Vers une escalade armée entre Israël et la Syrie?

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti hier qu'Israël réagirait « avec force » après une explosion sur le Golan occupé, qui a blessé quatre soldats israéliens, un nouvel incident qui fait craindre une escalade militaire entre l'État hébreu et la Syrie. « La frontière syrienne fourmille d'éléments jihadistes et du Hezbollah, ce qui constitue un nouveau défi pour Israël », s'est inquiété M. Netanyahu. « Ces dernières années, nous avons réussi à maintenir le calme (sur le plateau du Golan) malgré la guerre civile en Syrie, mais là aussi nous agirons avec force, pour assurer la sécurité d'Israël », a-t-il insisté. L'État hébreu a en outre informé la Force des Nations unies chargée de superviser le cessez-le-feu en place depuis 1974 sur les hauteurs du Golan (FNUOD) de la « gravité » de l'incident.

L'artillerie israélienne a pour sa part riposté en visant des positions de l'armée syrienne. Un porte-parole de l'armée a précisé que les tirs avaient « atteint leur cible », soulignant que « l'armée syrienne est responsable de ce qui se passe, c'est le sens de notre réplique à cette attaque ». « Il y a un nombre croissant d'attaques dans la zone frontalière et nous devons nous y préparer », a également expliqué le lieutenant-colonel Peter Lerner, sans être en mesure de dire si le Hezbollah, allié du régime syrien, était responsable de l'attentat d'hier.

Toutefois, selon des sources diplomatiques bien informées, Israël tente d'imputer la responsabilité de l'attaque sur le Golan au Hezbollah. Pour preuve, les allégations de la radio militaire israélienne selon lesquelles ce dernier incident constitue une « nouvelle étape dans l'escalade » à la frontière nord d'Israël, limitrophe du Liban, et les propos de M. Netanyahu hier. Les incidents se sont en effet multipliés récemment entre l'État hébreu d'une part, la Syrie et le Hezbollah d'autre part. Samedi, des soldats israéliens ont tiré vers plusieurs « suspects » qui s'étaient approchés de la frontière israélo-libanaise. La veille, l'artillerie israélienne avait ouvert le feu contre des positions attribuées par Israël au Hezbollah, dans le sud du Liban, après l'activation d'un engin explosif au passage de soldats israéliens dans une zone frontalière sensible aux confins du Liban et de la Syrie. Le 5 mars, l'armée israélienne avait annoncé avoir tiré sur deux membres du Hezbollah et les avoir blessés, alors qu'ils installaient un engin explosif dans le nord du Golan.

Missiles sol-air
Sur le terrain en Syrie, l'armée de Damas élargissait hier son contrôle à l'ouest de Yabroud, conquise dimanche, en pénétrant dans une nouvelle localité de la région montagneuse du Qalamoun, a indiqué l'agence SANA. « L'armée syrienne progresse dans la localité de Ras al-Aïn, au sud-ouest de Yabroud, tuant de nombreux terroristes », a précisé l'agence. L'armée entend s'emparer de Rankous (au sud de Yabroud), Flita et Ras al-Maara (au nord-ouest).

(Lire aussi : A Yabroud, les soldats syriens savourent leur victoire)

Ailleurs en Syrie, l'aviation a bombardé Alep faisant au moins quatre morts, dont deux enfants. En outre, des combats ayant éclaté entre des soldats et divers groupes islamistes ont fait au moins sept morts des deux côtés. Toujours à Alep, Marcelle Shehwaro, une militante connue qui avait été arrêtée lundi par les rebelles pour avoir refusé de mettre le voile islamique, a été libérée. L'armée des Moujahidine, qui l'avait arrêtée, a publié un communiqué « s'excusant fortement » de sa détention. À Damas et sa banlieue, cinq personnes ont été tuées par des obus de mortier. Et à Homs, cinq personnes ont été tuées et 25 autres blessées par des obus lancés contre Mahata, un quartier à majorité chrétienne.

Face aux violences incessantes et aux avancées de l'armée, le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, a exhorté les Européens à fournir des armes – et notamment des missiles sol-air – à la rébellion. « Nous avons besoin d'armes antiaériennes, de missiles antiaériens », a insisté M. Jarba. Les Européens « ne doivent pas craindre que les armes fournies à l'opposition finissent dans les mains des terroristes », a-t-il affirmé. Selon lui, l'opposition « est capable » de combattre les terroristes et les extrémistes. Dénonçant une situation humanitaire « catastrophique », il a également demandé l'instauration de couloirs humanitaires. M. Jarba a enfin réclamé « une mesure contraignante » du Conseil de sécurité de l'ONU pour obliger les « milices armées » venant de l'étranger à quitter la Syrie.

(Lire aussi : Appels à mettre fin au carnage alors que la Syrie est entrée dans sa quatrième année de conflit)

De son côté, une commission d'enquête de l'ONU a accusé Daech (l'Emirat islamique d'Irak et du Levant, lié à el-Qaëda) d'avoir commis des « exécutions de masse » en janvier, assimilées à des crimes de guerre. La commission a par ailleurs établi 4 listes, conservées et non publiées par l'ONU, de noms de responsables, d'entités et groupes armés soupçonnés d'avoir commis des crimes de guerre et crimes contre l'humanité, pour un éventuel renvoi en justice.

Agence spatiale
Par ailleurs, le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi a affirmé que le montant des destructions dues à la guerre s'élève à quelque 31 milliards de dollars. Enfin, le président Bachar el-Assad a promulgué une loi créant une Agence spatiale syrienne. L'agence SANA a précisé que ce nouvel organisme se concentrerait sur la « recherche scientifique », sans donner davantage de détails. Tout cela, en pleine... guerre...

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