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Santé - Maladies infectieuses

Grippe : réalité et clichés

Depuis la pandémie de 2009, le virus A (H1N1) est devenu le nouveau virus de la grippe saisonnière. Selon l'OMS et les CDC aux États-Unis, près de 75 % des cas de grippe dans le monde sont dus à cette souche du virus. Néanmoins, celui-ci n'a pas fait preuve, à ce jour, de virulence excessive.

La grippe se manifeste par une fièvre, un mal de gorge, une toux sèche, un mal de tête et des courbatures. Un état qui dure généralement trois à cinq jours. Photo Anna Subbotina/Bigstock

Un vent de panique s'empare des Libanais à chaque fois qu'un décès dû aux complications de la grippe est signalé en ville. Les discours sur la « réapparition des cas de H1N1 » se multiplient alors et la crainte d'une « résurgence de l'épidémie » hausse d'un cran. Or parler de « la réapparition de cas de H1N1 est inexact », puisque depuis la pandémie de 2009, le virus A (H1N1) est devenu la nouvelle souche de la grippe saisonnière, supplantant les souches qui prédominaient jusqu'alors, explique, à L'Orient-Le Jour, le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses.
« Il est connu que les virus de la grippe subissent régulièrement des modifications, poursuit-il. Ces changements sont dus soit au drift antigénique soit à un shift du virus. Dans le premier cas, le virus modifie légèrement sa structure chaque année, de manière à faire face aux défenses immunitaires développées par l'homme pour le combattre. Cela lui permet de se maintenir pour l'hiver suivant. Le shift par contre survient toutes les dix à vingt années. Il s'agit d'un changement radical de la structure du virus. Dans ces cas, un nouveau virus, qui n'a pas de relation antigénique avec le virus de l'année précédente, apparaît, entraînant une pandémie. C'est ce qui s'est passé en 2009 avec le virus A (H1N1). C'est ce qui est également survenu en 1968, en 1977 et en 1991. C'est ce qui surviendra probablement encore dans une ou deux décennies. »
Parler donc de « réapparition des cas de H1N1 n'est pas exact », insiste encore le Dr Mokhbat. Le virus H1N1 est désormais le virus dominant de la grippe saisonnière. En effet, « depuis la pandémie de 2009, les virus grippaux le plus en circulation sont en grande majorité les A (H1N1) et A (H3N2), ainsi qu'un virus de type B », indique-t-il. « Ce dernier est bénin et moins épidémique que les virus de type A », note le Dr Mokhbat.

Un virus à la virulence non excessive
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et les Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) aux États-Unis, le virus A (H1N1) est responsable de près de 75 % des cas de grippe dans le monde. Quelque 20 % des cas sont du au virus A (H3N2) et près de 5 % des cas au virus de type B. Or le virus A (H1N1) s'est avéré être « moins virulent qu'on ne le craignait, voire moins virulent que les virus qui l'ont précédé », affirme le Dr Mokhbat. « Il n'en reste pas moins que les épidémies grippales qui surviennent généralement durant la saison froide, entre novembre et avril, ont toujours été associées à des mortalités. »
D'après l'OMS en fait, 250 000 à 500 000 des décès qui surviennent annuellement dans le monde sont attribués à l'épidémie grippale. Chaque année, celle-ci est responsable, selon l'agence onusienne, de trois à cinq millions de cas de maladies graves, qui surviennent surtout parmi les populations à risque, à savoir les enfants de moins de deux ans, les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes souffrant de maladies chroniques qu'elles soient cardiaques, pulmonaires, rénales, hépatiques, sanguines ou métaboliques (comme le diabète), ou encore les personnes souffrant d'une immunodéficience c'est-à-dire d'un affaiblissement du système immunitaire.

Moyens de se prémunir
L'OMS définit la grippe comme étant « une infection virale aiguë qui se propage facilement d'une personne à une autre ». Elle « circule dans le monde » et constitue un « sérieux problème de santé publique ».
La grippe se manifeste par une fièvre, un mal à la gorge, une toux sèche, un mal de tête et des courbatures. Cet état dure généralement trois à cinq jours. « Dans certains cas toutefois, notamment chez les populations à risque, la grippe pourrait se compliquer d'une pneumonie grippale ou d'une surinfection bactérienne, c'est-à-dire qu'une bactérie envahit le poumon qui a été affaibli par la grippe, signale le Dr Mokhbat. C'est uniquement dans ces cas, c'est-à-dire lorsque la fièvre persiste au-delà de cinq jours, qu'il y a une tombée puis une remontée de la fièvre et que le crachat contient du pus, qu'un traitement antibiotique est administré par le médecin traitant. Sinon, il n'y a absolument aucune indication pour en donner. »
Pour se protéger des souches les plus en circulation des virus de la grippe, il est recommandé de se vacciner avant le début de la saison froide, c'est-à-dire à partir du mois d'octobre. Depuis l'épidémie de 2009, les vaccins développés contiennent les souches H1N1, H3N2 et une souche du type B.
Sur le plan hygiénique, il est important de se rappeler que les mains constituent « le principal moyen pour transmettre les virus de la grippe », constate le Dr Mokhbat. De simples gestes sont à adopter :
– Couvrir sa toux et son éternuement non pas avec la main, mais avec son bras ou sa manche, pour éviter de semer ensuite des microbes sur tout ce que l'on touche. Il convient aussi de se laver les mains après avoir éternué ou toussé, ou encore après s'être mouché.
– Si on n'a pas accès au savon et à l'eau courante, il est possible d'utiliser des gels hydro-alcooliques, qui peuvent réduire la diffusion des virus.
– Si on souffre d'une grippe, il est conseillé, pour ne pas contaminer autrui, d'éviter les contacts sociaux, tels que le fait de se faire des embrassades. Il est également conseillé de rester à la maison.

Un vent de panique s'empare des Libanais à chaque fois qu'un décès dû aux complications de la grippe est signalé en ville. Les discours sur la « réapparition des cas de H1N1 » se multiplient alors et la crainte d'une « résurgence de l'épidémie » hausse d'un cran. Or parler de « la réapparition de cas de H1N1 est inexact », puisque depuis la pandémie de 2009, le virus A...

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