Comme d'habitude, le 14 Mars n'a retenu du dernier discours du secrétaire général du Hezbollah que les éléments négatifs et que les menaces. Pourtant, s'il est vrai que ce discours prononcé à l'occasion d'une cérémonie en hommage à Hassane Lakkis comportait certains points musclés, il faisait aussi des propositions positives qui pourraient servir de point de départ à une nouvelle entente interne.
Concernant les menaces, sayyed Hassan Nasrallah s'est arrêté devant les propos du 14 Mars à Tripoli, dans lesquels ce camp avait qualifié, sans le nommer, le Hezbollah de groupe takfiriste importé d'Iran. Une telle accusation ne pouvait donc pas être ignorée, ne serait-ce que vis-à-vis de la communauté qui soutient les thèses du Hezbollah. Nasrallah a donc été très ferme dans sa réponse, précisant qu'il y a deux possibilités : soit le 14 Mars pense ce qu'il dit et dans ce cas il s'agit d'une déclaration de guerre, soit le 14 Mars augmente la dose verbale croyant ainsi pouvoir faire pression sur le Hezbollah et le contraindre à se retirer de Syrie. Dans ce cas, Nasrallah a affirmé que le 14 Mars se trompe comme d'habitude et, de toute façon, il doit aussi respecter l'intelligence des autres. Certains ont vu dans cette réponse la menace d'un nouveau 7 Mai 2008 et depuis des rumeurs circulent dans les milieux politiques sur des préparatifs du Hezbollah pour réaliser un coup de force militaire qui lui permettrait de prendre le contrôle de la capitale. Les sources du Hezbollah préfèrent ne pas accorder d'importance à ces rumeurs, précisant que sayyed Nasrallah a voulu être clair : les accusations portées contre le Hezbollah dans le cadre de la « déclaration de Tripoli » sont inacceptables et sont en train de pousser le pays vers le chaos, conseillant de ne pas aller si loin et de ne pas le provoquer au-delà du tolérable. Il a donc rejeté la balle dans le camp du 14 Mars, tout en laissant entendre qu'il ne se laissera pas faire.
Mais c'est sur le plan politique interne que le secrétaire général du Hezbollah a été le plus concret. En précisant que son parti est pour la tenue de l'élection présidentielle à la date prévue, Nasrallah a mis un terme à un débat interne au sein du 8 Mars et de ses alliés, certains plaidant en faveur d'une éventuelle prorogation du mandat du président Michel Sleiman, d'autant que ce scénario aurait l'aval de l'Occident et permettrait d'éviter un vide dangereux. D'autres pensent au contraire qu'une prorogation du mandat du président Sleiman signifierait ajouter une nouvelle crise à celles qui existent déjà et constituerait une nouvelle concession de la part du 8 Mars sans la moindre contrepartie. Pour ce courant, depuis 2005, le 8 Mars n'a cessé de multiplier les concessions, alors qu'il est la partie la plus forte. En 2005, il s'est empressé de conclure l'accord quadripartite avec le courant du Futur et Walid Joumblatt, donnant à ces derniers une victoire électorale et une majorité au Parlement qui leur a permis de gouverner sans lui. En 2006, il est sorti victorieux de la guerre contre Israël et, malgré cela, il a maintenu le gouvernement de Fouad Siniora, qui n'a cessé de le poignarder dans le dos. Jusqu'au 7 mai 2008. Le Hezb a alors effectué un coup de force magistral avant de remettre le pouvoir à l'armée, puis il a accepté le compromis à Doha qui a abouti à l'élection du président Sleiman. De même, en janvier 2011, lorsque le 8 Mars et ses alliés ont fait chuter le gouvernement de Saad Hariri, ils ont nommé à sa place Nagib Mikati qui n'a cessé de se démarquer d'eux. Les exemples sont donc multiples. Ce courant estime donc que la série des concessions devrait cesser, d'autant qu'elle n'est pas en train de pousser le camp du 14 Mars à en faire de son côté, puisqu'il ne cesse de durcir le ton et de poser des conditions inacceptables.
Sayyed Nasrallah a donc affirmé dans son dernier discours que le Hezbollah aura son candidat pour la présidentielle et qu'il souhaite que cette échéance constitutionnelle soit respectée. C'est aussi ce qu'a répété le chef du bloc parlementaire de la Résistance au chef de l'État au cours de la visite qu'il a effectuée à Baabda lundi. Mohammad Raad a ainsi expliqué au président Sleiman que le Hezbollah ne lui porte aucune animosité, mais considère que cette échéance est l'occasion d'ouvrir une nouvelle page au Liban. Mohammad Raad a aussi répété ce qu'a dit sayyed Nasrallah (qui avait conseillé de ne pas former un gouvernement du fait accompli) en mettant l'accent sur le danger que représenterait une telle option pour le pays. Le président et son interlocuteur sont restés chacun sur ses positions, tout en décidant de garder le dialogue ouvert entre eux pour tenter d'aboutir à une entente interne, sur la base des points positifs exprimés par Nasrallah dans son dernier discours.
Le secrétaire général du Hezbollah avait ainsi rendu un hommage appuyé à l'armée en invitant toutes les parties internes à la soutenir puisqu'elle est l'institution qui rassemble, qui unit et qui protège. Il a aussi appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale, loin d'éventuelles ingérences saoudiennes, syriennes et iraniennes (il a nommé les trois pays). Enfin, il s'est prononcé en faveur de la paix civile et du dialogue, réclamant le rejet de toute politique d'exclusion d'un camp, car nul ne peut éliminer les autres au Liban.
Il y avait donc des propositions précises et beaucoup d'ouverture dans le dernier discours de Nasrallah, à côté des menaces. C'est un peu comme l'histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Si les intentions sont bonnes, c'est la moitié pleine qui sera prise comme point de départ pour un dialogue sérieux qui aboutira à la formation d'un gouvernement « d'intérêt national ». Sinon, le Liban ira vers plus de division. Mais le véritable problème, selon les sources du Hezbollah, c'est que des dirigeants à Riyad ne veulent absolument pas d'un gouvernement avec des représentants du Hezbollah. Dans ce cas, à moitié vide ou pleine, la bouteille reste imbuvable.
Y a encore des naifs qui continuent de parler de l'ennemie israelien?? Mais le seul ennemi du Liban ce sont ces terroristes / takfiristes / salafistes qui sont en train de prosperer et se propager au Liban. Hezbollah en tete suivi par toutes les zebaleh qui ont maintenant pignon sur rue...
20 h 11, le 26 décembre 2013