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Moyen Orient et Monde - Reportage

Damas s’enfonce dans une longue guerre

Le 6 novembre 2012, à Damas, une mère et sa petite fille blessées dans un attentat, attendent que l'on s'occupe d'elles. REUTERS/SANA/Handou

Réveillé par le bruit du canon qui pilonne la périphérie de Damas, Ammar, 3 ans, se réfugie en pleurs dans les bras de sa mère qui le rassure en lui expliquant que ce n’est qu’un ballon qui a heurté le mur de la maison.


Longtemps épargnée, la capitale syrienne est désormais entrée dans la guerre entre les troupes régulières et les rebelles qui veulent renverser Bachar el-Assad arrivé au pouvoir depuis douze ans après le décès de son père, Hafez el-Assad. Mais à Damas, la guerre s’entend plus qu’elle ne se voit. Si les attaques se sont multipliées, la capitale n’est pas en proie à une guérilla urbaine comme Alep ou Homs. « Il se rendort, mais c’est moi qui passe la nuit à avoir peur qu’un obus nous tombe sur la tête », confie Oum Ammar, 34 ans, à son amie Oum Alma, 31 ans. « La mort peut arriver à tout moment et le petit a peur de tout », ajoute cette jeune femme vêtue d’un manteau et d’un foulard de couleur noire. Originaires de Qoudsaya, au nord de Damas, elles ont fui quand leur ville, perchée à 900 m d’altitude, est devenue un champ de bataille. Elles se sont réfugiées à Damas, chacune dans un quartier différent. Aujourd’hui, place Arnous, dans le centre de la capitale, elles se retrouvent pour la première fois. « Ma fille Alma commence à s’habituer à la guerre et de toute façon je ne peux pas rester cloîtrée. La vie doit continuer », assure Oum Alma coiffée d’un foulard rose.


L’armée, notamment la 4e division blindée, une unité d’élite dirigée par Maher el-Assad, le frère du président, est chargée d’empêcher les rebelles d’entrer dans la ville et si possible de les repousser hors de leurs fiefs dans les banlieues sud et est. Le roulement de l’artillerie et le vrombissement des avions de combat résonnent en permanence. Pour empêcher les infiltrations, la capitale s’est recroquevillée sur elle-même en se coupant de sa périphérie par de multiples barrages. Selon une source des services de sécurité, elle a été découpée en huit carrés, pour qu’en cas d’attaque, le secteur soit isolé, puisse résister et être reconquis par la suite.


Cadre supérieur dans un ministère, Amira est arrivée en retard et épuisée à son bureau : non seulement elle n’a pas dormi à cause du crépitement des armes, mais elle a mis deux heures pour y parvenir de son domicile situé à juste 20 km. « Je n’en peux plus. Chaque trajet est un calvaire car, il y a sept points de contrôle et sur le chemin, je risque d’être tuée ou enlevée contre une rançon ou pour des motifs confessionnels », dit cette femme de 30 ans, qui trompe son angoisse dans le café et la cigarette. Elle sait aujourd’hui que le conflit sera long. « Ce n’est pas demain que le gouvernement va négocier avec les terroristes », lâche-t-elle. Le mot « terroriste » signifie dans le vocabulaire du régime les rebelles.
Théâtre d’attentats et surtout de voitures piégées, la capitale est aujourd’hui défigurée avec ses murs de béton, ses sacs de sable, ses rues barrées et ses multiples points de contrôle. Elle ressemble à sa voisine Bagdad des années sanglantes et le soir les habitants ne s’aventurent plus hors de leurs quartiers. « Les barrages sont exaspérants mais je supporte encore moins de voir les civils innocents mourir dans les explosions », affirme Yazan, un fonctionnaire de 24 ans.
Autre sujet d’inquiétude, l’économie qui flanche. À Salhiyé, dans le centre-ville, le propriétaire d’un magasin de jeans se plaint de la baisse de 30 % de son chiffre d’affaires. « Les gens économisent sur les vêtements et dépensent pour la nourriture, les fournitures scolaires, l’électricité et l’eau », déplore Toufik, 64 ans. « Dans les années 1980 (à cause de l’économie dirigée), on avait des clients mais pas de marchandises, maintenant c’est l’inverse. » Son voisin, Fateh, le bijoutier, est moins ronchon. « On ne vend plus de bracelets ou de babioles. Les gens achètent des pièces de monnaie ou des chaînes en or pour préserver leur capital. »


Farouq Chamane Hassiyane, 36 ans, avec sa galabiya noire, n’a pas ce type de préoccupations. Il a fui Rastan il y a huit mois avec sa femme et ses sept filles car, selon lui, ses voisins lui ont volé sa voiture et ses vaches et ont squatté sa maison. Depuis, il a mis son monde au travail à Damas : aujourd’hui, toute la famille mendie.

