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Moyen Orient et Monde - Reportage

Akçakale, après le bombardement syrien : « Arrêtez de marcher dans la cour, il y a encore des restes de cadavre »

Des proches pleurent la mort de Zeliha Timuçin et ses trois filles, tuées la veille par un obus en provenance de Syrie.     Bulent Kilic/AFP

Une nuée de voisins entourait hier la petite maison grise d’un quartier pauvre d’Akçakale où vivaient Zeliha Timuçin et ses trois filles, tuées la veille par un obus en provenance de Syrie. L’obus a fracassé un muret, pulvérisé un lavabo avant d’atterrir dans la courette de la maison, près d’un olivier, où se trouvait la mère, sa sœur venue l’aider à préparer le repas du soir et les trois enfants.


« Il était 16h30 », se souvient un voisin de la famille, Ibrahim Kahraman, qui invective enfants et adultes. « Arrêtez de marcher dans la cour, leur lance-t-il, il y a encore des restes de cadavre. » Un voisin désigne un seau en plastique, assure que, dedans, sous une tong d’enfant, se trouvent des cheveux, un morceau de langue...
À l’intérieur du bâtiment, derrière la baie aux vitres explosées, accrochés à un porte-manteau, la robe noire de la défunte et un foulard mauve, couleur traditionnelle de la région. Un homme arrive avec un balai pour nettoyer la cour.
Parmi les voisins, un vieil homme, keffieh blanc, s’appuie sur une canne en bois. « Je ne veux pas aller plus loin, je n’ai pas d’endroit où partir, ma vie est ici », raconte Ali Kazra Uzun, paysan de 85 ans. « En plus, c’est bientôt la saison de la récolte du coton et du maïs. » Halil, un gamin de 13 ans, connaissait deux des trois filles tuées. Il soupire : « On est habitués à vivre en danger. » Un autre voisin, Ali Bayat, a eu très peur. « Nous étions en train de manger en famille quand un obus a atterri aussi dans la cour de notre maison », raconte-t-il, « heureusement, personne n’a été touché ».


La frontière syrienne est à moins de 500 mètres. Depuis la mi-septembre, le drapeau à trois étoiles des rebelles syriens flotte sur le poste de Tall al-Abyad, mais les combats sporadiques y continuent, avec leur lot de balles perdues ou d’obus perdus qui frappent Akçakale. Par mesure de sécurité, les écoles turques sont restées fermées.
Au lendemain du bombardement, la venue de députés turcs est annoncée dans la localité, mais le vieux Ali Kazra Uzun ne veut surtout pas les voir. « Ils arrivent quand c’est trop tard, il fallait venir nous voir et nous rassurer avant qu’il y ait des morts ! » Choqués, les habitants d’Akçakale, pour la plupart d’origine syrienne, sont aussi en colère contre cette guerre qui frappe à leur porte. Depuis le début de la matinée, ils se retrouvent pour commenter le drame de la veille. Abdülkadir Güvenç, né en Turquie comme son père, est l’un d’eux. « Avant, nous vivions tous ensemble. Mais à la fin de la Première Guerre mondiale, la ville, qui était syrienne, a été divisée en deux. Le Nord à la Turquie, le Sud à la Syrie. Mes grands-parents sont devenus turcs, dit-il, nous ne voulons plus de pertes parmi les civils, ni de guerre entre nous. »


La mère, sa sœur et les trois filles ont été vite enterrées hier matin dans un cimetière musulman, car la ville d’Akçakale ne dispose pas de morgue.
(Source : AFP)

Une nuée de voisins entourait hier la petite maison grise d’un quartier pauvre d’Akçakale où vivaient Zeliha Timuçin et ses trois filles, tuées la veille par un obus en provenance de Syrie. L’obus a fracassé un muret, pulvérisé un lavabo avant d’atterrir dans la courette de la maison, près d’un olivier, où se trouvait la mère, sa sœur venue l’aider à préparer le repas du...

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