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Moyen Orient et Monde - Révolte

Moscou envisage pour la première fois une victoire rebelle en Syrie

Rasmussen et Bagdad estiment que la chute d’Assad n’est qu’une question de temps ; nouveaux attentats près de Damas.

L’explosion d’une voiture piégée à Qatana, banlieue sud-ouest de Damas, a fait au moins huit tués hier.  Photo SANA/AFP

Moscou, allié de poids du président Bachar el-Assad, a hier pour la première fois envisagé ouvertement une victoire des rebelles en Syrie. « Il faut regarder les choses en face. Le régime et le gouvernement syriens perdent de plus en plus le contrôle du pays », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, affirmant ne « pas exclure » une victoire de l’opposition. « Moscou va néanmoins insister pour faire appliquer le communiqué de Genève et chercher une solution pacifique au conflit », a souligné M. Bogdanov. Le vice-ministre faisait référence à l’accord sur les principes d’une transition politique en Syrie adopté le 30 juin à Genève par le Groupe d’action sur la Syrie.
M. Bogdanov a par ailleurs estimé que la reconnaissance cette semaine de la nouvelle coalition de l’opposition syrienne par les États-Unis – qui ont emboîté le pas à d’autres pays comme la France ou la Turquie – n’avait fait qu’encourager les contestataires du régime. Il a aussi indiqué que la Russie préparait un plan d’évacuation de ses ressortissants en Syrie. Selon une source proche de l’ambassade russe à Damas, cette surprenante déclaration s’explique par le fait que Moscou est de plus en plus exaspéré par le refus de tout compromis de la part du régime.
« Je pense que le régime de Damas se rapproche de l’effondrement, je pense que ce n’est qu’une question de temps », a déclaré pour sa part le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Le ministre irakien des Finances, Rifaa el-Issawi, dont le pays a jusqu’ici évité toute prise de position publique au sujet du conflit chez son voisin, a également estimé que la chute du régime pourrait n’être qu’une question de « semaines ».
Toujours au niveau diplomatique, l’Autriche a pris ses distances hier par rapport à une déclaration internationale qui reconnaît la Coalition nationale syrienne comme étant « le seul représentant légitime » du peuple syrien, Vienne privilégiant une ligne plus neutre adoptée par l’Union européenne (UE) dans une déclaration commune des 27 ministres européens des Affaires étrangères le 10 décembre.

Scud
Dans ce contexte, le gouvernement syrien, qui a perdu ces derniers mois beaucoup de terrain face aux insurgés, a démenti avoir tiré des missiles Scud, voyant dans ces « rumeurs » un « complot ». Un responsable américain, sous le couvert de l’anonymat, avait en effet indiqué mercredi que des Scud étaient tombés en Syrie. Et hier, un officier dissident a affirmé que l’unité à laquelle il avait appartenu avait tiré des Scud contre des régions rebelles. Selon Karim Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), le régime souhaite, avec ces tirs de Scud, « rappeler encore une fois qu’il jettera toutes ses forces dans la bataille et qu’il n’aura pas de scrupules à frapper fort ».

