Allant plus loin que les États-Unis, l'Iran est prêt à fournir des équipements militaires et des conseils à l'Irak pour l'aider dans sa lutte contre el-Qaëda, a déclaré hier le général Mohammad Hedjazi, adjoint du chef d'état-major des forces armées iraniennes. Il a ajouté qu'il n'y avait pas eu « de demande pour mener des opérations communes contre les terroristes takfiristes », terme utilisé pour désigner les combattants extrémistes sunnites.
Cette semaine en Irak, pays à majorité chiite, les combattants de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), filiale d'el-Qaëda également active en Syrie voisine, ont pris le contrôle de Falloujah et de quartiers de Ramadi, 50 km plus à l'ouest, après des violences provoquées par la fermeture d'un camp de protestation de manifestants sunnites contre le gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite.
Les forces irakiennes s'apprêtaient hier d'ailleurs à lancer un assaut pour reprendre Falloujah, selon un haut responsable. Les forces spéciales ont déjà mené des opérations dans la ville, et l'armée est déployée tout autour. Une fois que les habitants auront quitté la ville, les forces de sécurité vont lancer « l'attaque pour écraser les terroristes », a assuré ce responsable gouvernemental.
Armée, EIIL et tribus
Dans la matinée, des combattants de l'EIIL se sont emparés du village de Boubali, près de Ramadi, après des combats intenses, a rapporté un témoin. Des journalistes de l'AFP ont entendu des combats sporadiques dans la ville et près de Falloujah, mais il n'était pas possible de savoir dans l'immédiat qui était impliqué. Dans la province d'al-Anbar, quatre forces sont désormais en présence : les forces gouvernementales et leurs alliés tribaux, l'EIIL et les forces antigouvernementales du « Conseil militaire des tribus ». Le commandant des forces terrestres, le général Ali Ghaidan Majid, a déclaré que 11 activistes venus d'Afghanistan et de plusieurs pays arabes avaient été tués sur l'autoroute entre Bagdad et Falloujah. Et à Ramadi, le gouvernement a lancé hier une série de frappes aériennes, tuant 25 islamistes, selon des responsables locaux.
C'est la première fois que des combattants liés à el-Qaëda prennent directement le contrôle de zones urbaines depuis l'insurrection sanglante qui avait suivi l'invasion américaine du pays en 2003. Les deux villes avaient été des bastions insurgés et les forces américaines y avaient subi leurs plus lourdes pertes depuis la guerre du Vietnam. Mais désormais, il revient aux forces irakiennes de mener la bataille, a souligné hier le secrétaire d'État américain John Kerry, en visite au Proche-Orient. « Les États-Unis continueront d'être en contact étroit » avec les autorités irakiennes et « nous les aiderons dans leur combat, mais c'est un combat qu'elles doivent à terme gagner elles-mêmes et j'ai confiance dans le fait qu'elles peuvent y parvenir », a-t-il estimé. « Nous sommes très, très préoccupés » par la montée en puissance de l'EIIL en Irak, a déclaré M. Kerry. « Ce sont les acteurs les plus dangereux dans la région », a-t-il ajouté, en évoquant « leur barbarie » et « leur brutalité ».
Ailleurs dans le pays, plusieurs attentats ont fait au moins 15 morts et 40 blessés à Bagdad, selon des responsables. Les violences en Irak, qui avaient diminué depuis 2006 après la création des milices sunnites Sahwa par l'armée américaine pour combattre el-Qaëda, ont repris de plus belle en 2013 et renoué avec leurs niveaux de 2008 avec plusieurs milliers de morts.
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commentaires (2)
Bien joue nvelle puissance regionale , l'estocade sera donnee a cette vermine avec l'aide non pas des usa , tres peu fiables mais avec des forces sunnites des tribus irakiennes qui ont tout compris et sur lesquels nos compatriotes libanais sunnites devvraient prendre exemple . La victoire ne sera qu'a ce prix et pour bientot, nshallah !
FRIK-A-FRAK
13 h 10, le 06 janvier 2014