Appel téléphonique historique entre Obama et Rohani

Le président américain Barack Obama a annoncé hier avoir parlé au téléphone avec son nouvel homologue iranien Hassan Rohani, un contact sans précédent entre États-Unis et Iran depuis 1979, survenu au moment où les négociations sur le nucléaire iranien reprennent.
« À l’instant, je viens de parler avec le président iranien Rohani », a déclaré M. Obama lors d’une intervention à la Maison-Blanche peu après 15h30 (19h30 GMT). Cette annonce était inattendue et spectaculaire. « Nous avons discuté de nos tentatives en cours de parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien », a ajouté le président américain. Le gouvernement iranien a ensuite confirmé cet appel, annoncé également sur son compte Twitter par le président iranien quasiment au moment où son homologue américain prenait la parole. Les deux présidents « ont insisté sur la volonté politique de résoudre rapidement la question nucléaire et de préparer la voie pour résoudre d’autres questions ainsi que de coopérer sur les affaires régionales », a annoncé le site Internet de la présidence à Téhéran. Selon le site, les deux présidents se sont aussi mis d’accord pour confier à leurs chefs de la diplomatie – le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d’État américain John Kerry – la mission de préparer « dès que possible » les conditions pour une « coopération nécessaire ».
« Nous sommes conscients de toutes les difficultés qui nous attendent », a ajouté M. Obama, trois jours après avoir prononcé à l’ONU un discours dans lequel il s’était dit disposé à donner une chance à la diplomatie pour tenter de résoudre ce dossier, contentieux majeur entre Téhéran et l’Occident. « Le simple fait que (cet appel) était le premier contact entre des présidents américain et iranien depuis 1979 illustre la profonde méfiance régnant entre nos deux pays », a-t-il remarqué. Mais cette conversation, trois jours après un rendez-vous manqué entre les deux présidents à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, « montre aussi une possibilité de dépasser cette histoire difficile », a-t-il estimé. « Je pense qu’il y a une base pour une solution » avec Téhéran, a encore assuré M. Obama.
Auparavant en journée, M. Rohani avait affirmé que l’Iran tiendra ses engagements sur le dossier nucléaire. Il avait également déclaré qu’il espérait que les discussions avec les Occidentaux produiraient des résultats à brève échéance, relevant que le changement d’atmosphère entre son pays et les États-Unis pourrait aboutir à une modification de leurs relations. Plus tôt encore, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait jugé « très constructives » les discussions menées hier avec l’Iran sur son programme nucléaire. « Nous sommes convenus de nous rencontrer à nouveau le 28
octobre. Nous amorcerons alors les discussions substantielles sur la façon de résoudre toutes les questions en suspens », a déclaré le chef des inspecteurs de l’Agence, Herman Nackaerts. Reza Najafi, le nouvel ambassadeur iranien auprès de l’AIEA, lui a fait écho, soulignant que les deux camps avaient mené des « discussions constructives sur différents sujets ».

Règlement d’ici à un an
M. Zarif a affirmé jeudi à New York qu’avec ses homologues, ils s’étaient fixé l’objectif d’essayer de parvenir à un accord « d’ici à un an ». Et M. Kerry a laissé entrevoir une levée de certaines sanctions, à l’issue d’une rencontre historique avec son homologue iranien. MM. Kerry et Zarif se sont serré la main et ont discuté en tête à tête pendant plus de 30 minutes au siège de l’ONU. Mais tout en se félicitant d’une « vision » et d’un « ton » nouveaux de la part des Iraniens, M. Kerry a indiqué qu’il restait « beaucoup de travail » à faire.
Les grandes puissances attendent maintenant des gestes concrets. Pékin et Washington ont ainsi invité Téhéran à « répondre de manière positive » à l’offre déjà sur la table. De même, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a demandé à l’Iran d’agir vite pour dissiper les craintes des Occidentaux. Les négociations avec l’Iran doivent reprendre les 15 et 16 octobre à Genève.
(Sources : agences)