Mikati pour une dissociation entre le dossier socio-économique et les conflits politiques

Le Premier ministre démissionnaire, Nagib Mikati, a jugé nécessaire de « ne pas lier les exigences de l’entente autour des décisions et des solutions socio-économiques qui intéressent toute la population aux conflits politiques en cours au Liban ».
M. Mikati a tenu ces propos devant une délégation des organismes économiques, conduite par M. Adnane Kassar, qu’il a reçue hier au Sérail. La délégation effectue, comme on le sait, une tournée auprès des hommes politiques pour discuter avec eux des retombées négatives des conflits politiques sur l’activité économique.
S’adressant à ses hôtes, M. Mikati a mis l’accent sur l’importance d’une « collaboration de tous pour l’adoption de politiques susceptibles de trouver des solutions efficaces aux flux incessant de refugiés syriens ainsi que les fonds nécessaires pour gérer cet exode et en circonscrire les conséquences au plan de la sécurité ». « Nous sommes en pourparlers avec les Nations unies pour tenter de régler ce problème, à travers notamment l’installation de camps en Syrie », a-t-il ajouté, avant de faire état de nouvelles mesures adoptées pour un meilleur contrôle de la frontière libano-syrienne.
M. Mikati a ensuite estimé que la stabilité au Liban « reste acceptable en dépit de ce qui se passe tout près des frontières », affirmant également « ne pas craindre pour l’activité économique qui est tout aussi acceptable ». Il a cependant reconnu que l’économie nationale est « en butte à des difficultés en raison de la dégradation politique et militaire dans le monde arabe ».
Il a ensuite appelé à la formation d’un nouveau gouvernement et réaffirmé son attachement à la poursuite des investigations au sujet des événements sanglants de Tripoli et du double attentat contre les mosquées.
Plus tard, les organismes économiques ont fait publier un communiqué dans lequel ils ont indiqué avoir fait part à M. Mikati de leurs inquiétudes à cause du marasme qui frappe les différents secteurs de la production « au moment où les conflits politiques entre les principales composantes du pays ne cessent de s’amplifier ».

Mise en garde
Soulignant les craintes liées à la guerre en Syrie « qui risque d’aggraver la pression sur l’économie nationale », les organismes économiques ont mis en garde contre le blocage au niveau des institutions, notamment au niveau de la formation d’un nouveau gouvernement et appelé les dirigeants à « adopter des positions courageuses de nature à protéger et à immuniser l’économie nationale ».
Ils ont ainsi jugé fondamental que l’État impose son autorité et accorde la priorité à la sécurité à Tripoli et dans toutes les régions libanaises, tout en redynamisant les institutions. Ils ont pressé les autorités de régler le dossier des réfugiés syriens et plus particulièrement celui de la concurrence de la main-d’œuvre syrienne. Dans ce même contexte, les organismes économiques les ont invitées à privilégier la production libanaise pour répondre aux besoins des populations syriennes déplacées.
Plus tard, le Premier ministre sortant a reçu la visite du ministre de l’Énergie et de l’Eau, Gebran Bassil, qui lui a fait part des résultats de ses entretiens à Chypre au sujet du dossier des ressources pétrolières et gazières en Méditerranée. À la presse, M. Bassil, qui s’était rendu pour la même raison auprès du président de la Chambre, Nabih Berry, a affirmé avoir également rappelé devant M. Mikati « le lourd préjudice provoqué par le retard au niveau du traitement de ce dossier ».
Ce dernier s’est entretenu par la suite avec le ministre d’État, Marwan Kheireddine, puis avec l’ambassadeur du Qatar, Ali ben Hamad el-Meri, avant de recevoir le directeur des affaires du Moyen-Orient et d’Afrique au ministère suédois des Affaires étrangères, Robert Rydberg, qui a indiqué avoir abordé avec M. Mikati la conjoncture locale au Liban et le conflit en Syrie ainsi que ses répercussions sur le Liban. « Nous tenons à exprimer une nouvelle fois notre appui ferme à la souveraineté du Liban, aux efforts des responsables libanais afin de limiter les effets de la crise syrienne sur le Liban et au maintien du débat autour des problèmes au sein des institutions libanaises », a-t-il déclaré à la presse.
Sur un autre plan, M. Mikati, a demandé au secrétaire général par intérim du Haut Comité de secours « de payer des indemnités aux sinistrés de Tripoli et du quartier de Roueiss, dans la banlieue sud ».