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Liban - Rencontre

Sélim Hoss : Rien n’est fait pour sortir la Syrie de la crise

C’est avec l’ancien Premier ministre Sélim Hoss que le conseil de l’ordre des journalistes a choisi de commencer l’année 2013.

L’ancien Premier ministre entouré de la délégation de l’ordre des journalistes.

Une délégation de l’ordre des journalistes, conduite par le président de l’ordre, Élias Aoun, s’est rendue à Aïcha Bakkar où l’ancien Premier ministre Sélim Hoss habite le même appartement modeste depuis plus de 30 ans. D’ailleurs, à première vue, rien n’a changé sur le plan des lieux. Seuls les gardes anciens qui sont restés avec l’ancien Premier ministre ont désormais les cheveux blancs alors que les nouveaux ne portent pas grande attention aux visiteurs. Surnommé par certains la conscience actuelle du Liban en raison de son expérience du pouvoir et du recul qu’il a pris à l’égard des événements, Sélim Hoss accueille toujours ses visiteurs à l’heure, et s’il a un peu de mal à se tenir debout en raison d’un problème au dos, il n’a rien perdu de sa perspicacité et de sa sagesse.


En toute simplicité, il affirme ainsi ne pas croire que les différents protagonistes parviendront au final à s’entendre sur une même loi électorale, tant leurs positions semblent opposées. Tout en précisant que sa préférence personnelle va au scrutin proportionnel, sur la base de grandes circonscriptions, il ajoute qu’il lui semble difficile d’organiser les législatives sur base de la loi de 1960 en raison des sérieuses critiques formulées au sujet de cette loi. Il déclare être personnellement convaincu que plus la circonscription est grande et mieux c’est pour le tissu national libanais.

 

Sélim Hoss ne s’étonne plus du fait que personne n’invoque plus l’accord de Taëf qui avait pourtant prévu un découpage des circonscriptions sur la base des mohafazats après toutefois avoir revu celles-ci, parce que, depuis quelque temps, les lois sont plutôt oubliées au Liban. Il ajoute, pour clore ce dossier, que ce qui compte en définitive, c’est d’adopter une loi et de bien l’appliquer, car au Liban les lois sont le plus souvent bonnes mais c’est leur application qui laisse à désirer.


Sélim Hoss n’est pas non plus très convaincu de l’utilité de la conférence de dialogue, qui, jusqu’à présent, n’a pas donné de résultats concluants, mais le dialogue est toujours préférable à son absence, tout comme la tenue des élections est préférable à leur report, notamment concernant Dar el-Fatwa. Il en a d’ailleurs parlé avec le mufti de la République qui lui a rendu visite récemment, et devant le conseil de l’ordre, il a répété être avec la tenue des élections à Dar el-Fatwa à la date prévue.


Au sujet des révolutions arabes qui secouent actuellement certains pays de la région, M. Hoss estime que le flou devrait se prolonger, parce qu’il y a trop de facteurs qui interviennent, précisant à ce sujet que les pays du Golfe jouent un rôle négatif dans ces révolutions. Dans le même ordre d’idées, l’ancien Premier ministre qualifie les événements de Syrie de « tragédie qui se prolonge ». Selon lui, aucune issue n’est actuellement en vue, et en réalité nul n’œuvre à trouver une issue à ce conflit, pas même l’émissaire onusien Lakhdar Brahimi qui, affirme-t-il, n’a pas encore déployé des efforts sérieux pour trouver une solution qui tienne la route. M. Hoss déclare que ce qui se passe en Syrie est très profond et dépasse la simple révolution pour l’adoption d’un régime démocratique. Sous cet aspect, la crise syrienne est désormais au cœur d’enjeux stratégiques internationaux et régionaux. Mais, selon lui, en dépit de ce qui se dit, le conflit n’est pas devenu confessionnel et religieux. Il précise à cet égard que le sentiment national des Syriens est beaucoup trop fort pour qu’ils acceptent que leur pays soit divisé en entités confessionnelles et religieuses ou soit carrément victime d’une partition.


Sur la possibilité de l’extension du conflit syrien au Liban, M. Hoss constate que les Libanais font jusqu’à présent preuve de bon sens et parviennent à maintenir le calme dans leur pays. Mais si la crise syrienne doit se prolonger – ce qui semble pour l’instant le plus probable –, nul ne peut dire que le Liban pourra continuer d’être à l’abri des troubles. Sélim Hoss estime qu’il en a déjà trop dit. On l’a longtemps qualifié de pessimiste; aujourd’hui, il ne veut plus se prononcer, mais il n’en suit pas moins les convulsions du monde avec une sorte de fatalisme...

 

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