Ils étaient plus de 4 000 à répondre présent à l'appel lancé par Kafa pour revendiquer la promulgation de la loi pour protéger la femme de la violence domestique.
Hier, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, femmes et hommes, tous âges et souches sociales confondus, se sont rassemblés devant le Musée national de Beyrouth, appelant les députés à se réveiller de leur léthargie. « Le peuple réclame la promulgation de la loi », criaient-ils à tue-tête brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Je ne veux pas être victime de violence, je ne vais pas me taire », « Le temps du machisme est révolu », « Le machisme mène à des jugements dangereux », « Femme libre et indépendante »...
La manifestation a débuté par un spectacle donné par le groupe Zoukak, qui a retracé le vécu de plusieurs femmes victimes de violence domestique dès leur enfance par leur père et souvent « en complicité avec les autres membres de la famille » et plus tard, par leur mari.
Les manifestants, guidés par les mères et les proches de Roula Yacoub, Manal Assi, ainsi que d'autres femmes victimes de violence domestique, se sont dirigés vers le Palais de justice, non sans avoir dénoncé les circonstances dans lesquelles ont été tuées Manal et Roula, et le non-lieu qui a été prononcé en faveur du mari de cette dernière.
« Je suis ici pour mes filles, affirme Marwan, la quarantaine. Il n'est pas normal dans un pays qui se veut civilisé de ne pas s'être encore doté d'une loi qui protègerait la femme de la violence domestique. Il est normal que je descende dans la rue, parce que la société doit évoluer. »
« Les femmes arabes ont plusieurs années de retard sur les femmes dans d'autres pays du monde, constate pour sa part Michel Elefteriadès. Elles ne doivent pas manifester uniquement pour obtenir une loi qui les protègerait de la violence, mais pour obtenir tous leurs droits. Il ne faut pas s'arrêter là. La femme libanaise doit faire sa révolution. Je suis ici par solidarité, mais c'est la femme qui doit faire sa révolution. »
« Je ne suis pas sûre que cette marche aboutira, mais il ne faut pas rester les bras croisés, confie pour sa part Joumana. Notre présence est déjà un refus de tout ce qui se passe. Nous menons cette révolution pour nos enfants et pour les victimes. »
Dans une allocution, la directrice de Kafa, Zoya Rouhana, a affirmé que le combat se poursuivra jusqu'à obtenir gain de cause.
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commentaires (4)
«Violence domestique : la rue libanaise se réveille». Elle aura tôt fait de se rendormir, cette rue, comme pour beaucoup d’autres affaires rangées dans le tiroir de la commode, près du lit. Le livre de chevet des Libanais et Libanaises a pour titre : «Comment se défouler puis se sentir à nouveau bien dans sa peau de chagrin».
Ronald Barakat
00 h 46, le 10 mars 2014