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À La Une - Révolte

L’armée syrienne largue des bombes à sous-munitions

À Damas, Brahimi tente d’obtenir un cessez-le-feu pour l’Aïd al-Adha.

Des rebelles transportant ce qui semble être une bombe à sous-munitions et une tête de Bachar el-Assad dont la bouche est ornée d’une chaussure. Bulent Kilic/AFP

L’émissaire international Lakhdar Brahimi est arrivé hier à Damas avec la ferme intention d’obtenir un cessez-le-feu la semaine prochaine, et de briser le cycle de violence qui a fait plus d’un millier de morts en moins d’une semaine. « Nous allons parler de la nécessité de diminuer la violence actuelle et si possible de l’arrêter à l’occasion de l’Aïd al-Adha », entre le 26 et le 28 octobre, a ainsi déclaré le diplomate algérien.

 

Dès son arrivée, M. Brahimi s’est entretenu avec son représentant à Damas, Moukhtar Lamani, chargé des contacts avec les insurgés. Il doit rencontrer aujourd’hui le chef de la diplomatie syrienne, Walid Moallem, et le président Bachar el-Assad à une date non précisée. Le médiateur, qui peut se targuer du soutien à sa proposition des pays de la région, alliés ou hostiles à M. Assad, espère que ce cessez-le-feu initie un « processus politique » destiné à trouver une issue au conflit qui dure depuis 19 mois.


Parallèlement, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et celui de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, ont également lancé un appel pressant à un cessez-le-feu pendant la fête de l’Adha. Dans un communiqué commun, les deux hommes exhortent « toutes les parties en guerre en Syrie à tenir compte de la demande (du médiateur international Lakhdar Brahimi) d’un cessez-le feu et d’un arrêt de la violence sous toutes ses formes pendant la période de l’Aïd al-Adha ». Ils demandent en outre à « tous les acteurs régionaux et internationaux de soutenir cet appel ». Même son de cloche à Ankara, où le chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu a lancé un appel officiel au respect du cessez-le-feu proposé par M. Brahimi, et a enjoint Damas d’arrêter « immédiatement » ses attaques aériennes contre la population. M. Davutoglu a affirmé espérer que Damas « prêtera l’oreille à cet appel de la communauté internationale » et attendre de l’opposition syrienne qu’elle « respecte de la même façon ce cessez-le-feu ».


De son côté, Paris, tout en qualifiant la trêve d’objectif louable, a néanmoins estimé que les conditions d’un cessez-le-feu en Syrie n’étaient « pas réunies » pour le moment. Les experts ne croient d’ailleurs pas que les armes se tairont bien longtemps. « On peut avoir une trêve de quelques jours à des fins humanitaires, trêve que le régime serait d’autant plus intéressé d’appliquer qu’il est en mauvaise posture sur le plan militaire », a affirmé Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et maître de conférences à l’Université d’Édimbourg. « Mais pour que le cessez-le-feu dure, il faut l’amorce d’une solution politique. Or cette dernière me paraît impossible », a-t-il ajouté.


Sur le terrain, l’aviation syrienne a largué hier des bombes à sous-munitions contre les rebelles dans le nord du pays, selon des journalistes sur place, en dépit d’une accalmie relative sur les fronts de Maaret al-Noomane et d’Alep. Ainsi, des chasseurs-bombardiers ont largué deux bombes sur les positions rebelles autour de la base loyaliste de Wadi Deif, assiégée par les insurgés, et deux bombes à sous-munitions qui ont éclaté comme des feux d’artifice au-dessus de Maaret al-Noomane, ont affirmé ces journalistes. Les insurgés, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) et Human Rights Watch (HRW) ont accusé l’armée de Bachar el-Assad de recourir à ces armes internationalement bannies, mais celle-ci a affirmé ne pas en posséder. Les rebelles, eux, sillonnent en 4x4 la ville, ouvrant le feu brièvement à chaque passage de bombardiers. « Peu importe si nous mourrons, mais nous devons descendre ces avions », a affirmé le tireur d’une mitrailleuse antiaérienne.


Hier, les violences ont causé la mort d’au moins 138 personnes à travers le pays, selon diverses sources.
La brutalité du conflit a atteint un tel niveau que les manifestations autrefois massives pour appeler au départ de M. Assad sont désormais clairsemées, mais comme chaque vendredi, des manifestants ont néanmoins défilé. L’armée a ouvert le feu et a lancé des bombes lacrymogènes sur des manifestants à Hama, a indiqué l’OSDH. « États-Unis, votre malveillance n’a-t-elle pas fait couler assez de notre sang », ont scandé les manifestants, selon la page Facebook « Syrian revolution 2011 ».


Par ailleurs, l’artillerie turque a riposté à la chute de deux obus syriens en territoire turc, qui n’ont pas fait de victimes, a rapporté la chaîne publique turque TRT. Les obus syriens sont tombés dans une zone inhabitée dans la province de Hatay et les tirs de riposte turcs ont également visé des zones non peuplées, a précisé la chaîne.

Reportage

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