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À La Une - Éoliennes

Roy Mahfouz parie sur le vent pour ramener la lumière au Liban

Un fort potentiel éolien, une ressource inépuisable et un déficit énergétique énorme : qu’attend le Liban pour faire confiance aux vents ?

Installation par la société H2Air d’une éolienne de 150 mètres de hauteur et de 2 MW à 150 km à l’est de Paris.  

Alors que l’instabilité sécuritaire semble s’installer durablement, que les conflits sociaux battent leur plein et que l’annonce d’importants gisements d’hydrocarbures offshore font rêver, parler d’énergies renouvelables ne semble pas être l’intérêt premier des Libanais. Et pourtant, un homme, Roy Mahfouz, en a fait son pari. « L’énergie éolienne est une ressource inépuisable et à fort potentiel, qui pourrait garantir au Liban une production durable, propre et peu coûteuse à long terme. »


Roy Mahfouz quitte le Liban en 1989 pour étudier en Allemagne et se spécialiser au fil des ans en génie de l’énergie. Il est aujourd’hui le président de la compagnie H2Air qu’il a fondée en France en 2007 et qui est spécialisée dans l’étude et la création de parcs éoliens. La société compte 20 salariés et prévoit de doubler ses effectifs dans un an. Cette croissance, M. Mahfouz l’explique par la volonté de l’État français d’encourager les énergies renouvelables. « Le gouvernement s’est donné pour objectif une production de 20 000 mégawatts (MW) d’énergie éolienne d’ici à 2020, contre 5 500 MW aujourd’hui. » Et pour attirer les investisseurs, il a mis en place un outil de sécurisation communément appelé « obligation d’achat », qui assure au producteur un tarif fixe pendant 15 ans, mais indexé au taux d’inflation. « Ainsi, quel que soit le prix de l’électricité sur le marché, les producteurs ont la garantie de pouvoir vendre à Électricité de France (EDF), surtout que les énergies renouvelables sont privilégiées sur le réseau électrique national », explique M. Mahfouz.

La bataille du vent l’emportera-t-elle au Liban ?
La visite de plusieurs jours du jeune entrepreneur au Liban n’est pas un simple retour en vacances d’un émigré nostalgique. M. Mahfouz est venu « tâter le terrain » ou plutôt le vent. « Le Liban possède un bon potentiel éolien », assure-t-il. Selon une étude réalisée par le ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, le pays a une capacité de production éolienne de 1 500 MW. Les études réalisées par H2Air ont montré des résultats similaires. Pour référence, 1 MW correspond aux besoins énergétiques de 1 000 familles. « C’est donc un très bon gisement qui pourrait sécuriser une bonne partie du Liban en énergie », souligne M. Mahfouz. Outre le fait que le pays se soit engagé en 2009 lors du sommet de Copenhague à produire 12 % de son énergie à partir de ressources dites « vertes », les énergies renouvelables pourraient lui être d’une grande utilité. En effet, rappelons que le Liban importe aujourd’hui la quasi-totalité de ses besoins énergétiques et croule sous le poids d’une facture pétrolière qui n’en finit pas de grimper. En 2010, celle-ci s’était élevée à 3,74 milliards de dollars, tandis qu’elle a culminé à 5,26 milliards de dollars en 2011, selon les chiffres du ministère de l’Énergie et des Ressources hydrauliques. De plus, la capacité de production d’Électricité du Liban (EDL) oscille entre 1 500 et 1 800 MW, alors que les besoins locaux avoisinent les 2 500 MW.


Mais la bataille semble encore loin d’être gagnée pour l’éolien au Liban et Roy Mahfouz est très conscient des nombreux risques qui entourent son projet. « Avant de commencer tout développement de parcs éoliens, il est nécessaire que le pays se dote d’un cadre juridique clair, qui garantisse aux producteurs un contrat d’achat par EDL de l’énergie produite, comme sur les modèles déjà existants en Europe », affirme M. Mahfouz, qui indique que le ministère de l’Énergie a fait savoir qu’il allait bientôt lancer un appel d’offres pour 60 MW d’énergie éolienne. Pour M. Mahfouz, cette annonce semble décevante, puisqu’il n’existe encore aucun cadre législatif pour que les développeurs puissent évaluer les risques de leur investissement, ni aucune assurance sur le tarif auquel l’électricité leur sera rachetée. Et les risques ne s’arrêtent pas là. « Les régions qui semblent les plus à même pour la construction de parcs à éoliennes sont situées dans des zones où la situation sécuritaire est difficile et, pour l’instant, nous n’avons pas reçu un signal fort de la part de l’État qui nous encourage à nous lancer dans un projet », regrette M. Mahfouz.


Mais l’entrepreneur ne compte pas se laisser décourager pour autant. « Mes racines libanaises y sont certainement pour quelque chose et mon choix de développer l’éolien au Liban n’est pas uniquement dicté par des considérations de rentabilité financière », confie M. Mahfouz. « Je me suis lancé le défi d’aider mon pays à avancer et je compte aller jusqu’au bout », conclut-il.


Espérons que les vents souffleront de son côté.

 

 

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