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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Le style de Jorge Bergoglio, critique implicite de Benoît XVI

Le nouveau souverain pontife a décidé de jouer d’emblée la carte de la simplicité et de la proximité.

En moins d’une semaine, le style du nouveau pape François a révélé un contraste tel avec celui de Benoît XVI qu’il équivaut à une critique tacite de la gestion de son prédécesseur. La façon modeste avec laquelle l’ancien archevêque de Buenos Aires Jorge Bergoglio a abordé son ministère, comme un simple prêtre de base plutôt que comme un monarque religieux, a suscité l’enthousiasme chez les catholiques. Cela dénote aussi chez eux la nostalgie qu’ils ont d’un chef charismatique comme l’était Jean-Paul II.
Depuis son élection il y a six jours, François ne se présente que comme l’évêque de Rome, fonction de laquelle il tire son autorité, et a suggéré son intention de réduire le centralisme de l’administration vaticane et de gouverner en concertation avec les autres évêques. « Mgr Bergoglio représente la voie qui n’a pas été empruntée il y a huit ans », commente le théologien italien Massimo Faggioli, qui enseigne à l’université Saint-Thomas à Minneapolis. « Benoît XVI est un grand théologien, mais un bon théologien ne fait pas forcément un bon pape », explique-t-il en substance. « L’histoire se souviendra de lui comme d’un pape qui a montré un côté particulier de ce qu’est le catholicisme aujourd’hui, non comme un pape s’exprimant au nom de l’ensemble de l’Église. »
Enzo Bianchi, fondateur de la communauté monastique de Bose, souligne l’optimisme du moment par rapport à l’ambiance délétère qui régnait il n’y a pas si longtemps. « Quand nous parlions de l’Église, nous le faisions sans sourire », écrit-il dans le quotidien La Stampa de dimanche. « Maintenant à nouveau, nous pouvons regarder l’Église avec sympathie, restaurer la confiance dans une institution qui semblait lointaine et pas vraiment digne de confiance. »

Spontanéité
Joseph Ratzinger avait été élu en 2005 à la fois pour assurer la continuité après la mort de Jean-Paul II et aussi en partie parce qu’il semblait l’homme le plus à même de pouvoir réformer la curie, tâche à laquelle il n’est pas parvenu. À la place, il s’est attaché à restaurer la tradition contre ce qui lui semblait une lecture trop progressiste des réformes du concile de Vatican II au début des années 60.
Le nouveau pape, au contraire, plutôt que de s’inscrire dans la tradition intellectuelle de l’Église, joue davantage sur la spontanéité. Il s’est exprimé plusieurs fois de façon improvisée ces derniers jours, ce que Benoît XVI n’osait presque jamais. Le pape François a décidé de jouer d’emblée la carte de la simplicité et de la proximité. Il a pris le bus avec les autres cardinaux après son élection au lieu d’emprunter la limousine qui l’attendait. Au dîner, il s’est assis à la première place venue au lieu de présider. Constatant que le message de l’Église avait du mal à passer, les cardinaux avaient indiqué dès avant le conclave qui a porté Jorge Bergoglio à la tête du Saint-Siège qu’une nouvelle approche de ce genre était nécessaire.
Les observateurs du Vatican estiment que le pape argentin va envoyer d’autres signes de changement en utilisant une liturgie plus simple que celle de Benoît XVI qui affectionnait un style plus baroque.
La question du style papal n’est pas une question superficielle. « La façon dont le pape se présente lui-même envoie un message puissant aux évêques dans les pays », commente Massimo Faggioli.
Benoît XVI avait ressorti des placards du Vatican d’anciens vêtements sacerdotaux richement ornés pour les cérémonies importantes. Il avait prôné le retour à la messe en latin mise au rebut par les réformes de Vatican II. Cela avait ravi la petite minorité traditionaliste au sein de l’Église et avait laissé nombre de catholiques sinon hostiles, du moins indifférents à des décisions qui leur semblaient sans rapport avec leurs préoccupations.
(Source : Reuters)
En moins d’une semaine, le style du nouveau pape François a révélé un contraste tel avec celui de Benoît XVI qu’il équivaut à une critique tacite de la gestion de son prédécesseur. La façon modeste avec laquelle l’ancien archevêque de Buenos Aires Jorge Bergoglio a abordé son ministère, comme un simple prêtre de base plutôt que comme un monarque religieux, a suscité...

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