M. Bogdanov a par ailleurs estimé que la reconnaissance cette semaine de la nouvelle coalition de l’opposition syrienne par les États-Unis – qui ont emboîté le pas à d’autres pays comme la France ou la Turquie – n’avait fait qu’encourager les contestataires du régime. Il a aussi indiqué que la Russie préparait un plan d’évacuation de ses ressortissants en Syrie. Selon une source proche de l’ambassade russe à Damas, cette surprenante déclaration s’explique par le fait que Moscou est de plus en plus exaspéré par le refus de tout compromis de la part du régime.
« Je pense que le régime de Damas se rapproche de l’effondrement, je pense que ce n’est qu’une question de temps », a déclaré pour sa part le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen. Le ministre irakien des Finances, Rifaa el-Issawi, dont le pays a jusqu’ici évité toute prise de position publique au sujet du conflit chez son voisin, a également estimé que la chute du régime pourrait n’être qu’une question de « semaines ».
Toujours au niveau diplomatique, l’Autriche a pris ses distances hier par rapport à une déclaration internationale qui reconnaît la Coalition nationale syrienne comme étant « le seul représentant légitime » du peuple syrien, Vienne privilégiant une ligne plus neutre adoptée par l’Union européenne (UE) dans une déclaration commune des 27 ministres européens des Affaires étrangères le 10 décembre.
Scud
Dans ce contexte, le gouvernement syrien, qui a perdu ces derniers mois beaucoup de terrain face aux insurgés, a démenti avoir tiré des missiles Scud, voyant dans ces « rumeurs » un « complot ». Un responsable américain, sous le couvert de l’anonymat, avait en effet indiqué mercredi que des Scud étaient tombés en Syrie. Et hier, un officier dissident a affirmé que l’unité à laquelle il avait appartenu avait tiré des Scud contre des régions rebelles. Selon Karim Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), le régime souhaite, avec ces tirs de Scud, « rappeler encore une fois qu’il jettera toutes ses forces dans la bataille et qu’il n’aura pas de scrupules à frapper fort ».
Le front al-Nosra
Par ailleurs, de nouveaux attentats ont eu lieu hier près de Damas, au lendemain d’une vague d’attaques ayant fait 13 morts dans la capitale, la ville la plus sécurisée du pays, et sa périphérie. Dix-huit personnes, dont sept enfants, ont ainsi péri dans l’explosion d’une voiture piégée à Qatana, banlieue sud-ouest de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui fait état de la mort de quatre autres civils dans la ville voisine de Jdeidet Artouz également visée par une voiture piégée. La télévision d’État a fait état de huit morts. Selon un bilan provisoire de l’OSDH, qui a recensé plus de 42 000 morts depuis le début du conflit en mars 2011, et de militants sur place, 102 personnes au moins ont péri hier à travers le pays.
Mercredi, trois attaques, dont l’une à la voiture piégée, avaient notamment visé le ministère de l’Intérieur, faisant neuf morts, selon l’OSDH, dont un député et huit militaires. Le ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim el-Chaar a été blessé dans cet attentat, a indiqué une source au sein des services de sécurité selon laquelle l’attaque n’a été possible que par une « trahison » au sein des services de protection du ministère. Le front al-Nosra a d’ailleurs revendiqué hier sur Twitter cet attentat, affirmant que deux kamikazes de ce groupe jihadiste y étaient impliqués. Rappelons que Washington vient de placer le front al-Nosra sur sa liste des organisations terroristes étrangères. Ce groupe a revendiqué la plupart des attentats-suicide en Syrie et s’est imposé en 2012 sur la quasi-totalité des fronts.
Aujourd’hui, les Syriens sont appelés à manifester comme chaque semaine contre le régime, cette fois sous le slogan « le seul terrorisme en Syrie est celui d’Assad », en allusion justement au front al-Nosra.
Enfin, Amnesty a demandé à la Coalition de l’opposition syrienne d’assurer la « libération immédiate » de la journaliste ukrainienne Ankhar Kotchneva, enlevée début octobre en Syrie par des rebelles se réclamant de l’Armée syrienne libre (ASL). L’ONG ajoute que « la Coalition de l’opposition doit s’assurer que les groupes armés, sous son contrôle, doivent être pleinement conscients que ceux qui commettent des crimes de guerre devront rendre compte de leurs actes dans le futur ». Des médias ont fait état d’un ultimatum des ravisseurs de la jeune femme, qui menaçaient de l’exécuter hier s’ils ne reçoivent pas une rançon de 50 millions de dollars. Ankhar Kotchneva travaillait en Syrie en tant qu’assistante et interprète pour des médias russes.
(Sources : agences et rédaction)
commentaires (3)
Nain KGBiste poutinien !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
02 h 46, le 14 décembre 2012