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À La Une - Naufrage

Appels à l'aide et amour filial: les derniers messages des lycéens dans le ferry en Corée

"Je t'envoie ceci au cas où je ne puisse plus te le dire. Maman je t'aime."

La détresse des proches des lycéens disparus dans le naufrage d'un ferry, en Corée du Sud. AFP PHOTO / ED JONE

Messages de panique, de désespoir et d'amour filial... Nombre d'adolescents sud-coréens ont appelé leurs parents alors que le ferry qui les transportait vers l'île de Jeju, dans le sud du pays, s'est immobilisé, avant de sombrer mercredi matin.

 

Jeudi, près de 300 personnes, dont beaucoup des lycéens qui étaient en voyage scolaire, manquaient encore à l'appel. Neuf corps ont été retrouvés.

 

"Je t'envoie ceci au cas où je ne puisse plus te le dire. Maman je t'aime", a écrit Shin Young-Jin sur son smartphone. "Oh, mais je t'aime moi aussi!", lui a répondu sa mère, qui ignorait alors que son fils tentait d'échapper à la mort, dans un bateau qui coulait vers le fond. A la différence de beaucoup d'autres, cet échange a une fin heureuse. Le jeune garçon est un des 179 rescapés de l'accident.

 

Kim Woong-Ki, 16 ans, a, lui aussi envoyé un message texto désespéré à son frère aîné, implorant son aide alors que le ferry, doté de plusieurs étages, basculait vers l'avant. "La pièce dans laquelle je suis penche à 45 degrés, mon téléphone ne marche plus très bien", écrit Kim. "Ne panique pas, fais ce qu'on vous dit de faire et tu vas t'en sortir", lui répond l'aîné. L'adolescent fait partie des 287 personnes dont on est sans nouvelles.

 

Mercredi, le ferry, après avoir semblé heurter un obstacle, s'est immobilisé brusquement. L'équipage a alors demandé aux passagers de ne pas bouger de leurs sièges ou leurs cabines.  "Nous avons attendu 30 à 40 minutes", a raconté un lycéen. "Et puis (le ferry) a basculé, tout le monde s'est mis à hurler et à essayer désespérément de sortir de là". Des images prises à bord par le smartphone d'un rescapé montrent une femme hurlant "l'eau arrive! l'eau arrive!". Lorsque le ferry a piqué du nez, beaucoup ne pouvaient plus sortir, glissant au fond des couloirs.

 

Sur des images vidéo prises depuis la mer, lors du naufrage, des passagers terrifiés, en gilet de sauvetage, grimpent dans des canots de sauvetage alors que l'eau recouvre peu à peu le pont et que le ferry glisse doucement vers le fond. D'autres se jettent à l'eau et sont récupérés par des sauveteurs, dont des équipages de bateaux de pêche arrivés les premiers sur les lieux.

 

 

 

"Papa, ne t'en fais pas. Je porte mon gilet de sauvetage et je suis avec les autres filles. Nous sommes dans le bateau, dans le couloir", a écrit une lycéenne, identifiée dans la presse par son seul prénom, Shin. Son père lui a alors ordonné de sortir à tout prix mais il était trop tard. "Papa, je ne peux pas. Le bateau penche trop. Le couloir est plein de gens", dit-elle dans son dernier message.

 

D'autres encore ont appelé directement leurs parents. "Elle m'a dit que le bateau basculait et qu'elle ne pouvait plus rien voir", a raconté une mère au quotidien Dong-A Ilbo. "Elle m'a dit +Je n'ai pas encore mis mon gilet de sauvetage+. Et puis la ligne a été coupée".

 

 

Le ferry s'est complètement retourné. AFP PHOTO/YONHAP

 

Les secouristes redoublaient d'efforts jeudi matin pour retrouver des survivants alors que l'espoir s'amenuise avec chaque heure qui passe. Outre les neuf corps retrouvés, il reste 287 personnes dont on est sans nouvelle, sur les 475 qui étaient à bord, dont 325 lycéens, ont indiqué les garde-côtes.

Les sauveteurs ont travaillé toute la nuit à la lumière de projecteurs puissants, mais la violence des courants et une visibilité réduite sous l'eau ont empêché les plongeurs de pénétrer dans l'épave immergée. "Ils n'ont pas pu entrer dans les cabines", a indiqué un porte-parole des garde-côtes. Les secours espèrent encore trouver des survivants dans des poches d'air et chaque heure compte. Trois grues géantes ont été déployées sur le site pour essayer de redresser l'épave.

 

 

 

Le capitaine interrogé
Le Sewol, un bateau de 6.825 tonnes, a sombré à une vingtaine de km de la côte sud, dans une zone maritime émaillée d'îles. Seule sa quille émergeait encore hors de l'eau. Les causes de l'accident ne sont pas connues mais des témoignages de passagers laissent entendre que le ferry a heurté le fond. Le capitaine, qui fait partie des rescapés, était interrogé par les garde-côtes.

 

Les lycéens, provenant d'une école au sud de Séoul, se rendaient en voyage scolaire sur l'île de Jeju, un des hauts lieux touristiques de Corée du Sud. Sur l'île de Jindo, voisine du naufrage, des proches des passagers étaient accueillis dans un gymnase, qui retentissait des cris de désespoir et de colère. "Ma fille est là-bas quelque part, dans la mer froide. S'il vous plait, aidez-la", suppliait Park Yu-Shin.

L'ampleur du drame a stupéfait la Corée du Sud, pays riche et moderne, qui pensait avoir relégué dans le passé ce type de catastrophes. Un accident d'autant plus cruel que nombre de victimes sont à peine sortis de l'enfance.

 

 
 

Cris et sifflets
Le Premier ministre Chung Hong-Won s'est rendu dans le gymnase et a été salué par des cris et des sifflets de parents. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a adressé sa "sympathie du fond du coeur" aux familles éplorées. Un bateau avec à son bord des proches des passagers a quitté Jindo jeudi matin pour se rendre sur le lieu du drame. Les sauveteurs pensent que les passagers se sont retrouvés piégés, incapables de remonter le long des coursives lorsque le bateau a basculé vers le fond de la mer.

Un responsable des recherches, Cho Yang-Bok, estime qu'"il y a peu de chance" que quelqu'un piégé dans le navire ait pu survivre dans une poche d'air, plus de 24 heures après le naufrage.

 

Des centaines de ferries assurent les liaisons entre les côtes sud-coréennes et les îles chaque jour, et les accidents sont rares. Mais 300 personnes avaient trouvé la mort en octobre 1993 lorsqu'un ferry avait chaviré au large de la côte occidentale.

 

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