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À La Une - Elections

Présidentielle en Egypte : victoire écrasante de Sissi, faute d'opposition

Le taux de participation s'établirait finalement à quelque 47%, soit 25 millions de votants, selon le gouvernement.

L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté jeudi comme prévu une victoire écrasante avec 96% des voix à la présidentielle en Egypte. REUTERS/Asmaa Waguih

L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté comme prévu une victoire écrasante avec 96% des voix à la présidentielle en Egypte, 11 mois après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi et éliminé toute opposition, religieuse ou laïque.

Son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la gauche et considéré souvent comme un simple faire-valoir, a reconnu sa défaite jeudi, n'empochant que 3,8% des suffrages validés, selon des résultats préliminaires mais portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote.

Ce véritable plébiscite, prédit par tous les experts depuis que le maréchal à la retraite Sissi a renversé M. Morsi le 3 juillet 2013, a précipité en pleine nuit dans les rues du Caire des milliers de supporteurs de l'homme fort du pays, objet d'un véritable culte de la personnalité depuis qu'il a chassé du pouvoir des islamistes régulièrement élus mais vite devenus impopulaires.
Concerts de klaxons, feux d'artifice, danses et chants ont retenti toute la nuit et les télévisions publiques et privées, promoteurs unanimes de la Sissi-mania depuis 11 mois, ont rivalisé de longues heures de plateaux peuplés d'experts et commentateurs remplis d'extase.

 

(Repère : La présidentielle égyptienne en 10 points)

 


Cette victoire était cependant courue d'avance dans un pays où toute voix dissidente est réprimée et les opposants décimés, emprisonnés ou devant la justice.
Les pro-Morsi ont été les premières victimes de l'implacable répression des autorités installées par M. Sissi qui a fait plus de 1.400 morts dans leurs rangs, quelque 15.000 arrestations et des centaines de condamnations à mort expéditives. Les mouvements de la jeunesse progressiste et laïque ont ensuite été les cibles des forces de l'ordre et de la justice, qui a interdit le principal mouvement.

Les observateurs de l'UE ont trouvé jeudi que l'élection, qui s'est déroulée sur trois jours, a été "organisée dans le respect de la loi", mais estimé du bout des lèvres que "la non participation de certains acteurs" de l'opposition a "compromis la participation de tous au scrutin".

La "légende du sauveur"
Trois ans après la révolte qui renversa Hosni Moubarak, les militants des droits de l'Homme accusent le pouvoir dirigé de facto par les militaires d'être encore plus autoritaire que celui de M. Moubarak, même s'il jouit d'une grande popularité au sein d'une population majoritairement excédée par trois années de chaos dans un pays ruiné.


Le score de M. Sissi, seul homme à poigne capable de ramener la stabilité et de redresser l'économie en ruines selon ses partisans, "nous ramène à une configuration qu'on espérait ne plus revoir après les révolutions arabes de 2011", déplore toutefois Karim Bitar, directeur de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques en France. "Peu de gens auraient imaginé, à la chute de Moubarak, que trois ans plus tard, un maréchal en lunettes de soleil, nouveau pharaon, se ferait élire à 96%, sans même avoir présenté un programme ou fait campagne", poursuit ce spécialiste du Moyen-Orient.

 

(Reportage : Dans un fief islamiste égyptien, le seul président, c'est Morsi)

 

Mais ce score reste suspendu au taux de participation, que les autorités ont voulu doper en ajoutant un troisième jour de scrutin au dernier moment. Il s'établirait finalement à quelque 47%, soit 25 millions de votants, selon le gouvernement. Comme l'écrit Shadi Hamid, chercheur au Saban Center américain, dans l'immédiat "nous n'avons aucun moyen de vérifier les chiffres du gouvernement, il n'y aucun comptage parallèle et pas assez d'observateurs internationaux".


M. Sissi, qui réclamait avec obsession un adoubement populaire massif, avait espéré pas moins de "45 millions" de voix. Il est finalement élu avec plus de 21 millions des suffrages exprimés. Le taux de participation est inférieur à la présidentielle de 2012 (51,85%), mais le maréchal empoche près du double des voix qu'avait alors recueillies M. Morsi (13,2 millions), fait valoir le camp Sissi.

La coalition pro-Morsi, qui appelait au boycott, s'est félicitée d'avoir remporté "la victoire dans la bataille des bureaux de vote vides", y voyant "la chute du coup d'Etat militaire" du 3 juillet.

