-ci est en cours et comprend notamment le bien-fonds 61. »
Farès Souhaid et l'autorité de l'État
Pour l'ancien député Farès Souhaid, fils de la région, « la région de Lassa est désormais emblématique ! Si la loi est appliquée à Lassa, elle le sera partout. L'autorité de l'État est en jeu ».
Signalons sur un tout autre plan que l'Église maronite tient, à partir de mercredi, son synode annuel. Pour la première fois, ce synode se tiendra en deux temps, entrecoupé d'un week-end : un temps de retraite d'abord (11-14 juin), et un temps de travail pastoral et ecclésial (16-19 juin) . Le prédicateur de la retraite sera le P. Makram Kozah.
commentaires (5)
CORRECTION ! Merci : "Les "propriétaires" de petits lopins de terre à la campagne constituent la + grande masse de la population libanaise, dont les membres...."
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 56, le 12 juin 2014