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À La Une - Liban

Le Conseil supérieur chérié pourrait isoler le mufti Kabbani

Une mesure qui requiert l’approbation des trois quarts des membres du Conseil.

Cheikh Mohammad Rachid Kabbani

Cheikh Mohammad Rachid Kabbani fait fi de tout... Et de tout le monde : des experts juridiques, du Conseil d’État, des anciens Premiers ministres et des notables de la communauté sunnite. Il y a dix jours, il a convoqué le corps électoral de Dar el-Fatwa pour l’élection d’un nouveau Conseil supérieur chérié, malgré la décision du Conseil d’État qui a appelé à la suspension du scrutin, pour diverses raisons. Les candidats élus, pour la plupart d’office, peuvent être considérés comme illégitimes, un recours en invalidation pouvant être validé sans difficulté.


Face à l’impasse, les anciens Premiers ministres pourraient recourir à une ultime solution. Dans un entretien avec L’Orient-Le Jour, cheikh Mohammad Nokkari, ancien directeur général de Dar el-Fatwa, a affirmé que les choses pourraient s’accélérer après la formation du nouveau cabinet. « Les anciens Premiers ministres vont probablement suivre les procédures légales pour sortir de l’impasse, indique-t-il. Pour cela, ils peuvent recourir à un décret-loi qui permet d’isoler le mufti pour diverses raisons, une mesure qui requiert le vote des trois quarts des membres du Conseil supérieur chérié », explique-t-il.


Selon cheikh Nokkari, le mufti Kabbani ne peut plus aller de l’avant et tenter d’organiser les élections une nouvelle fois là, dans les cas où le quorum nécessaire d’électeurs n’a pas été atteint, « car il ne le sera jamais après la décision du Conseil d’État de suspendre le scrutin ». « Le Conseil d’État reproche en fait au mufti d’avoir décidé seul de la date des élections, alors que cette décision doit être prise par le Conseil réuni, sans oublier que le Conseil actuel a prorogé son propre mandat. En outre, il semblerait que bon nombre de concurrents aux élections aient été forcés de se retirer pour que tous les candidats soient élus d’office », ajoute cheikh Nokkari. En effet, tous les candidats « élus » lors des élections qui se sont déroulées le 14 avril ont été bizarrement élus sans compétition. De plus, le comité légal du Conseil supérieur chérié, censé superviser les élections, s’était réuni au domicile de son président Mohammad Daouk et avait démenti avoir certifié la légalité de ces élections, appelant à respecter la décision du Conseil d’État. « Le mufti Kabbani affirme pourtant que les élections qu’il a organisées ont été supervisées par des personnes du comité légal », ajoute Mohammad Nokkari, qui certifie que les propos du mufti sont infondés, concernant l’indépendance de Dar el-Fatwa de l’État et du Conseil d’État.


« Dar el-Fatwa est une institution publique depuis l’époque ottomane et le mandat français, explique-t-il. La communauté musulmane a demandé d’avoir ce privilège concernant sa relation avec l’État et a exprimé le souhait de ne pas être traitée comme les autres composantes. C’est dans ce cadre que les responsables de Dar el-Fatwa reçoivent leurs allocations de l’État. »


Ainsi, le mufti Kabbani a revendiqué une certaine indépendance de l’institution sunnite vis-à-vis de l’État, comme en bénéficie Bkerké par exemple, pour tenir les élections à tout prix. Cela semblerait nécessaire pour se maintenir en fonction à vie, ayant occulté des nominations auxquelles il a procédé de son propre chef, au fil des années, pour obtenir une majorité favorable à ce souhait au sein du Conseil. Le désir du mufti de demeurer éternellement à Dar el-Fatwa serait motivé par d’autres raisons que l’envie de rester au pouvoir. « Il y a quelque chose de caché », dit cheikh Nokkari. Le mufti Kabbani craindrait-il que son successeur examine ses comptes et rouvre ses dossiers financiers, que de nombreux soupçonnent d’être douteux ?

 

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