Rechercher
Rechercher

Liban

« Meurtres d’enfants à Tripoli » : Abou Faour se constitue partie civile

La photo qui résume l’arbitraire de la violence, qui n’épargne plus les enfants... Photo tirée du site d’al-Akhbar

Deux adolescents pauvres, vivant de la collecte de quincailleries dans les rues de Tripoli, ont été tués dimanche par des tireurs embusqués. Ils se trouvaient à bord de leur camionnette blanche, dans un quartier de Bab el-Tebbaneh. Une photo prise après l'accident montre le véhicule à la vitre frontale brisée.
Les débris ont recouvert les deux corps sans vie, gisant au volant, des deux adolescents de quinze et seize ans, visiblement visés à la tête. L'un d'eux a le buste relâché sur le siège avant, tout près de son compagnon, auquel il paraît presque s'appuyer. La tête du second, posée sur la vitre latérale ouverte, semble presque s'assoupir, si cela n'est la coulée de sang sur la carcasse empoussiérée du véhicule.


« Ces deux enfants libanais démunis n'étaient ni armés ni engagés dans la bataille. Ils n'ont pas manifesté de position politique. Ils ne faisaient que fuir une zone de démarcation où ils se sont malencontreusement trouvés », déclare avec indignation le ministre sortant des Affaires sociales Waël Abou Faour, lors d'une conférence de presse organisée au siège du ministère pour dénoncer une violence dont les enfants sont devenus des cibles gratuites.


Il fait également état d'un autre cas du même genre à Tripoli, celui « d'un enfant de sept ans tué par un franc-tireur dans la cour d'une école à Bab el-Tebbaneh ». D'autres cas similaires s'y ajoutent comme en témoigne le faire-part du décès d'un adolescent de dix-sept ans, Omar Abdellatif Hassouani, tué « alors qu'il rentrait de l'école ».


« Pareils actes que l'on croyait impossibles, d'une violence qu'aucune tension ni haine ne sauraient justifier, passent pourtant presque inaperçus dans la vague d'événements rapportés par les médias sur Tripoli », déplore le ministre. La photo des deux adolescents avait été publiée la veille dans les quotidiens al-Akhbar et al-Mustaqbal.
Mais au-delà de la stigmatisation, qui a fait l'objet d'une réunion du Conseil supérieur de l'enfance préalablement à la conférence, le ministre met le doigt sur le danger du désespoir, que favoriserait le silence face à ces dérapages. Le risque est celui d'un inversement des valeurs. « Accepter ces actes sera la défaite définitive de l'État et son abandon absolu face à ces bandes qui n'ont ni normes ni repères », insiste-t-il, précisant qu'il s'exprime « loin de toute politique ».

 

La honte du silence
Par conséquent, en sa qualité de président du Conseil supérieur de l'enfance, le ministre s'est constitué partie civile dans l'affaire « du meurtre des enfants à Tripoli ». Cette démarche, officialisée par une lettre envoyée hier au procureur général près la Cour de cassation p.i., avait été précédée par des appels effectués avec le Premier ministre sortant, le ministre sortant de la Justice et le procureur général.


« Si les francs-tireurs ne sont pas tout de suite identifiables, ceux qui ont donné l'ordre de tirer le sont », affirme-t-il, estimant que rien ne justifie la défaillance de l'État dans la poursuite des auteurs de ces meurtres.
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur le possible lien entre sa démarche et la décision prise la veille à Baabda de mettre Tripoli sous le contrôle de l'armée et d'exécuter les mandats d'arrêt, il a précisé que sa décision d'engager une action avait été prise et notifiée au Premier ministre avant la réunion de Baabda.
« Se taire serait en tout cas une honte incontestable », ajoute-t-il.
S'agissant enfin des portraits très médiatisés d'enfants portant des armes, il confie avoir relevé la question avec le ministre sortant de l'Information, pour une intervention du Conseil national de l'audiovisuel. Il laisse entendre néanmoins que celle-ci n'est pas près de venir.

Deux adolescents pauvres, vivant de la collecte de quincailleries dans les rues de Tripoli, ont été tués dimanche par des tireurs embusqués. Ils se trouvaient à bord de leur camionnette blanche, dans un quartier de Bab el-Tebbaneh. Une photo prise après l'accident montre le véhicule à la vitre frontale brisée.Les débris ont recouvert les deux corps sans vie, gisant au volant,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut