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À La Une - diplomatie

Des politiciens égyptiens filmés en train d'évoquer des menaces de guerre contre l'Ethiopie

Vague de critiques dans les médias, Le Caire dans l'embarras.

Le président Mohamed Morsi et des figures politiques égyptiennes lors du débat qui a fait scandale, lundi, au siège de la présidence égyptienne. AFP PHOTO / HO / EGYPTIAN PRESIDENCY

L'Egypte était dans l'embarras mardi après la diffusion en direct à la télévision, sans que les participants en soient informés, d'un débat lors duquel des figures politiques ont lancé des diatribes contre l'Ethiopie au sujet de son projet de barrage sur le Nil. 


Ces discussions, qui se tenaient lundi au siège de la présidence égyptienne, ont porté sur le rapport d'une commission Egypte-Soudan-Ethiopie concernant la décision d'Addis Abeba d'entamer une déviation sur le Nil Bleu, pour construire un barrage hydro-électrique qui inquiète l'Egypte et le Soudan, situés en aval.


Lors du débat qui réunissait plusieurs figures politiques dont des personnalités de l'opposition, Ayman Nour, chef du parti Ghad (libéral), a proposé de propager des rumeurs sur un achat par l'Egypte d'avions militaires afin de mettre la "pression" sur l'Ethiopie. Il a également suggéré que Le Caire envoie des équipes politiques, militaires et des membres des services de renseignements Ethiopie pour "nous ingérer dans leurs affaires". M. Nour a encore dénoncé la position "dégoûtante" du Soudan, accusé de ne pas avoir montré un soutien assez fort envers l'Egypte.


Younes Makhyoune, chef du parti conservateur islamiste Nour, a estimé pour sa part que le barrage constituait un "danger stratégique pour l'Egypte" et que Le Caire devait soutenir les rebelles éthiopiens "pour mettre la pression sur le gouvernement".

 



Ces révélations ont provoqué une vague de critiques dans les médias et même poussé des personnalités n'ayant pas pris part aux discussions à présenter leurs excuses au nom du peuple égyptien.
"Sincères excuses aux peuples et gouvernements d'Ethiopie et du Soudan pour ces déclarations irresponsables", a ainsi écrit sur Twitter le prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei, figure de l'opposition.
"Un scandale devant le monde entier", titrait le quotidien indépendant Al-Tahrir.
L'animatrice d'un talk-show très suivi, Rim Magued, a de son côté affirmé qu'"il est vrai que nous avons demandé de la transparence au gouvernement, mais pas comme ça".


La conseillère pour les affaires politiques du président Mohamed Morsi, Pakinam el-Charkawi, s'est pour sa part excusée d'avoir oublié de prévenir les participants que le débat était retransmis en direct.
"Vu l'importance du sujet, il a été décidé à la dernière minute de retransmettre la réunion en direct. J'ai oublié d'en informer les participants", a-t-elle déclaré sur Twitter. "Je m'excuse pour tout embarras causé aux dirigeants politiques", a-t-elle ajouté.


A Addis Abeba, le ministre de l'Eau et de l'Energie, Alemayehu Tegenu, a dit ne pas être au courant de l'incident et affirmé que la relation avec Le Caire "se poursuivra d'une manière très saine". "Nous ne croyons pas à l'intervention militaire face aux efforts pacifiques de l'Ethiopie pour vaincre la pauvreté", a-t-il souligné à l'AFP. Le ministre a assuré que les niveaux d'eau ne seraient pas affectés par la construction du barrage: "Pourquoi la déviation est-elle un problème pour certains?"


L'Ethiopie a entamé une déviation du Nil Bleu sur 500 mètres, en vue de la construction d'un important barrage hydro-électrique, un projet de 3,2 milliards d'euros. La semaine dernière, le Caire a déclaré son opposition "à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve en aval".
Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan puis l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.

 

Le ministre éthiopien Alemayehu a affirmé l'engagement de son pays dans le partage des ressources du Nil avec la région. "Ce que cherche l'Ethiopie est le développement, l'Ethiopie est un pays qui lutte contre la pauvreté, l'Ethiopie est un pays qui développe ses ressources au profit de son peuple et veut vivre en paix avec les pays voisins, en partageant ses ressources", a-t-il assuré.


L'Egypte considère que ses "droits historiques" sur le Nil sont garantis par deux traités datant de 1929 et 1959 lui accordant notamment un droit de veto sur tout projet en amont que Le Caire jugerait contraire à ses intérêts. Ces accords sont toutefois contestés par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l'Ethiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer des projets sur le fleuve sans avoir à solliciter l'accord du Caire.

 

 

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