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Moyen Orient et Monde - Exactions

La tolérance religieuse à l’épreuve des violences sectaires en Centrafrique

En Centrafrique où les religions se côtoyaient sans heurts depuis l’indépendance, l’apparition brutale de violences confessionnelles a fait l’effet d’un cataclysme, même si responsables religieux et politiques préfèrent y voir une simple « criminalité » et non une dérive vers une guerre de religion. « Il ne peut pas y avoir de conflit interreligieux chez nous. Moi je suis protestant. Ma femme est catholique. Nous avons des enfants catholiques ou protestants, voire musulmans », témoigne Isaac Fokpou, cadre dans la santé publique à Bangui, où églises, temples et mosquées cohabitent sans souci et où les familles « multiconfessionnelles » ne sont pas rares. Mais comme nombre de ses compatriotes, il a été particulièrement choqué par les représailles ciblant spécifiquement des musulmans et des chrétiens lors des violents affrontements début septembre entre ex-rebelles de la coalition Séléka – musulmans désormais au pouvoir – et groupes d’autodéfense formés par des paysans – chrétiens comme la très grande majorité de la population. Ces affrontements autour de Bossangoa (250 km au nord-ouest de Bangui), région d’origine du président déchu François Bozizé, ont fait une centaine de morts et au moins 20 000 déplacés, chrétiens et musulmans. « Le comportement des Séléka n’est pas religieux. Ils violent les femmes, ils boivent de l’alcool, prennent de la drogue (...). On a plutôt affaire à des bandits, des mercenaires », assure Béatrice Epaye, présidente de la Fondation Voix du cœur – aide aux enfants des rues – et membre du Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire centrafricain.
Depuis la prise du pouvoir à Bangui de Michel Djotodia – premier président de confession musulmane du pays –, les témoignages accablants s’accumulent sur les exactions perpétrées par ces combattants, issus de mouvements rebelles et de groupes armés venus des zones frontalières avec le Tchad et le Soudan. « Je ne pense pas qu’il puisse y avoir un conflit interreligieux en Centrafrique, parce que chaque musulman a au moins des liens solides avec un ou plusieurs chrétiens », juge el-Hadj Moussa Rodoane Djarass, ancien dirigeant de la communauté islamique de Centrafrique : « Et ces liens empêchent toute velléité de conflit interreligieux, même si le politique a tendance à vouloir monter les uns contre les autres. » Pour l’évêque de Bossangoa, Mgr Nestor Désiré Nongo Aziagbia, « la crise n’est pas religieuse, c’est avant tout une crise économique et politique. La dimension religieuse n’est qu’une incidente ». Mais ajoute-t-il, dans le chaos actuel où est plongée la Centrafrique, « il y a des signes qui font peur, des menaces, des appels à la haine religieuse ».

Conflit éleveurs-agriculteurs
D’autant que ces violences se greffent sur des contentieux plus anciens, rappelle le sociologue centrafricain Isidor Waka. Sous le régime déchu, les musulmans étaient harcelés, rackettés sans cesse par les forces de l’ordre : « Les ex-rebelles sont dans une sorte de vengeance de ce que les musulmans ont vécu sous l’ancien régime », commente-t-il. Et un conflit ancestral sur la terre oppose éleveurs nomades – musulmans et souvent assimilés par la majorité de la population à des Tchadiens – et agriculteurs sédentaires, chrétiens, ajoute-t-il. Ces divisions « ne reposaient pas fondamentalement » sur des considérations religieuses, tempère Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) en charge de l’Afrique. Et actuellement, il s’agit de « comportements criminels et mafieux plutôt qu’idéologiques » de la part des combattants Séléka, selon lui : « Qu’un camp instrumentalise la religion contre l’autre, ce n’est pas nouveau. »

(Source : AFP)
En Centrafrique où les religions se côtoyaient sans heurts depuis l’indépendance, l’apparition brutale de violences confessionnelles a fait l’effet d’un cataclysme, même si responsables religieux et politiques préfèrent y voir une simple « criminalité » et non une dérive vers une guerre de religion. « Il ne peut pas y avoir de conflit interreligieux chez nous. Moi je suis...
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