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À La Une - Film islamophobe

La déferlante arabo-musulmane anti-US gronde sans relâche

La communauté internationale condamne fermement le film et les violences, notamment contre les ambassades américaines.

Au Pakistan, des sympathisants du groupe islamiste Jamaat el-Daawa manifestaient hier dans la capitale Karachi. Photo Asif Hassan

Des dizaines de milliers de musulmans ont manifesté hier notamment dans le monde arabe pour dénoncer un film réalisé aux États-Unis dénigrant l’islam, déclenchant de nouvelles violences. Ce film, Innocence of Muslims, dont des extraits ont été mis sur YouTube et dans lequel les musulmans et le prophète Mohammad sont présentés comme immoraux et brutaux, avait déjà enflammé la rue en Égypte et en Libye, avant que les protestations, visant notamment les ambassades américaines, ne s’étendent à d’autres pays.


À Tunis, deux personnes ont été tuées et 29 autres blessées lors d’affrontements très violents aux abords de l’ambassade américaine. Au moins un millier d’islamistes ont pris d’assaut l’ambassade, pénétrant dans son enceinte, brisant ses vitres. Dans la foulée, les manifestants ont aussi incendié des bâtiments de l’école américaine située à proximité. Le Premier ministre Ahmadi Jebali, un islamiste, s’est dit « profondément préoccupé » par l’attaque et son gouvernement a appelé au calme.


À Khartoum, les gardes postés sur le toit de l’ambassade américaine ont tiré en l’air après que des centaines de manifestants se furent approchés de l’ambassade, une dizaine parvenant à pénétrer dans son enceinte agitant des drapeaux islamistes noirs. Auparavant, les forces de l’ordre avaient tiré des grenades lacrymogènes pour disperser quelque 10 000 manifestants. Un manifestant a trouvé la mort, écrasé par un véhicule de la police, selon un secouriste. Le corps d’un autre a été découvert près de l’ambassade, sans que les circonstances de sa mort aient été établies. Peu avant, 5 000 manifestants islamistes avaient mis le feu à l’ambassade d’Allemagne.

 

En Syrie, partisans et opposants du régime ont manifesté, séparément, contre le film.

 

En Libye, quelques dizaines d’islamistes radicaux ont manifesté à Benghazi, d’où le personnel de l’ONU a été évacué, aux cris de : « Obama, Obama, nous sommes tous des Oussama », en référence à Oussama Ben Laden, l’ex-chef d’el-Qaëda.


À Sanaa, où quatre personnes ont été tuées jeudi dans des heurts, les policiers ont tiré en l’air et fait usage de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants rassemblés à quelque 500 mètres de l’ambassade à Sanaa, brûlant le drapeau américain et réclamant l’expulsion de l’ambassadeur, tandis qu’une équipe de marines américains était dépêchée pour protéger le personnel diplomatique.


En Égypte, où le président Mohammad Morsi a condamné le film tout en dénonçant les violences qu’il a entraînées, les Frères musulmans ont retiré leur appel à manifester à travers tout le pays pour se concentrer uniquement sur la place symbolique de Tahrir, mais des manifestants ont continué toute la journée à affronter la police près de l’ambassade.
Et dans la péninsule du Sinaï, des Bédouins ont attaqué le camp de la force multinationale au Sinaï, faisant trois blessés.


Des milliers de personnes ont également protesté en Irak, dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et à Jérusalem-Est occupée et annexée par Israël, ainsi qu’en Iran, en Irak, au Maroc, au Nigeria, au Sénégal et en Afghanistan.

L’Asie et l’ONU
En Asie, quelque 10 000 manifestants ont brûlé à Dacca des drapeaux américains et israéliens, et tenté de s’approcher de l’ambassade des États-Unis.

Au Pakistan, des manifestations dans plusieurs grandes villes ont notamment demandé la mort du réalisateur du film, et en Indonésie, environ 350 islamistes radicaux ont manifesté à Djakarta contre la « déclaration de guerre » que représente, selon eux, le film.

 

Dans ce contexte, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qualifiant le film de « répugnant », a appelé « au calme et à la raison », alors que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a estimé que les pays arabes n’ont « pas troqué la tyrannie d’un dictateur pour celle des foules », en référence au printemps arabe qui a débouché dans plusieurs pays sur l’arrivée au pouvoir des islamistes, comme justement en Tunisie ou en Égypte. Mme Clinton avait par ailleurs assuré plus tôt que le gouvernement américain n’avait « absolument rien à voir » avec cette « vidéo écœurante et condamnable ». De son côté, le président Barack Obama a personnellement demandé au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le parti est issu de la mouvance islamique, de dénoncer les actes de violence dans le monde musulman, a révélé hier la Maison-Blanche.


Par ailleurs, les monarchies arabes du Golfe ont condamné hier le film dénigrant l’islam ainsi que les attaques antiaméricaines qu’il a provoquées dans le monde musulman, alors que Bahreïn annonçait avoir bloqué l’accès à la vidéo. « Ce film est inacceptable et injustifiable, et porte préjudice aux musulmans ainsi qu’aux non-musulmans qui rejettent les insultes portées aux religions et aux prophètes », a affirmé le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG – Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Émirats arabes unis, Bahreïn et le sultanat d’Oman), Abdellatif el-Zayani, dans un communiqué. Il a également condamné « les actes de violence contre les ambassades américaines dans certains pays », notamment celui qui a provoqué la mort de l’ambassadeur américain en Libye, estimant que « notre colère face à ce film n’est pas une excuse pour mener de telles attaques ».


La chancelière allemande Angela Merkel ainsi que le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, ont quant à eux condamné l’attaque contre l’ambassade allemande à Khartoum, exprimant une « grande inquiétude » quant aux violences dans le monde arabe. Un haut responsable du département d’État américain a pour sa part annoncé que les États-Unis travaillent avec les pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord pour « renforcer » les mesures de sécurité autour de toutes leurs missions diplomatiques, notamment au Soudan et en Tunisie.

 

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