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À La Une - Analyse

Le Hezbollah veut éviter la confrontation avec les tribus chiites

"En l’absence d’un effort efficace de l’Etat pour la libération d'un des leurs pris en otage en Syrie, les Mokdad ont décidé de passer à l’action".

Maher al-Mokdad (premier plan), porte-parole du clan, lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le 16 août 2012. Les Mokdad ont enlevé, le 15 août, des dizaines de ressortissants syriens pour obtenir la libération d'un des leurs, otage en Syrie.

La vague d’enlèvements de ressortissants syriens au Liban par le puissant clan chiite des Mokdad pour obtenir la libération de l’un des leurs kidnappé en Syrie a suscité de nombreuses interrogations sur le rôle de ces grandes familles et tribus sur la scène locale et les éventuels soutiens politiques dont elles bénéficient.

 

"Le plus important à savoir concernant les tribus c’est qu’elles cherchent toujours à se venger si l’on porte atteinte à l’un de leurs membres", indique à Lorientlejour.com l’analyste Talal Atrissi.

 

"Un membre d’une tribu assassiné n’est jamais enterré avant que le meurtrier ou sa famille ne paye le prix du sang, ajoute M. Atrissi. Au Liban, si le clan n’atteint pas directement le tueur, il s’en prend à n’importe quel membre du clan ou de la famille adverse. Généralement, il recherche un membre éminent, un médecin ou un ingénieur, pour se venger".

 

La vague d’enlèvements de ressortissants syriens entre dans le registre de ces coutumes. "Ce que les Mokdad ont fait n’est pas étranger à leur façon de penser", dit-il.

 

En l’absence d’un effort efficace de l’Etat pour libérer les Libanais enlevés en Syrie, les Mokdad ont décidé de passer à l’action. "Ils ont la ferme intention de ramener Hassan al-Mokdad au Liban, et ce par tous les moyens".

 

Alors que la famille Mokdad a déclaré que les ressortissants syriens ont été enlevés par des membres de son "bras armé", Talal Atrissi rejette le fait que chaque clan soit doté d'une branche armée. "On ne peut pas parler de +bras armé+ pour les tribus, il n’en existe pas. Les clans sont généralement très bien armés, parce qu'ils vivent d’abord dans des régions difficiles, pensent à l’équilibre de la terreur entre clans, et enfin parce qu’ils se retrouvent dans des régions marginalisées par l’Etat et comptent donc sur eux-mêmes".

 

Concernant la solidarité affichée entre les différentes tribus sur l’affaire de l’enlèvement de ressortissants syriens, l’analyste explique que "les membres d’une tribu se solidarisent en cas d’attaque extérieure et les tribus se solidarisent entre elles en cas de danger externe d’où la solidarité affichée entre les Mokdad, Jaafar et Zeaïter. Elles mettent aussi en avant la solidarité des habitants de la Békaa, et plus particulièrement celle des chiites".

 

Selon M. Atrissi, "ce n’est pas le Hezbollah qui a poussé les Mokdad à enlever des Syriens, leur appartenance tribale primant sur l’appartenance à un parti. Dans leur esprit, ces familles défendent leurs droits".

 

"Le Hezbollah entretient des relations avec tous les clans de la Békaa où sa présence est forte, et des membres de ces tribus font parti du parti chiite qui essaye d’éviter par tous les moyens d’entrer en confrontation avec elles", poursuit l’analyste.

 

Pour lui, "le Hezbollah ne peut pas empêcher ces grandes familles de procéder à des enlèvements. Il n’est pas forcément d’accord avec ce qui se passe, mais les laisse agir, il évite ainsi que la situation sécuritaire ne dégénère en affrontements inter-chiites. Le parti adopte la stratégie de la retenue".

 

La vague d’enlèvements de ressortissants syriens au Liban par le puissant clan chiite des Mokdad pour obtenir la libération de l’un des leurs kidnappé en Syrie a suscité de nombreuses interrogations sur le rôle de ces grandes familles et tribus sur la scène locale et les éventuels soutiens politiques dont elles bénéficient.
 
"Le plus important à savoir concernant les tribus...

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