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À La Une - conflit

Syrie : le régime fait peau neuve, l'opposition perd son Premier ministre

La France s'indigne face aux "bombardements massifs" du régime à Homs.

Des rebelles syriens réunis autour d'un ancien char de l'armée, le 8 juillet 2013, à Alep. AFP PHOTO/ABO MHIO

La totalité de l'ancienne direction du parti Baas syrien, dont le vice-président Farouk el-Chareh, a été écartée à l'exception du président Bachar el-Assad, a indiqué lundi le site du parti, qui donne les noms des 16 membres du nouveau commandement.

 

Le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi ainsi que le président du Parlement Jihad Lahham ont fait leur entrée dans ce commandement du parti.

Figurent également dans la nouvelle direction du Baas l'ambassadeur de Syrie en Egypte, Youssef al-Ahmad, les ministres de l'Electricité Imad Khamis et des Travaux publics Hussein Arnous, ainsi que le président de l'Union des travailleurs, Mohammad Chaabane Azouz, et le président de l'Union des étudiants syriens Ammar Saati.

 

Farouk el-Chareh, qui s'était prononcé fin 2012 pour une solution négociée de la crise en Syrie, reste vice-président. M. Chareh détient ce poste depuis 2006, et avait été pendant 22 ans le chef de la diplomatie syrienne. Il avait été évoqué tour à tour par la Ligue arabe, les Nations unies et la Turquie pour remplacer Bachar el-Assad en cas de transition négociée.

 

(Portrait : Farouk el-Chareh, seul dirigeant syrien partisan d'un compromis)

 

 

L'ancienne direction critiquée

"Ce coup de balai s'explique par les nombreuses critiques venues de la base du parti Baas sur les mauvais résultats de la direction avant et durant" le conflit, analyse Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas pour les études stratégiques. "Elle avait de mauvais résultats et un discours trop rigide. Ce changement complet montre le niveau de mécontentement", ajoute-t-il.

 

Contrairement à la nouvelle direction, l'ancien commandement national était en partie composé de membres des services de sécurité, comme Hicham Bakhtiar, directeur des renseignements généraux, ou le ministre de la Défense Hassan Tourkmani, tués dans un attentat le 18 juillet 2012.

 

Officiellement, le Baas, au pouvoir en Syrie depuis le 8 mars 1963, n'est plus le parti qui "dirige la société", mais il reste de fait la formation la plus influente dans le pays. Le régime d'Assad avait soumis à référendum en février 2012 une nouvelle Constitution où la clause sur la primauté du Baas était supprimée. Cette suppression était l'une des revendications des opposants syriens qui réclament maintenant le départ d'Assad.


 

L'économie visée par une "guerre internationale"

Peu avant cette annonce, l'agence Sana avait rapporté des déclarations du Premier ministre syrien accusant les "ennemis" de la Syrie de mener une "guerre internationale" contre l'économie de son pays. Selon M. Halaqi, "le gouvernement a mis en échec un plan pour provoquer une pénurie de pain et une crise dans le secteur électrique à Damas". "La majorité des champs pétrolifères ont été sabotés, obligeant le gouvernement à importer en grande quantité les dérivés pétroliers".

 

Selon les experts, l'impact de la crise est énorme sur l'économie. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro. La production pétrolière, importante source de devises, a chuté de 95%.

 

 

Hitto démissionne

Du côté de l'opposition, les divergences politiques semblent perdurer avec, notamment, la démission du "Premier ministre" rebelle Ghassan Hitto, près de quatre mois après sa nomination lors d'une réunion à Istanbul. "J'annonce que je ne continue pas dans ma tâche de Premier ministre chargé de former un gouvernement intérimaire. Je vais continuer à travailler dans l'intérêt de la révolution pour qu'elle mène à bien tous ses objectifs par tous les moyens possibles", a-t-il indiqué dans un communiqué lundi.

 

Dans un communiqué, la Coalition nationale syrienne (CNS) a accepté la démission de Ghassan Hitto et annoncé qu'elle recevrait "les candidatures pour le poste de Premier ministre dans un délai de dix jours".

 

La désignation de M. Hitto, en mars dernier, avait créé des divisions au sein de l'opposition. Juste après son élection, une douzaine de membres éminents de la Coalition avaient dénoncé des pressions du puissant bloc des Frères Musulmans et suspendu leur participation. Dénonçant l'absence de consensus dans la désignation de M. Hitto, les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) avaient également refusé de le reconnaître.

 

Sa démission intervient deux jours après la nomination de l'opposant de longue date Ahmad Assi Jarba à la tête de Coalition. M. Jarba est considéré comme proche de l'Arabie saoudite, qui s'était opposée à la candidature de M. Hitto, soutenu par le Qatar, lors des laborieux débats précédant sa nomination en mars.

