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À La Une - Réfugiés syriens

Fermeture des frontières avec la Syrie : l'opposition crie au « racisme confessionnel »

Les politiciens appellent à résoudre le problème des réfugiés syriens de façon imminente, certains comme le CPL et le PSNS voulant même fermer les frontières pour « éviter cette menace ».

Si jeune, si pensive et déjà si malheureuse... Joseph Eid/AFP

Le flux de réfugiés syriens et palestiniens au Liban était au centre du débat hier suite aux bombardements du camp de Yarmouk en Syrie. Le sujet a en effet été discuté mardi au Conseil des ministres, les ministres Ali Kanso (PSNS) et Gebran Bassil (CPL) ayant proposé de fermer les frontières libano-syriennes pour arrêter l’hémorragie des déplacés au pays, estimant que « ce ne sont pas tous des réfugiés, et que parmi eux se trouvent des éléments incontrôlés qui pourraient affecter plus tard la stabilité du pays ». Les ministres du Parti socialiste progressiste ont refusé la proposition, le ministre Ghazi Aridi jugeant « impossible » un tel projet, puisque « l’État est incapable de contrôler ses frontières et qu’une telle mesure pourrait augmenter le nombre de passages frontaliers non légitimes ».

 

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Le député Khodr Habib (courant du Futur, opposition) a critiqué le ministre Bassil pour sa position, indiquant que « le sujet des réfugiés syriens est un sujet moral car ceux qui fuient la Syrie sont de tous bords et que certains d’entre eux n’ont pas besoin d’aide car ils sont aisés ». « Les Syriens présents au Akkar sont en pleine misère », a affirmé M. Habib, qui a appelé le Haut Comité de secours à leur venir en aide. « Le courant du Futur souffre de problèmes financiers avec l’arrêt des aides financières aux Libanais, ce qui nous empêche de soutenir les réfugiés syriens. Les aides offertes actuellement proviennent de l’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis, grâce aux contacts de Saad Hariri », a ajouté M. Habib, qui a signalé que « la responsabilité des réfugiés syriens repose sur le gouvernement et les Nations unies, et non pas sur l’opposition », saluant les efforts du ministre des Affaires sociales Waël Bou Faour à ce sujet.

 

Le député Akram Chehayeb a lui aussi dénoncé les positions des ministres Bassil et Kanso, affirmant que « le régime Assad » moumana3a « a toujours usé de tous les moyens pour détruire la cause palestinienne, et que les gangs du régime Assad au Liban poursuivent cette mission aujourd’hui ». « Le ministre Kanso, qui croit en la Grande Syrie, et le ministre illuminé Bassil ont appelé à fermer les frontières. Une position qui accompagne une vague raciste contre un peuple qui a besoin d’aide et qui a souffert des crimes de Bachar el-Assad », a-t-il ajouté.

 

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Le député du bloc du Futur, Mohammad Hajjar, a lui aussi dénoncé le raid aérien meurtrier sur le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. Il a qualifié ce qui se passe en Syrie de « tragédie épouvantable », appelant l’État libanais à aider les déplacés palestiniens au Liban. En outre, il a critiqué certains ministres du CPL qui réclament la fermeture des frontières avec la Syrie pour empêcher les déplacés d’entrer au Liban. « Les ministres du CPL font preuve de discrimination confessionnelle », a-t-il dit.

 

De son côté, le député Élie Marouni a appelé « à contenir le flux des réfugiés syriens au Liban, à la suite des expériences précédentes avec les Palestiniens et les Syriens ». « Vu l’impossibilité d’une fermeture des frontières, il est primordial d’effectuer un contrôle étroit sur le passage des réfugiés », a-t-il expliqué.

Du côté des ministres
Le Conseil des ministres a appelé mardi à une réunion spéciale pour étudier l’affaire des réfugiés syriens. Nombre de ministres se sont prononcés par ailleurs sur le sujet hier. Le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour a indiqué que « les chiffres montrent que plus de 160 000 réfugiés syriens se trouvent actuellement au Liban et des milliers de Palestiniens qui ont fui la Syrie ». Il a déclaré que « l’État doit contrôler les frontières et mettre un terme à ce flux, car le Liban ne supporte pas de nouvelles pressions ».

 

Le ministre des Déplacés, Alaeddine Terro, a indiqué que « le Liban est dans l’incapacité de recevoir ce grand nombre de déplacés sans une aide arabe et internationale ». Il a applaudi les efforts du Premier ministre, Nagib Mikati, du ministère des Déplacés ainsi que des institutions publiques, soulignant que « sans cette collaboration la situation se serait aggravée ».

 

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Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Fayçal Karamé, a estimé que « la fermeture des frontières ou l’expulsion des déplacés est totalement refusée, car il s’agit d’une situation humanitaire à laquelle il faut remédier ».

 

Enfin, le ministre de la Défense Fayez Ghosn a souligné qu’« au regard de l’afflux de déplacés syriens et palestiniens trouvant refuge au Liban, le problème sera abordé sous ses deux volets, humanitaire et sécuritaire ». M. Ghosn a insisté, dans ce contexte, sur l’importance des mesures prises par l’armée, affirmant que « le renforcement des capacités de l’armée est aujourd’hui prioritaire ».

Au Grand Sérail
Au Grand Sérail, le Premier ministre Nagib Mikati s’est entretenu avec l’ambassadrice américaine au Liban, Maura Connelly, des développements régionaux. Selon un communiqué publié par l’ambassade américaine, « Mme Connelly a mis l’accent sur l’hospitalité du peuple libanais et sur les efforts fournis par le gouvernement, en coopération avec les organisations internationales, en vue de venir en aide aux réfugiés syriens et palestiniens dont le nombre se multiplie ». « L’aide internationale pour répondre à cette crise humanitaire est requise », a indiqué le communiqué. Par ailleurs, M. Mikati a reçu l’ambassadrice de l’Union européenne, Angelina Eichhorst, qui a souligné que « le Liban ne pourrait, à lui seul, endosser cette charge ».

M. Mikati s’est aussi réuni avec le coordonnateur spécial des Nations unies au Liban, Derek Plumbly, qui a mis l’accent sur « la situation difficile forçant les réfugiés à quitter leur pays et sur l’engagement humanitaire du gouvernement en vue de leur permettre de rentrer ». M. Plumbly s’est aussi réuni avec le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Ce dernier a aussi rencontré la directrice générale de l’Unrwa, Ann Dismorr, avec laquelle il a discuté de la coopération entre la Sûreté générale et l’agence onusienne, ainsi que de la situation des refugiés palestiniens en Syrie, lesquels ont été obligés de fuir au Liban. Ces derniers se sont manifestés hier devant le bureau du directeur de l’Unrwa au camp de Beddaoui, appelant à être aidés par les autorités.

 

 

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