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À La Une - Société

Violence domestique : la rue libanaise se réveille

Franc succès de la marche pour revendiquer la promulgation de la loi pour protéger la femme de la violence domestique.

Une vue de la manifestation contre la violences conjugale qui a eu lieu le samedi 8 mars 2014 à Beyrouth. Photo Patrick Baz (collection privée,@PatrickBaz/Instagram)

Ils étaient plus de 4 000 à répondre présent à l'appel lancé par Kafa pour revendiquer la promulgation de la loi pour protéger la femme de la violence domestique.

Hier, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, femmes et hommes, tous âges et souches sociales confondus, se sont rassemblés devant le Musée national de Beyrouth, appelant les députés à se réveiller de leur léthargie. « Le peuple réclame la promulgation de la loi », criaient-ils à tue-tête brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Je ne veux pas être victime de violence, je ne vais pas me taire », « Le temps du machisme est révolu », « Le machisme mène à des jugements dangereux », « Femme libre et indépendante »...

La manifestation a débuté par un spectacle donné par le groupe Zoukak, qui a retracé le vécu de plusieurs femmes victimes de violence domestique dès leur enfance par leur père et souvent « en complicité avec les autres membres de la famille » et plus tard, par leur mari.

Les manifestants, guidés par les mères et les proches de Roula Yacoub, Manal Assi, ainsi que d'autres femmes victimes de violence domestique, se sont dirigés vers le Palais de justice, non sans avoir dénoncé les circonstances dans lesquelles ont été tuées Manal et Roula, et le non-lieu qui a été prononcé en faveur du mari de cette dernière.

« Je suis ici pour mes filles, affirme Marwan, la quarantaine. Il n'est pas normal dans un pays qui se veut civilisé de ne pas s'être encore doté d'une loi qui protègerait la femme de la violence domestique. Il est normal que je descende dans la rue, parce que la société doit évoluer. »

« Les femmes arabes ont plusieurs années de retard sur les femmes dans d'autres pays du monde, constate pour sa part Michel Elefteriadès. Elles ne doivent pas manifester uniquement pour obtenir une loi qui les protègerait de la violence, mais pour obtenir tous leurs droits. Il ne faut pas s'arrêter là. La femme libanaise doit faire sa révolution. Je suis ici par solidarité, mais c'est la femme qui doit faire sa révolution. »

« Je ne suis pas sûre que cette marche aboutira, mais il ne faut pas rester les bras croisés, confie pour sa part Joumana. Notre présence est déjà un refus de tout ce qui se passe. Nous menons cette révolution pour nos enfants et pour les victimes. »

Dans une allocution, la directrice de Kafa, Zoya Rouhana, a affirmé que le combat se poursuivra jusqu'à obtenir gain de cause.


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commentaires (4)

«Violence domestique : la rue libanaise se réveille». Elle aura tôt fait de se rendormir, cette rue, comme pour beaucoup d’autres affaires rangées dans le tiroir de la commode, près du lit. Le livre de chevet des Libanais et Libanaises a pour titre : «Comment se défouler puis se sentir à nouveau bien dans sa peau de chagrin».

Ronald Barakat

00 h 46, le 10 mars 2014

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Commentaires (4)

  • «Violence domestique : la rue libanaise se réveille». Elle aura tôt fait de se rendormir, cette rue, comme pour beaucoup d’autres affaires rangées dans le tiroir de la commode, près du lit. Le livre de chevet des Libanais et Libanaises a pour titre : «Comment se défouler puis se sentir à nouveau bien dans sa peau de chagrin».

    Ronald Barakat

    00 h 46, le 10 mars 2014

  • Je salue la manifestation d'hier qui avait pour thème principal la promulgation de la loi contre la violence domestique, en espérant que d’autres suivront pour d’autres thèmes relatifs aux droits des femmes, sans devoir attendre une prochaine journée mondiale de la femme. Je souhaite simplement que les prochaines manifestations ne soient pas trop entachées de rires et de comportements folkloriques, surtout lorsqu’on brandit les pancartes des femmes défuntes, victimes de violence conjugale, et ceci non seulement par décence, mais afin d’être mieux pris au sérieux par les autorités patriarcales. En effet, pour qu’une foule se fasse entendre, et ne donne pas l’impression d’être (en partie) hypocrite, elle doit afficher sa COLÈRE (de circonstance) qui doit se lire sur les visages des manifestant(e)s; elle doit synchroniser son langage facial et comportemental avec son langage verbal.

    Ronald Barakat

    17 h 03, le 09 mars 2014

  • Bravo pour Kafa. Attendons voir maintenant quand la promulgation de la loi pour protéger la femme de la violence domestique sera bien applicable dans notre pays toujours tribal .

    Sabbagha Antoine

    12 h 27, le 09 mars 2014

  • CE QUI CHOQUE LE PLUS C'EST DE NE PAS VOIR DU TOUT OU TRÈS TRÈS PEU DE FEMMES VOILÉES, LES PREMIÈRES DEVANT ËTRE CONCERNÉES,MAIS INTERDITES DE PARTICIPATION, PROBABLEMENT PAR LA PRÉDATION, DANS CETTE MARCHE POUR LA LIBERTÉ "DE L'ÊTRE HUMAIN" QU'EST LA FEMME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 21, le 09 mars 2014

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