Le Front islamique syrien rejette les approches US

L'ambassadeur américain en Syrie Robert Ford a indiqué que le Front islamique avait refusé de rencontrer des responsables américains, « sans donner de raisons », dans une déclaration hier à la télévision al-Arabiyya, au lendemain d'une déclaration du secrétaire d'État américain John Kerry affirmant qu'une rencontre entre les deux parties était « possible ». « Nous sommes prêts à les voir parce que nous parlons avec tous les partis et groupes politiques en Syrie », a ajouté M. Ford qui s'exprimait en arabe.
Plusieurs factions rebelles se sont unies le mois dernier pour former le Front islamique, une coalition non liée à el-Qaëda, devenue le plus important des groupes rebelles en Syrie avec des dizaines de milliers de combattants. Les Américains, qui ont renoncé en septembre à frapper militairement le régime syrien, ont régulièrement fait état de rencontres avec une « large section » des groupes rebelles, tout en excluant de parler avec ceux affiliés à el-Qaëda.
Hier, le régime syrien s'est dit « surpris » de voir les Américains dialoguer avec des « terroristes », terme utilisé par le pouvoir à Damas pour désigner l'ensemble des rebelles depuis le début de la guerre, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères repris par l'agence officielle SANA. « Comment l'administration américaine va-t-elle justifier auprès de son opinion publique son dialogue avec el-Qaëda en Syrie, alors que c'est ce même réseau qui a mené les attentats contre les tours du World Trade Center ? Comment se justifiera-t-elle alors qu'elle a envahi l'Afghanistan sous prétexte de combattre le terrorisme ? » poursuit le texte. « Il vaudrait mieux que les États-Unis lisent la charte du "Front islamique" avant de décider tout dialogue », a indiqué le ministère, rappelant que ce groupe appelait à la création d'un « émirat islamique » dans le pays.
En attendant, les détails du plan de destruction de l'arsenal chimique syrien, présentés par le directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à la réunion du conseil exécutif de l'organisation, ont été publiés hier. Les agents chimiques syriens seront transportés hors du pays par convois suivis par des GPS américains, notamment dans des camions blindés russes sous la surveillance de caméras chinoises, a annoncé l'organisation. La destruction des agents chimiques sera réalisée dans les eaux internationales sur un navire de la marine américaine, le MV Cape Ray. L'ensemble de l'arsenal syrien doit être détruit le 30 juin.

Le bilan s'alourdit
Sur le terrain, au moins 135 personnes, dont des dizaines d'enfants, ont péri depuis dimanche dans les raids de l'armée de l'air syrienne sur les quartiers rebelles d'Alep, la grande métropole du Nord, a indiqué hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les frappes aériennes se poursuivaient d'ailleurs hier sur des secteurs dans le nord et dans l'est de l'ex-capitale économique de Syrie, faisant des blessés. Selon l'OSDH et des militants, l'armée utilise des « barils d'explosifs » tapissés de béton et remplis de TNT « pour faire un maximum de destructions et de morts ».
Par ailleurs, des jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à el-Qaëda, ont décapité à Adra, près de Damas, trois hommes membres de la communauté alaouite dont est issu le président Bachar el-Assad, selon une ONG et des sites jihadistes. Depuis vendredi, l'armée, appuyée par une milice prorégime et le Hezbollah, a lancé une large offensive pour chasser les rebelles de Adra, qui se situe sur une des routes principales menant à Damas. Quelques dizaines de combattants ont péri dans ces affrontements, selon l'OSDH, qui a précisé que « les combats se poursuivaient (hier) avec une légère avancée du régime ». Cette ville est stratégique pour les rebelles car « elle est la clé pour lever le siège imposé par le régime sur la Ghouta orientale et la ville de Douma », deux bastions rebelles dans les environs de la capitale que le régime tente depuis des mois de reprendre.
Enfin, au niveau humanitaire, l'Union européenne a annoncé hier une aide de 147 millions d'euros, la plus importante jusqu'à présent, pour venir en aide aux victimes de la guerre en Syrie. L'aide débloquée par l'UE a été accordée à trois agences de l'ONU – le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Unicef – qui seront chargées de la distribuer.
(Sources : agences)

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