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À La Une - Festival

Le Liban à Cannes, un devoir de mémoire

Pour la 9e année consécutive, la Fondation Liban Cinéma est présente à Cannes avec le fidèle soutien de l’Office du tourisme du Liban en France. Pour cette année, la FLC a offert un programme de mémoire. Quoi de mieux pour cela que de revenir à l’un de ceux qui ont été les pionniers de ce cinéma libanais, en l’occurrence le cinéaste Maroun Bagdadi, dont on commémore la 20e année de disparition ?

Maya de Freige, présidente de la Fondation Liban Cinéma, prononçant l’allocution d’ouverture.

Au delà de la plateforme promotionnelle de la production libanaise que représente cette participation, la Fondation Liban Cinéma a voulu donc, pour cette édition, rendre hommage à la figure de proue de la nouvelle vague libanaise. Un hommage organisé avec le partenariat amical d’UniFrance, institution avec laquelle avait collaboré Bagdadi dans le cadre de commissions artistiques. Outre cet événement parrainé par le président du Festival de Cannes, M. Gilles Jacob, la FLC a organisé en partenariat avec l’OTL une projection de Blind Intersections de Lara Saba, film produit par Nibal Arakji. Le Guide du cinéma libanais 2013, édité par la Fondation Liban Cinéma, était également disponible au pavillon qui accueillait toutes les cellules et forces actives du cinéma libanais.


La Fondation Liban Cinéma œuvre depuis sa création à la mise en valeur de l’industrie du cinéma libanais et à la promotion de ses films. L’hommage, rendu en présence de producteurs et metteurs en scène, et certainement de l’épouse du cinéaste, Souraya Bagdadi, s’est fait non seulement en paroles, mais sous la forme d’un coffret réunissant l’intégralité des films (fictions, documentaires et publicitaires) de Bagdadi, édités par Nadi Lekol el-nas. Cette association culturelle à but non lucratif, fondée en 1998, a pour objectif de promouvoir les différents aspects culturels au Liban et dans le monde arabe, ainsi que les productions cinématographiques et musicales locales tout en insistant sur la nécessité de préserver ce patrimoine


L’Office du tourisme du Liban à Paris (OTL) poursuit son action de promotion du cinéma libanais en France et de la mise en valeur du territoire libanais en tant que terre de tournage. Le site a35mmdebeyrouth.com, outil de communication lancé par l’OTL en 2009, est à la fois un guide professionnel du cinéma (Location Guide) et un blog régulièrement alimenté par des interviews et des reportages sur le cinéma libanais.
C’est donc en présence de multiples cellules actives dans le milieu audiovisuel libanais, de producteurs, tels que Georges Shoucair (Abbout Productions) ou de cinéastes (Philippe Aractingi) que cette rencontre a été organisée.

 

 

 



Maroun Bagdadi vu par Gilles Jacob
Premier réalisateur libanais primé à Cannes, Maroun Bagdadi était « la figure de proue d’une nouvelle génération de cinéastes libanais », a déclaré dans son mot d’ouverture Maya de Freige, présidente de la Fondation Liban Cinéma. Il a pavé la route et ouvert la voie à des générations futures, et malgré le début de la guerre en 1975, il s’est entêté à nous donner un cinéma aux horizons internationaux, Petites Guerres, présenté dans la sélection « Un Certain Regard » (1982), et Hors la vie, prix du jury 1991, au Festival de Cannes. Avant de passer la parole à des amis , cinéastes ou académiciens , la présidente de la FLC a loué les efforts conjugués de l’épouse du cinéaste, Souraya, et de Nadi Lekol el-Nas qui ont permis que le rêve se réalise.