Le front al-Nosra
Par ailleurs, de nouveaux attentats ont eu lieu hier près de Damas, au lendemain d’une vague d’attaques ayant fait 13 morts dans la capitale, la ville la plus sécurisée du pays, et sa périphérie. Dix-huit personnes, dont sept enfants, ont ainsi péri dans l’explosion d’une voiture piégée à Qatana, banlieue sud-ouest de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui fait état de la mort de quatre autres civils dans la ville voisine de Jdeidet Artouz également visée par une voiture piégée. La télévision d’État a fait état de huit morts. Selon un bilan provisoire de l’OSDH, qui a recensé plus de 42 000 morts depuis le début du conflit en mars 2011, et de militants sur place, 102 personnes au moins ont péri hier à travers le pays.
Mercredi, trois attaques, dont l’une à la voiture piégée, avaient notamment visé le ministère de l’Intérieur, faisant neuf morts, selon l’OSDH, dont un député et huit militaires. Le ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim el-Chaar a été blessé dans cet attentat, a indiqué une source au sein des services de sécurité selon laquelle l’attaque n’a été possible que par une « trahison » au sein des services de protection du ministère. Le front al-Nosra a d’ailleurs revendiqué hier sur Twitter cet attentat, affirmant que deux kamikazes de ce groupe jihadiste y étaient impliqués. Rappelons que Washington vient de placer le front al-Nosra sur sa liste des organisations terroristes étrangères. Ce groupe a revendiqué la plupart des attentats-suicide en Syrie et s’est imposé en 2012 sur la quasi-totalité des fronts.
Aujourd’hui, les Syriens sont appelés à manifester comme chaque semaine contre le régime, cette fois sous le slogan « le seul terrorisme en Syrie est celui d’Assad », en allusion justement au front al-Nosra.
Enfin, Amnesty a demandé à la Coalition de l’opposition syrienne d’assurer la « libération immédiate » de la journaliste ukrainienne Ankhar Kotchneva, enlevée début octobre en Syrie par des rebelles se réclamant de l’Armée syrienne libre (ASL). L’ONG ajoute que « la Coalition de l’opposition doit s’assurer que les groupes armés, sous son contrôle, doivent être pleinement conscients que ceux qui commettent des crimes de guerre devront rendre compte de leurs actes dans le futur ». Des médias ont fait état d’un ultimatum des ravisseurs de la jeune femme, qui menaçaient de l’exécuter hier s’ils ne reçoivent pas une rançon de 50 millions de dollars. Ankhar Kotchneva travaillait en Syrie en tant qu’assistante et interprète pour des médias russes.

(Sources : agences et rédaction)
Moscou, allié de poids du président Bachar el-Assad, a hier pour la première fois envisagé ouvertement une victoire des rebelles en Syrie. « Il faut regarder les choses en face. Le régime et le gouvernement syriens perdent de plus en plus le contrôle du pays », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov, affirmant ne « pas exclure » une victoire...

commentaires (3)

Nain KGBiste poutinien !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

02 h 46, le 14 décembre 2012

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Commentaires (3)

  • Nain KGBiste poutinien !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    02 h 46, le 14 décembre 2012

  • Réveil très tardif des kagebistes. Ils vont souffler sur leur plaie sans la refroidir...

    SAKR LEBNAN

    01 h 54, le 14 décembre 2012

  • Après 21 mois de révolution syrienne, de soutien presque inconditionnel et complètement aveugle au régime de Damas, ce qui a permis à ce dernier de détruire la Syrie, de massacrer le peuple syrien, de gagner le "trophée" de 41.000 morts, de centaines de milliers de blessés et de disparus, de quelque 3 millions de réfugiés en territoire syrien et 500.000 dans les pays voisins, Moscou se rend compte qu'il "faut regarder les choses en face et ne pas exclure une victoire de l'opposition". Le mardi 11 M Michel Touma rapportait de la World Policy Conference tenue à Cannes les propos de l'ancien ambassadeur des USA à Damas, Edward Djerejian. Il disait en substance ceci : "Les russes taxent généralement de naiveté la politique US au Moyen-Orient. Or Poutine dit d'un côté à Kissinger que ce qu'il craint le plus c'est "le fondamentalisme musulman". D'un autre, par le prolongement du conflit en Syrie, il favorise de manière significative la montée et l'affermissement de ce fondamentalisme". On peut dire sans risque d'erreur que cette fois, en toute sa politique concernant le conflit en Syrie et sa prise de conscience après 21 mois "qu'il faut regarder les choses en face et ne pas exclure une victoire de l'opposition", Moscou gagne le chmpionnat de naiveté et de bêtise.

    Halim Abou Chacra

    23 h 54, le 13 décembre 2012

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