Rechercher
Rechercher

À La Une - Réactions

Egypte : le coup d'Etat "ignoré", mais craintes internationales pour la démocratie

L'ONU demande qu'"un gouvernement civil soit remis en place aussi vite que possible".

Un maniefstant égyptien devant un soldat au Caire le 4 juillet 2013. REUTERS/ Asmaa Waguih

La communauté internationale, dans l'embarras, a appelé jeudi à un retour rapide au processus démocratique en Egypte après le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée.

Aucune grande puissance occidentale n'a prononcé le terme de "coup d'Etat" contre le dirigeant islamiste élu démocratiquement il y a un an, un évènement que les démocraties seraient obligées de condamner.


Une des plus vives réactions est venue de l'Allemagne, dont le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle a évoqué "un échec majeur pour la démocratie en Egypte".

"Il est urgent que l'Egypte retourne aussi vite que possible à un ordre constitutionnel", a-t-il dit.


De Tunisie, où il effectue une visite officielle, le président français François Hollande a aussi fermement appelé à "tout faire" pour relancer le processus diplomatique. "Nous devons tout faire pour que (le processus) puisse reprendre sur la base du pluralisme et du rassemblement", a-t-il déclaré.


(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l'Egypte)

Quelques heures après que les militaires eurent destitué à la faveur d'un large mouvement de contestation le président Morsi, issu des Frères musulmans, le président américain Barack Obama s'était dit "profondément inquiet" de l'évolution de la situation dans le plus grand des pays arabes, auquel les Etats-Unis apportent une aide militaire essentielle.

"J'appelle maintenant le pouvoir militaire égyptien à rendre toute l'autorité rapidement et de manière responsable à un gouvernement civil démocratiquement élu selon un processus ouvert et transparent", a dit M. Obama.

Sans qualifier le coup de force contre M. Morsi, le président Obama a seulement annoncé qu'il allait demander aux agences et ministères concernés d'étudier les "implications" légales de la nouvelle situation pour l'aide que Washington verse annuellement à l'Egypte --et qui, en vertu de la loi américaine, ne peut aller vers un pays où un coup d'Etat a eu lieu.

Washington a aussi ordonné l'évacuation de son ambassade au Caire.


Son allié britannique a annoncé d'emblée qu'il coopérerait avec le nouveau pouvoir. "Nous ne soutenons pas les interventions militaires dans un système démocratique", a dit le chef de la diplomatie britannique William Hague. "Mais nous travaillerons avec les autorités en place en Egypte".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé jeudi qu'"un gouvernement civil soit remis en place aussi vite que possible, reflétant les aspirations du peuple". Il a estimé qu'une solution devait unir l'ensemble des forces politiques.


La Chine a déclaré "respecter le choix du peuple égyptien" et aussi appelé au dialogue et à la réconciliation.

 

(Lire aussi: Morsi, du "président de tous les Egyptiens" à l'homme qui divise)

 

La Russie appelle à la "retenue"

La Russie a appelé de son coté toutes les forces politiques d'Egypte à la "retenue" et à se situer dans le cadre "démocratique, sans violence et dans le respect des intérêts de toutes les couches et toutes les confessions de la société égyptienne", selon le ministère des Affaires étrangères.

L'Union européenne a elle aussi appelé toutes les parties à "retourner rapidement au processus démocratique", notamment avec une nouvelle présidentielle, promise par les militaires mais à une date non fixée.

Elle s'est abstenue de parler de coup d'Etat tout en demandant que les droits du président Morsi déposé soient respectés.


Même son de cloche à l'Otan dont le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen, a appelé toutes les parties à travailler ensemble pour "établir un gouvernement civil" dès que possible.

 

(Portrait : Le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort d’Égypte)


Dans la région, le roi Abdallah d'Arabie Saoudite a été le premier dirigeant étranger à féliciter le nouveau président par interim, Adly Mansour, qualifié de "président de la République arabe d'Egypte soeur" avant même sa prestation de serment.


Même le Qatar, qui a été le principal soutien financier et politique des islamistes égyptiens au pouvoir, a affirmé qu'il continuera à soutenir l'Egypte, et son émir a félicité le nouveau président intérimaire Adly Mansour.


La Syrie, avec qui le président Morsi avait rompu les relations diplomatiques, a estimé que sa chute représentait un "grand accomplissement".


En Israël, le gouvernement restait largement silencieux sur la crise dans le premier pays arabe avec qui il a signé la paix, en 1979.

"C'est un problème intérieur égyptien", a seulement déclaré le ministre des Transports Israël Katz. Mais, selon un responsable anonyme, "la situation actuelle envoie des ondes de choc dans tout le monde arabe, d'où une certaine inquiétude en Israël".


Coté palestinien, le président Mahmoud Abbas a félicité le nouveau président égyptien "dans cette phase transitoire" et a "rendu hommage au rôle joué par les forces armées pour (...) empêcher (l'Egypte) de basculer vers un destin inconnu".


Seule mesure concrète annoncée à ce jour après l'éviction de Morsi, l'Union africaine devrait suspendre vendredi l'Egypte jusqu'à ce que l'ordre constitutionnel y soit rétabli. Cette mesure est quasi automatique après un "changement inconstitutionnel de pouvoir" dans un de ses pays membres.

 

 

Lire aussi

Des étoiles plein la tête, le billet de Christian Merville

La communauté internationale, dans l'embarras, a appelé jeudi à un retour rapide au processus démocratique en Egypte après le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée.
Aucune grande puissance occidentale n'a prononcé le terme de "coup d'Etat" contre le dirigeant islamiste élu démocratiquement il y a un an, un évènement que les démocraties seraient obligées de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut