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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Fifty-fifty

Expliquer l’inexplicable aux Libanais, soutenir la chose et son contraire, relayer un message qualifié de fort et s’appliquer, dans le même temps, à vider celui-ci de toute substance : elle a bien mérité son séraphique prénom, l’ambassadrice Eichhorst, qui fait preuve, ces jours-ci, d’une patience véritablement angélique en se livrant, sourire aux lèvres, imperméable aux remontrances, à la mission absolument impossible dont elle a écopé.

D’une certaine manière pourtant, l’extravagante décision de l’Union européenne de classer comme terroriste la branche militaire – et seule la militaire – du Hezbollah représente un singulier tour de force. Car si cette mesure a irrité la milice chiite, elle n’a satisfait qu’à moitié Israël, lequel en effet n’y voit guère davantage qu’un bon début. Et elle a plongé dans l’inquiétude et l’embarras un État libanais paradoxalement tenu de faire cause commune avec une force échappant notoirement à son autorité, et néanmoins soucieux de ne pas compromettre ses rapports avec le Vieux Continent.

En somme, on se propose de sévir financièrement contre les opérationnels de la milice tout en maintenant le dialogue, mieux encore la coopération, avec leurs camarades politiques... En s’en remettant à cette sidérante philosophie du fifty-fifty, des choses faites à moitié, les chefs de diplomatie européens ont paru tout ignorer du Hezbollah : parti théocratique dont le chef en personne claironnait récemment sa fierté d’être un soldat (bien soldat, pas seulement disciple) auprès du guide suprême de la révolution iranienne. Au demeurant, c’est cette même union organique entre branches politique et militaire – bonnet blanc et blanc bonnet – que s’est entendu réaffirmer Angelina Eichhorst, lors de ses entrevues jeudi avec les responsables du Hezb. Pour se rendre auprès de ces derniers cependant, l’ambassadrice, détail piquant, aura été forcément (et courtoisement) escortée par les éléments paramilitaires et sécuritaires du parti, autrement dit par ces mêmes terroristes que venait tout juste de sanctionner l’UE. Et tant qu’à parler de coopération, c’est avec ces mêmes messieurs de la branche terroriste, réinstallée au Liban-Sud en violation des résolutions onusiennes, que les pays européens devront continuer de se concerter périodiquement pour garantir la sécurité de leurs contingents au sein de la Force intérimaire internationale qui y stationne.

Que le Hezbollah, tout un et indivisible qu’il soit au plan organisationnel, ne dédaigne pas à son tour le double langage, ne rassure pas trop, pour autant. Cédant à la tentation de la bravade, Hassan Nasrallah a qualifié de futile la décision européenne, dont il s’est efforcé de minimiser les conséquences. Mais il a aussitôt enchaîné sur des menaces voilées, accusant l’UE de s’être rendue complice, par avance, d’une éventuelle agression israélienne contre le Liban.

Du politique ou du militaire, qui croire ?

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Expliquer l’inexplicable aux Libanais, soutenir la chose et son contraire, relayer un message qualifié de fort et s’appliquer, dans le même temps, à vider celui-ci de toute substance : elle a bien mérité son séraphique prénom, l’ambassadrice Eichhorst, qui fait preuve, ces jours-ci, d’une patience véritablement angélique en se livrant, sourire aux lèvres, imperméable aux...

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