Elle lira par la suite le mot adressé par Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, à l’occasion de cet hommage. « Dans Espoir de Malraux, un groupe porteur du cercueil d’un républicain descend de la montagne. Un vieux paysan se lève et dresse son poing. Pourquoi ? demande un enfant. Pour lui faire honneur ! Il y a exactement 20 ans, Maroun Bagdadi nous jouait, hélas, La fille de l’air, comme s’intitule son dernier film. Il est parti trop tôt, trop jeune, le cœur trop plein de projets et d’espérances. »


Et d’ajouter : « Je me souviens très bien de cet homme jeune si plein de vie, d’allant, de talents qui allaient faire de lui un réalisateur situé au premier plan de ce Proche-Orient qu’il aimait tant. Ce Proche-Orient et plus particulièrement le Liban qui a des attaches si particulières avec la France et avec notre cinéma. J’ai aimé cet artiste, son regard intense, sa passion du cinéma. J’ai aimé la manière dont il mettait cette passion en musique. Je suis heureux que ses compatriotes perpétuent de si belle manière le souvenir de Maroun. Le temps, ce vieil ennemi, ronge toute trace de notre passage sur cette terre, sauf celle des créateurs. Maroun, tu vivras. »

Des souvenirs et des confidences...
C’est alors que Souraya Bagdadi évoquera comment son choix s’est porté sur Nadi Lekol el-nas dont le travail s’accomode à l’esprit de l’œuvre de Maroun Bagdadi. Quant à Rasha Salti, elle dira que derrière Nadi Lekol el-nas, il y a le directeur Naja al-Achkar, mais il y a également sur ce projet la collaboration de la Fondation Liban Cinéma et d’Abbout Productions.
Pour sa part, Samir Farid (critique égyptien) s’est dit ravi que l’œuvre du cinéaste libanais soit disponible sur DVD, « ce qui est très rare dans notre monde arabe où il n’existe pas de cinémathèque malgré le fait qu’il y ait plus de 5 000 films ». Maroun Bagdadi avait cette rage de vivre, la candeur des enfants, mais aussi la confiance de quelqu’un qui sait.
Tom Luddy (producteur et cofondateur du Telluride Film Festival), Noureddine Sail, directeur du centre cinématographique du Maroc, et Darina al-Jundi, comédienne, ont à leur tour évoqué des anecdotes et souvenirs concernant « ce rare cinéaste arabe qui est arrivé à construire son film depuis la première idée jusqu’à sa sortie et sa présentation ». « Il était réel, et c’est très rare chez nous, souligne Sail. C’est Maroun qui m’a fait rêver d’aller plus loin, de faire un cinéma qui sorte de l’ordinaire, de faire confiance à notre art, à nos créations, à ce qu’on a envie de dire », a relevé pour sa part Jundi.


Quant au réalisateur Philippe Aractingi, il évoquera comment Bagdadi lui a insufflé le désir de devenir cinéaste. C’est avec beaucoup d’émotion que Aractingi a parlé de l’aspect pionnier et avant-gardiste de l’artiste qui a choisi ce métier à l’heure où il n’y avait que des ingénieurs et des médecins en puissance au Liban. « Il a même été audacieux de proposer un autre cinéma dans le monde arabe. C’est donc un double visionnaire, a-t-il dit. Par ailleurs, le fait de rassembler tous les films de Maroun dans une série de DVD est un devoir de mémoire autant pour le Liban que pour Bagdadi, car le Libanais a tendance à être dans le déni et à oublier les prédécesseurs. »
Une belle rencontre sous le signe de l’histoire, de la mémoire et surtout de l’amour des films. L’œuvre cinématographique de Bagdadi permettra aux Libanais de revisiter leur histoire afin de mieux soulever des questions toujours d’actualité. Le coffret de l’œuvre de Maroun Bagdadi (fictions et documentaires) sera disponible à partir du 8 juin.

Pour plus d’informations, prière de contacter Nadi Lekol el-nas
+961/3/888763
info@nadilekolnas.org
www.nadilekolnas.org

Au delà de la plateforme promotionnelle de la production libanaise que représente cette participation, la Fondation Liban Cinéma a voulu donc, pour cette édition, rendre hommage à la figure de proue de la nouvelle vague libanaise. Un hommage organisé avec le partenariat amical d’UniFrance, institution avec laquelle avait collaboré Bagdadi dans le cadre de commissions artistiques. Outre...

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