Réveillé par le bruit du canon qui pilonne la périphérie de Damas, Ammar, 3 ans, se réfugie en pleurs dans les bras de sa mère qui le rassure en lui expliquant que ce n’est qu’un ballon qui a heurté le mur de la maison.
Longtemps épargnée, la capitale syrienne est désormais entrée dans la guerre entre les troupes régulières et les rebelles qui veulent renverser Bachar el-Assad...

commentaires (8)

Longue Guerre, en effet ! En sus de ces Confessionnalités éhhh d’Ici et d’à Côté, qui ont été souvent au fil de ces longs siècles passés, un Assemblage de Communautés divisées sur de disparates Sandjaks et/ou Wilâïyâhs . Rassemblées de temps à autre au fil de l’Histoire mahééék n’est-ce pas, en des Câïmacâmîyâhs et autres bien sûûûr Mouttassarifîyâhs au IXXème dépassé. Yââ hassratâââh et yââ waïylatâââh !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

10 h 58, le 10 novembre 2012

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Commentaires (8)

  • Longue Guerre, en effet ! En sus de ces Confessionnalités éhhh d’Ici et d’à Côté, qui ont été souvent au fil de ces longs siècles passés, un Assemblage de Communautés divisées sur de disparates Sandjaks et/ou Wilâïyâhs . Rassemblées de temps à autre au fil de l’Histoire mahééék n’est-ce pas, en des Câïmacâmîyâhs et autres bien sûûûr Mouttassarifîyâhs au IXXème dépassé. Yââ hassratâââh et yââ waïylatâââh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 58, le 10 novembre 2012

  • Par son cramponnement au pouvoir, le Despote entraîne son pays dans une catastrophe biblique...

    SAKR LEBNAN

    02 h 53, le 10 novembre 2012

  • Autant le sort des syriens me boulverse,autant le sort politique de la Syrie,cet "état-voyou" qui est notre ebnemi depuis des siècles me laisse indifférent.D'ailleurs,cet état ne mérite même pas ce titre..Succession de mini émirats divisés pendant des siècles,cette région fût sous les ottomans notre ennemie mortelle...toujours du côté des turcs,toujours contre les habitants du Liban,toujours essayant de nous avaler,toujours "espoir déçu"....Puissent les chamistes,sacrés fumistes,disparître pour toujours de notre horizon politique et spirituel...et retourner aux limbes dont ils sont issus!Ils ont toujours été quel que soit lzur bord,notre cauchemar...

    GEDEON Christian

    18 h 25, le 09 novembre 2012

  • Qui vit par l'épée périra par l'épée...et çà vaut pour les deux bords.

    GEDEON Christian

    14 h 11, le 09 novembre 2012

  • Faudrait un REQUIEM i m m i n e n t pour ce Baassidiotisme Assadique QUART-MONDISTE "Cliniquement" M O R T.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 26, le 09 novembre 2012

  • On commence à comprendre, la lumière commence à percer le voile, les sio avec leurs laquais internationnaux et locaux, qui se réunissent en Turquie ou à bensaoudville et bizarrement plus en France, ne pourront pas venir à bout de la légitimité sans passer par les urnes, les comploteurs détruisent un pays massacrent un peuple mais ne réussiront pas à défaire un peuple fier de son histoire, de sa résistance aux désirs de l'occident supporters du régime raciste. Il était faux de penser faire partir un dirigeant du terroir et non imposé par les occidentaux, les exemples sont nombreux de ces heros, Castro, Khamenei, Kim Jong UN, Ho Chi Minh, Mao, Poutine etc... et nombreux de ceux que l'occident a mis fin à leur mandat expiré, Shah, benali, moubarak, saddam, khaddafi, et chez nous on taira le nom, mais on connait tous de qui il s'agit. Suivront tous les bedouins du désert affilié à cette politique, très bientôt.Un expert hier diagnostiquait que si l'Iran devait être coupé du monde, aujourd'hui, immédiatement, il aurait une autonomie d'un an et demi pour survivre, et il n'est pas totalement coupé du monde.A vous de déduire.

    Jaber Kamel

    06 h 14, le 09 novembre 2012

  • Comme le LIBAN en 1975....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    05 h 47, le 09 novembre 2012

  • Quels malheurs indescriptibles ! Quel drame ! Quelle tragédie s'est abattue sur cette Syrie à l'histoire si riche ! C'est ahurissant, bouleversant, révoltant ! Et le petit dictateur, parle à la télévision russe donnant la nette impression qu'il vit complètement en dehors de la réalité, comme tous les dictateurs. Carnages à n'en plus finir, 37.000 morts, plus de deux millions de réfugiés à l'intérieur et à l'extérieur du pays, plus de la moitié de la Syrie déjà détruite, ça ne lui suffit pas, il est prêt à détruire Damas aussi. Le plus grand criminel dans la tragédie syrienne est Israel qui à ce jour préfère ce régime à n'importe quel autre et empêche les USA de faire quoi que ce soit. Mais le monde entier, qui ne fait rien pour le peuple syrien martyr, participe au grand crime. L'histoire le dira.

    Halim Abou Chacra

    05 h 36, le 09 novembre 2012

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