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À La Une - Égypte

Morsi reste offensif, mais invite l’opposition à un dialogue demain

« Nous sécurisons le président qui représente la légitimité », mais « la garde républicaine n’ouvrira jamais le feu sur le peuple ».

Dans un discours au ton offensif, M. Morsi a assuré que le référendum qui divise le pays se tiendrait comme prévu le 15 décembre. Egyptian TV/AFP

Après des affrontements meurtriers entre ses partisans et ses détracteurs, le président égyptien Mohammad Morsi a invité l’opposition à un dialogue demain, dans un discours à la télévision tard en soirée et qui a fait l’objet de plusieurs rumeurs. « J’appelle tous les partis politiques à un dialogue samedi 8 décembre au palais présidentiel », a ainsi déclaré le président islamiste, précisant que les discussions devraient porter sur l’élaboration d’une loi électorale et sur une feuille de route à suivre après le référendum sur la Constitution.


Dans un discours au ton offensif, M. Morsi a cependant assuré que ce référendum qui divise le pays se tiendrait comme prévu le 15 décembre et qu’après le scrutin, le peuple devrait « suivre sa volonté », ajoutant : « Nous respectons la liberté d’expression pacifique, mais nous ne laisserons jamais personne participer à des meurtres et à des actes de sabotage. » M. Morsi s’est néanmoins dit prêt à renoncer à l’article 6 du décret, qui permet au président de « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger le pays et les objectifs de la révolution ». Il n’a cependant rien dit sur l’article mettant ses décisions à l’abri de tout recours en justice.


Quelques minutes après le discours, des manifestants ont mis le feu au siège des Frères musulmans au Caire après avoir attaqué le bâtiment, a annoncé Mahmoud Ghozlan, porte-parole des Ikhwan. « Deux cents voyous sont venus au siège. La sécurité a tenté de les en empêcher, mais certains ont réussi à pénétrer par derrière, à saccager les lieux et à y mettre le feu. Cela brûle encore maintenant », a-t-il précisé. Un responsable de la sécurité a cependant indiqué que l’incendie était limité et que la police avait repoussé les manifestants.


Plus tôt dans la journée, l’armée avait déployé des chars et établi un périmètre de sécurité autour de la présidence, mettant en place des barricades de barbelés à environ 150 m du palais présidentiel. La garde républicaine, une unité de l’armée chargée de protéger la présidence, a également sommé les manifestants de quitter les abords du palais avant 15h00 et interdit les rassemblements aux alentours du complexe au Caire, selon un communiqué publié par la présidence. « Nous sécurisons le président qui représente la légitimité » mais « la garde républicaine n’ouvrira jamais le feu sur le peuple », a affirmé sur place un officier de cette unité.


Les partisans du président sont partis mais plusieurs milliers de militants de l’opposition se sont rassemblés à nouveau sur une place à environ 300 m du palais, scandant « le peuple veut la chute du régime », comme durant la révolte contre Hosni Moubarak l’an dernier. « Nous voulons un État civil, ni militaire ni religieux », proclamait une banderole. « Nous ne nous laisserons pas faire, nous ne voulons pas devenir l’Iran », affirmait une manifestante, Sahar Ali, 39 ans.
Durant la nuit de mercredi à jeudi, des batailles à coups de bâtons, de cocktails Molotov et de jets de pierres ont eu lieu aux alentours du palais présidentiel entre camps rivaux, avec de brèves périodes d’accalmie, et des coups de feu ont été entendus. Des opposants à M. Morsi ont également incendié des locaux des Frères musulmans à Ismaïliya et Suez. Deux journalistes et un technicien de Radio France Internationale (RFI) ont été frappés alors qu’ils couvraient ces manifestations, a indiqué la station. Les heurts qui ont duré toute la nuit de mercredi à jeudi ont fait, selon un dernier bilan de sources médicales, sept morts et des centaines de blessés.


À l’étranger, l’Europe et les États-Unis ont appelé à la retenue et au dialogue. Mais l’opposition conditionne tout dialogue au retrait du décret et à l’annulation du référendum. Mohammad el-Baradei, chef de la coalition de l’opposition, a fait porter à M. Morsi « l’entière responsabilité » des violences, assurant que le régime perdait « de sa légitimité jour après jour ».

 

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