Si "les médias officiels ont contribué à forger à M. Sissi une légende de sauveur et d'homme providentiel, ce matraquage n'a pas suffi à mobiliser les masses", le privant du "plébiscite qu'il espérait", analyse M. Bitar.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch souligne en outre "le climat de répression qui sape gravement l'impartialité de cet élection", rappelant les "milliers d'arrestations d'opposants, islamistes et laïques, qui ont verrouillé l'espace politique et privé le scrutin de toute signification".

 

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L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi a remporté comme prévu une victoire écrasante avec 96% des voix à la présidentielle en Egypte, 11 mois après avoir destitué l'islamiste Mohamed Morsi et éliminé toute opposition, religieuse ou laïque.Son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la gauche et considéré souvent comme un simple faire-valoir, a reconnu sa...

commentaires (6)

Sissi a reçu une éducation anglo-américaine. Militaire, il a d’abord suivi un cursus au Joint Services Command and Staff College, prestigieuse académie militaire britannique, puis s’est perfectionné à l’United States Army War College. Il a notamment été attaché militaire à l’ambassade d’Egypte en Arabie saoudite puis chef des services de renseignements militaires égyptiens. Expérience au cours de laquelle il a renforcé ses liens avec ses homologues israéliens pour éradiquer les infiltrations des islamistes au Sinaï et dans la bande de gaza. Il n’est pas étonnant que sont principal soutient aux Etats-Unis provienne de l’AIPAC le très influent lobby pro-israélien à Washington, qui fit pression sur l'administration américaine, pour éviter qu'elle ne mette en place des rétorsions sur l'Egypte . le journaliste égyptien Saber Mashhour avait créé la polémique en affirmant que le Général al-Sissi était juif par sa mère et qu’il avait grandi dans le quartier juif. Cette affirmation vérifiée par la suite ne l’a pas empêché d’être élu avec un score écrasant .Les égyptiens lui sont reconnaissant de leur avoir permis d’échapper à une destinée théocratique à l’iranienne ; Une aube nouvelle se lève sur l’Egypte. Les églises sont dorénavant gardiennées et les barbus forcenés tenus à distance des plages et des hôtels. Un esprit laïc doublé d’un nationalisme progressiste traverse les institutions … un exemple pour le liban

ANDRE HALLAK

22 h 03, le 29 mai 2014

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Commentaires (6)

  • Sissi a reçu une éducation anglo-américaine. Militaire, il a d’abord suivi un cursus au Joint Services Command and Staff College, prestigieuse académie militaire britannique, puis s’est perfectionné à l’United States Army War College. Il a notamment été attaché militaire à l’ambassade d’Egypte en Arabie saoudite puis chef des services de renseignements militaires égyptiens. Expérience au cours de laquelle il a renforcé ses liens avec ses homologues israéliens pour éradiquer les infiltrations des islamistes au Sinaï et dans la bande de gaza. Il n’est pas étonnant que sont principal soutient aux Etats-Unis provienne de l’AIPAC le très influent lobby pro-israélien à Washington, qui fit pression sur l'administration américaine, pour éviter qu'elle ne mette en place des rétorsions sur l'Egypte . le journaliste égyptien Saber Mashhour avait créé la polémique en affirmant que le Général al-Sissi était juif par sa mère et qu’il avait grandi dans le quartier juif. Cette affirmation vérifiée par la suite ne l’a pas empêché d’être élu avec un score écrasant .Les égyptiens lui sont reconnaissant de leur avoir permis d’échapper à une destinée théocratique à l’iranienne ; Une aube nouvelle se lève sur l’Egypte. Les églises sont dorénavant gardiennées et les barbus forcenés tenus à distance des plages et des hôtels. Un esprit laïc doublé d’un nationalisme progressiste traverse les institutions … un exemple pour le liban

    ANDRE HALLAK

    22 h 03, le 29 mai 2014

  • Il faut donner la bienvenue au nouveau président Egyptien. Espérons qu'il fasse le bien de l'Egypte et des interets de la Nation dans le respect des différences et qu'il appuie la cause Palestinienne contre les criminels sionistes pour etre en phase avec le peuple qui l'a voté.

    Ali Farhat

    20 h 40, le 29 mai 2014

  • Une victoire sans surprise pour une Egypte qui ne connaitra jamais la démocratie.

    Sabbagha Antoine

    16 h 32, le 29 mai 2014

  • En nous voilà reparti avec des démocraties fantoches et bidon pour des siècles et des siècles Amen!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 59, le 29 mai 2014

  • On dira que c'est une victoire contre le hezb résistant qui avait aussi son candidat , loooolll....

    FRIK-A-FRAK

    12 h 38, le 29 mai 2014

  • Ils ont dû travaillé dur ...pour ne pas afficher 101 %...!

    M.V.

    12 h 17, le 29 mai 2014

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