 

 

Avancée de l'armée à Homs

Sur le terrain, les troupes syriennes ont avancé lundi à Khaldiyé, au centre de Homs, sous une pluie d'obus au dixième jour de leur offensive pour prendre le contrôle du dernier carré de la ville encore aux mains des rebelles.

Pour Abou Hilal, un militant anti-régime résidant dans la Vieille ville, l'armée utilise "toutes les armes à sa disposition, depuis les avions jusqu'à l'artillerie, les mortiers et les chars". Selon lui, c'est la plus violente offensive dans la ville depuis le soulèvement contre Bachar el-Assad en mars 2011.

Dans une entrevue accordée à l'AFP via Skype, il estime que l'armée contrôle 30% du quartier alors que le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, citant des sources militaires, assure qu'elle est désormais présente dans "la plus grande partie du quartier". Le secteur tenu par les rebelles se limite à 2 km2 alors que la ville s'entend sur 40 km2.

 

Des vidéos filmées par des activistes et postées sur le site Youtube montrent des destructions considérables dans le secteur de la mosquée, alors que le bruit d'explosions se fait entendre sans interruption. Une seconde vidéo montre des obus tombant sur les dômes en argent (ci-dessous).

 

 

Selon un autre militant, Abou Rami, "il règne une odeur de mort car beaucoup de corps sont ensevelis sous les décombres des immeubles et la chaleur accélère la putréfaction". En outre, selon lui, "l'armée a utilisé des bombes dégageant une odeur pestilentielle".

 

Akrama, un quartier de Homs tenu par le régime, a, lui, été touché par un attentat suicide à la voiture piégée faisant cinq morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le quartier d'Akrama est à majorité alaouite, communauté dont est issu M. Assad.

 

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé lundi "l'indignation" de la France "face à la poursuite des bombardements massifs" du régime syrien contre Homs. "Nous condamnons avec la plus grande force l'utilisation indiscriminée, par le régime syrien, de l'ensemble des moyens militaires à sa disposition, pour frapper massivement une population civile otage des combats", a déclaré le chef de la diplomatie française dans un communiqué. "La France souhaite que ces crimes ne restent pas impunis", a-t-il poursuivi.

 

 

Des armes sophistiquées aux rebelles ?

Dans ce contexte de violences, l'opposition ne cesse de réitérer ses demandes d'armement auprès des pays la soutenant.

A ce sujet, le nouveau président de la CNS, principale composante de l'opposition, a dit, dimanche, s'attendre à ce que l'Arabie saoudite livre rapidement des armes sophistiquées aux rebelles et permette ainsi à ces derniers de rééquilibrer le rapport de force sur le terrain.

 

Ahmad Jarba a déclaré à Reuters que les opposants à Bachar el-Assad ne se rendraient pas à la conférence de paix que les Etats-Unis et la Russie voudraient organiser à Genève tant que leur situation militaire ne se sera pas améliorée. "Si nous allons à Genève, nous devons être forts sur le terrain, contrairement à maintenant, où nous sommes affaiblis", a dit Ahmad Jarba à son retour de la province d'Idlib, où il s'est entretenu avec des commandants rebelles.

 

Le nouveau chef du CNS a par ailleurs proposé à M. Assad de respecter une trêve pendant le mois de jeûne du ramadan et de suspendre l'assaut des forces gouvernementales et de leurs alliés du Hezbollah contre la ville de Homs.

 

 

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Le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi ainsi que le président du Parlement Jihad Lahham ont fait leur entrée dans ce commandement...

commentaires (3)

Peu de commentaires,même dans l'OLJ...un peu comme si tout le monde pensait que l'histoire syrienne est déjà presque de l'histoire ancienne...étonnant,non?

GEDEON Christian

15 h 16, le 09 juillet 2013

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Commentaires (3)

  • Peu de commentaires,même dans l'OLJ...un peu comme si tout le monde pensait que l'histoire syrienne est déjà presque de l'histoire ancienne...étonnant,non?

    GEDEON Christian

    15 h 16, le 09 juillet 2013

  • On comprend décidemment tout de travers!! Depuis le temps (?)... Il faut savoir lire entre les lignes. Le message ici au monde entier c'est: Nous somme tellement tranquilles dans ce que nous entreprenons dans cette guerre qui nous est imposée, que pouvons nous payer le luxe de nous occuper de nos petites affaires internes du parti au pouvoir. l'autre aspect c'est aussi que le parti Baas est un parti dynamique, qui se rénove et qu'il est là pour durer et préparer les prochaines élections présidentielle en 2014 et est même... de type éternel (suivant la devise du Parti Baas!).

    Ali Farhat

    18 h 54, le 08 juillet 2013

  • C'est l'effet boomerang ...! et les syriens dénoncent une guerre nationale contre le pays....

    M.V.

    17 h 43, le 08 juillet 2013

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