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Moyen Orient et Monde - Crise

La Russie menace d’intervenir en Ukraine si ses intérêts sont menacés

Moscou juge « destructrice » l'organisation d'une élection présidentielle sans dialogue avec les prorusses ; Gazprom dénonce les impayés « intolérables » de Kiev.

Les premières troupes américaines sont arrivées hier à la base polonaise de Swidwin. Au total 150 hommes sur 600 annoncés par Washington. Janek Skarzynski / AFP

Après quelques jours d'espoir d'apaisement nés de la signature d'un compromis international à Genève, le ton est monté de nouveau entre Moscou et les Occidentaux, qui s'accusent mutuellement d'orchestrer les actes de leurs partisans et déploient leurs troupes près des frontières ukrainiennes.


La Russie s'est dit prête hier à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'est de l'Ukraine. « Si nos intérêts légitimes (...) étaient attaqués directement, comme par exemple ils l'avaient été en Ossétie du Sud (territoire séparatiste en Géorgie), je ne vois pas d'autre manière que de répondre, dans le respect du droit international », a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. « Une attaque contre les citoyens russes est une attaque contre la Russie », a-t-il martelé. Moscou a ensuite exigé le retrait des troupes ukrainiennes de l'Est et jugé « destructrice » l'organisation d'une élection présidentielle le 25 mai, comme prévu actuellement, sans dialogue avec les prorusses.
Et M. Lavrov d'ajouter : « Je n'ai aucune raison de ne pas croire que les Américains dirigent ce spectacle de la manière la plus directe. » Les États-Unis qui accusent Moscou d'être derrière les troubles dans l'Est ont produit des photos prouvant la supposée implication des forces russes sur place. « Des photos truquées par ordinateur », a répliqué M. Lavrov. « Tout le monde utilise des armes légères russes en Ukraine, des kalachnikovs et des pistolets Makarov, donc ce n'est pas très convaincant », a-t-il ajouté.
Après une brève visite du vice-président américain Joe Biden à Kiev, Washington a d'ailleurs annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes, dont 150 hommes de la 173e brigade aéroportée sont arrivés dès hier à la base polonaise de Swidwin.

 

(Commentaire : La fin du nouvel ordre du monde)

 

 

 

Les habitants incrédules
Le président par intérim Olexandre Tourtchinov a justifié de son côté la relance des opérations antiséparatistes dans l'Est par la découverte de deux corps portant des traces de torture près de Slaviansk. L'un deux a été identifié comme appartenant à Volodymyr Rybak, élu local du parti pro-occidental de Ioulia Timochenko, Batkivchtchina (Patrie). Conseiller municipal de Gorlivka, dont la mairie est contrôlée par les prorusses, il avait disparu jeudi dernier après avoir participé à une manifestation en faveur de l'unité de l'Ukraine, selon le ministère de l'Intérieur, mettant en cause les séparatistes de Slaviansk. « Son corps portait de multiples coups de couteau. C'est horrible », a indiqué hier Olena Rybak, l'épouse de l'élu qui va être enterré aujourd'hui. Les services de sécurité (SBU) ont accusé un haut gradé des renseignements de l'état-major des armées russes (GRU) d'avoir commandité le meurtre.


Mais l'« opération antiterroriste », qui avait tourné à la déroute la semaine dernière, n'affiche pour l'instant qu'un succès modeste : la « libération » selon Kiev de Sviatoguirsk, une ville de 5 000 habitants où les habitants incrédules n'avaient observé aucune occupation séparatiste.
Car pendant ce temps, contrôlée par des hommes en armes, certains cagoulés et portant des uniformes sans insigne, Slaviansk, ville de plus de 100 000 habitants au nord de Donetsk, est devenue la place forte des séparatistes dans l'est de l'Ukraine. Son « maire » autoproclamé Viatcheslav Ponomarev, qui a demandé à Vladimir Poutine d'envoyer des troupes russes pour protéger la population des nationalistes ukrainiens, y a décrété un couvre-feu depuis dimanche.

 

(Lire aussi : Guerre des mots entre les patriarches russe et ukrainien avant Pâques)

 

Une solution de plus en plus difficile
Un journaliste se trouvant sur place pour le site américain Vice News, Simon Ostrovsky, y est retenu depuis mardi par les séparatistes. À Washington, le département d'État s'est dit « très inquiet » de « l'enlèvement » du journaliste, qui a travaillé plusieurs années pour l'AFP en Azerbaïdjan.
Dans ce contexte, « chaque jour qui passe (...) rend une solution de plus en plus difficile », a reconnu le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.

 


De son côté, la société russe Gazprom a de nouveau brandi la menace gazière dénonçant les impayés « intolérables » de l'Ukraine, qui devraient atteindre 3,5 milliards de dollars début mai et risquent d'entraîner une coupure pure et simple des livraisons. La Russie a d'ailleurs proposé au commissaire européen à l'Énergie Günther Oettinger d'organiser une rencontre trilatérale avec l'Ukraine et l'Union européenne sur le gaz le 28 avril à Moscou, a indiqué hier un porte-parole du ministère de l'Énergie russe.

 

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