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À La Une - Révolte

Le discours d’Assad, « irréel, hypocrite... »

Les combats reprennent de plus belle, alors que l’Occident accuse le président syrien d’être déconnecté de la réalité.

Des badauds et des rebelles se sont attroupés hier à Alep à l’endroit où un bombardement de l’armée aurait fait douze tués dans un même immeuble. Mouzaffar Salman/Reuters

Les combats se sont poursuivis hier à Damas et dans plusieurs régions de Syrie au lendemain du discours du président Bachar el-Assad, mal reçu partout, sauf en Iran.


Dimanche, M. Assad a proposé un plan « politique » impliquant son maintien au pouvoir. Dans sa première allocution en sept mois, il s’est montré inflexible, assurant encore une fois que le conflit n’opposait pas le pouvoir et l’opposition, mais « la patrie et ses ennemis » qui souhaitent sa partition. Devant un parterre de partisans réunis à la Maison de la culture et des arts, M. Assad a appelé à un dialogue pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu’à présent de « partenaire ». Refusant de négocier avec « des gangs qui prennent leurs ordres de l’étranger », il a ainsi proposé un plan en trois étapes qui commencera par un « engagement des pays finançant les terroristes à arrêter ». Aussitôt après, l’armée cessera ses opérations, a-t-il promis, tout en conservant le droit de répliquer. » Dans ces conditions seulement s’ouvrira « une conférence de dialogue national », a-t-il poursuivi. Cette conférence devra rédiger une « Charte nationale » qui sera soumise à référendum, tandis qu’un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement émergeront des urnes. Toute transition doit « se faire selon les termes de la Constitution », a-t-il insisté, en faisant référence à des élections.


Hier, le Premier ministre syrien, Waël al-Halki, a appelé à un Conseil des ministres extraordinaire pour mettre en œuvre « le programme national annoncé par le président Assad pour résoudre la crise », a écrit l’agence SANA.
Toutefois, l’opposition a rejeté ce plan, dont aucune échéance n’est précisée, accusant le chef d’État de vouloir choisir ses interlocuteurs et de chercher à se maintenir au pouvoir. Le porte-parole de la Coalition de l’opposition, Walid al-Bounni, a affirmé que l’opposition souhaitait « une solution politique, mais l’objectif pour les Syriens est de sortir (M. Assad) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60 000 martyrs (...) ils n’ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique ». Alors que M. Assad a présenté pour la première fois une feuille de route aussi détaillée pour une sortie de crise, les Frères musulmans syriens, importante force d’opposition, ont estimé que ce plan ne représentait « rien », qualifiant le dirigeant de « criminel de guerre devant être jugé ». En outre, même l’opposition tolérée par Damas a rejeté le plan de M. Assad. « Nous ne participerons pas au dialogue national avant l’arrêt des violences, la libération des détenus, la garantie que l’aide humanitaire peut parvenir aux régions touchées et (que soit publié) un communiqué apportant des éclaircissements sur le sort des disparus », a déclaré à Damas Hassan Abdel Azim, qui dirige le Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND). Qualifiant son discours « d’irréaliste et irréalisable », le CCCND note que M. Assad « exige de ses adversaires qu’ils déposent les armes et le considèrent comme le vainqueur » alors que ce n’est pas le cas sur le terrain.

Réactions internationales
En Occident, la France et les États-Unis ont estimé que le discours de M. Assad montrait qu’il n’était pas en phase avec la réalité. Pour Washington, ce discours « est une nouvelle tentative du régime pour s’accrocher au pouvoir (...). Son initiative est déconnectée de la réalité », selon la porte-parole de la diplomatie, Victoria Nuland. « On savait que Bachar était l’assassin de son peuple, on constate en écoutant son discours lamentable qu’il est en plus sourd et aveugle. Le meilleur vœu qu’on puisse formuler pour la Syrie en 2013, c’est qu’elle soit débarrassée de son dictateur », a écrit le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur Twitter. Sur Twitter aussi, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé que les « vaines promesses de réformes » de M. Assad « ne trompent personne », estimant que le discours du président allait « au-delà de l’hypocrisie ». Berlin a regretté qu’il n’exprime « aucune nouvelle prise de conscience ». L’Union européenne l’a exhorté à se retirer pour permettre « une transition politique ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est pour sa part dit « déçu que le discours du président Assad (...) ne contribue pas à une solution susceptible de mettre fin aux terribles souffrances du peuple syrien ». Et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a accusé M. Assad « d’orchestrer un terrorisme d’État ».


Seul l’Iran, principal allié de M. Assad, a salué les propositions de ce dernier, y voyant un « rejet de la violence et du terrorisme ». Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a ainsi appelé tous les acteurs syriens du conflit et la communauté internationale à « saisir l’opportunité » offerte par ce plan pour « rétablir la sécurité et la stabilité en Syrie, et éviter l’extension de la crise à la région ». Cependant, selon le Los Angeles Times, citant des responsables iraniens et des analystes, Téhéran aurait lancé un vigoureux débat interne concernant le maintien de son ferme soutien à Damas. Enfin, la Russie, autre allié de la Syrie, n’a pas réagi officiellement.


Sur le terrain, les affrontements ont repris près de l’axe qui mène à l’aéroport international de Damas, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les combats ont eu lieu toute la nuit de dimanche et faisaient rage hier matin autour de la capitale, ainsi que dans les provinces d’Idleb, Raqa, Deraa et Alep. Quatorze personnes ont ainsi été tuées à Alep, alors que quatre membres d’une même famille ont péri dans la banlieue de Damas. De violents combats opposaient en outre les soldats et les rebelles aux abords de l’aéroport militaire de Taftanaz. D’après un bilan provisoire, au moins 50 personnes ont été tuées hier. Dimanche, au moins 78 personnes avaient péri.

Les combats se sont poursuivis hier à Damas et dans plusieurs régions de Syrie au lendemain du discours du président Bachar el-Assad, mal reçu partout, sauf en Iran.
Dimanche, M. Assad a proposé un plan « politique » impliquant son maintien au pouvoir. Dans sa première allocution en sept mois, il s’est montré inflexible, assurant encore une fois que le conflit n’opposait pas le...

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