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Moyen Orient et Monde - Révolte

Régime et rebelles syriens s’accusent d’user d’armes chimiques

Le « Premier ministre » intérimaire Ghassan Hitto rejette tout dialogue avec Assad et prépare son gouvernement.

Ghassan Hitto (au centre) et le chef du CNS Ahmad Moaz el-Khatib (à droite) n’ont pas caché leur joie mardi soir lorsque Hitto a été élu « Premier ministre » intérimaire de l’opposition. Ozan Koze/AFP

Le régime et les rebelles se sont accusés mutuellement hier d’avoir utilisé des armes chimiques, pour la première fois en deux ans de conflit en Syrie. « C’est une escalade dangereuse. Des terroristes ont tiré un missile contenant des produits chimiques à partir de Kfar Daël dans la région de Naïrab (est d’Alep) vers la région de Khan el-Assal (ouest de la métropole) », a déclaré le ministre syrien de l’Information Omrane el-Zohbi. Il s’en est pris à « la Ligue arabe, la communauté internationale et les États qui arment, financent et hébergent les terroristes ainsi que le gouvernement (turc) d’Erdogan et le Qatar » après « ce crime perpétré par les terroristes qui ont utilisé une arme prohibée par la loi internationale ».


De même, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, a annoncé hier que son gouvernement allait envoyer une lettre au Conseil de sécurité des Nations unies à ce sujet, l’appelant à « prendre ses responsabilités et à définir une limite à ces crimes de terrorisme et à ceux qui le soutiennent au sein de la République arabe syrienne ». « C’est plutôt le point de départ (d’un danger) qui s’étendra à l’ensemble de la région, si ce n’est au monde entier », a-t-il ajouté.


Mais les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) ont démenti ces allégations et accusé en retour le régime. « Nous comprenons que l’armée a visé Khan el-Assal en utilisant un missile et nos informations initiales indiquent qu’il peut avoir contenu des armes chimiques. Il y a beaucoup de victimes et de nombreux blessés ont des problèmes respiratoires », a déclaré un porte-parole de l’ASL, Louaï Moqdad. « Nous n’avons ni missile de longue portée ni arme chimique. » La télévision officielle a montré des ambulances transportant des blessés. « C’est comme une poudre, quand on la respire, on tombe par terre. Des enfants et des femmes ont péri », a raconté un homme au front bandé. « C’est ça la liberté qu’ils (rebelles) veulent, lancer des gaz toxiques et des armes chimiques. » Un médecin dans un hôpital à Alep a affirmé que ces « produits toxiques provoquent des vomissements et une perte de conscience ».
Cependant, Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a dit douter de ces accusations, confirmant en revanche un tir de missile sol-sol contre l’armée dans la localité de Khan al-Assal.

 

« Probablement dans les ogives de certains missiles il y a des gaz qui provoquent des étouffements, mais je suppose que l’impact des armes chimiques est beaucoup plus grave que ce qu’on a vu », ajoutant que l’ONU ou la Croix-Rouge internationale devraient « se rendre sur place » pour vérifier. Notons que ces derniers mois, les rebelles se sont emparés d’importants stocks d’armes de l’armée. La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre un recours aux armes chimiques, l’Occident et Israël craignant que ces armes ne tombent aux mains de certains rebelles.

Divisions internationales
Ce développement a de nouveau mis au grand jour les divisions internationales qui empêchent toute solution politique au conflit en Syrie, qui a fait en deux ans plus de 70 000 morts selon l’ONU. Ainsi, les États-Unis ont dit ne « disposer d’aucune preuve pour soutenir les accusations » sur le recours des rebelles aux armes chimiques, tout en mettant en garde le régime contre un tel usage. À l’inverse, Moscou a accusé les rebelles d’avoir recours aux armes chimiques sans préciser si les informations en sa possession provenaient de sources russes ou du régime syrien. Londres, pour sa part, n’a pas confirmé ces informations mais assuré qu’une éventuelle utilisation d’armes chimiques « exigerait une réponse internationale sérieuse ».


Toujours sur le terrain, les rebelles syriens se sont emparés hier à l’aube d’un poste de gardes-frontières et d’une brigade blindée, dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, à l’issue de combats avec les troupes gouvernementales, selon l’OSDH. Des combattants rebelles se sont également emparés d’une base de chars à el-Naïma dans cette même province, selon des militants.


Entre-temps à Istanbul, le « Premier ministre » intérimaire Ghassan Hitto, élu lundi soir par l’opposition, a dit qu’il ne dialoguerait pas avec le pouvoir et cité parmi ses priorités la chute du régime et l’envoi de l’aide aux populations des régions passées sous contrôle rebelle. M. Hitto, de la mouvance islamiste, doit s’atteler à la formation de l’équipe attendue d’ici à un mois et qui aura la charge de protéger les infrastructures et les ressources publiques et privées, gérer les postes-frontières aux mains de la rébellion et coordonner l’aide humanitaire internationale. Paris et Washington, qui soutiennent les rebelles, ont salué cette élection. Le gouvernement du Qatar a de son côté annoncé hier que Ghassan Hitto allait participer au sommet arabe, prévu la semaine prochaine à Doha. Jusqu’à l’an dernier cadre supérieur dans une compagnie de télécommunications au Texas (États-Unis), M. Hitto a rejoint en novembre 2012 les rangs de l’opposition et s’est impliqué dans l’assistance humanitaire à la population syrienne. Même s’il a été présenté comme un candidat de consensus, susceptible de rassembler les courants islamistes et libéraux de l’opposition au régime de Damas, la victoire par 35 voix sur 49 de cet homme issu de la mouvance islamiste est loin d’avoir fait l’unanimité. Illustration de la persistance de fortes divisions dans ses rangs, plusieurs membres de la Coalition ont ainsi refusé de participer au vote, accusant les Frères musulmans d’avoir imposé la candidature de Ghassan Hitto.

Plus de 4 millions de déplacés
Enfin, les populations déplacées à l’intérieur des frontières syriennes représentent désormais jusqu’à quatre millions de personnes, selon les dernières estimations du Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS). Près de la moitié d’entre elles ne reçoivent pas l’aide dont elles ont besoin, précise Abdel Rahman Attar, président du CRAS.
(Sources : agences)

 

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Qui possède des armes chimiques et des laboratoires et du personnel et des fusées capables de transporter des ogives chimiques ?

SAKR LEBNAN

08 h 47, le 20 mars 2013

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Commentaires (1)

  • Qui possède des armes chimiques et des laboratoires et du personnel et des fusées capables de transporter des ogives chimiques ?

    SAKR LEBNAN

    08 h 47, le 20 mars 2013

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